01 août 2005

Nostalgiques des nineties ? C'est votre tour !




Foutue nostalgie, à laquelle personne n’échappe… Jolie nostalgie, qui nous rassemble… Et vous, que retenez-vous des années 90, côté musique ?

Souvenirs, souvenirs… Soirées spéciales sixties, seventies, eighties… nous avons eu droit à tout ça, maintes et maintes fois, dans notre cher poste de TV, et ça continue encore… On nous ressort régulièrement les vieux plats froids lorsque l’inspiration manque dans l’époque présente, on nous ressort les morts-vivants de leurs cartons, on en glisse quelques-uns dans des émissions écoeurantes de télé-débilité, has been qui rêvent de retour sous les sun-ligths du nouveau millénaire…

Alors que ces dernières années, nous avons été gavés de la résurgence des années 80, réminiscences de la génération Goldorak, Albator, Club Dorothée et musique pitoyable mais prenante, genre « Voyage, voyage », ou, pour l’outre-Manche, Culture Club, nous sentons monter – déjà – une certaine nostalgie chez la génération 90, car nos années 90 sont bel et bien mortes et lointaines – nous sommes en 2005 et courons vers 2006… Ça file… Nostalgie. Juste le temps d’une parenthèse, que j’ouvre maintenant.

Rapalo. Que reste-t-il de nos nineties ? La dance, l’émergence chez le grand public de la techno, la démocratisation du rap, ok, ok, tout cela est vrai ; petite parenthèse, d’ailleurs, sur le rap français : celui-ci n’était globalement pas encore tombé dans le caniveau où il se trouve aujourd’hui, devenu très officiellement un business, un job commercial et, pour tout dire, une vaste fumisterie. Je généralise injustement, mais quand même. A l’époque, Joey Starr n’était pas encore le clown audiovisuel qu’il est parfois devenu, Doc Gyneco l’ami sympa des familles et de Marc-Olivier Fogiel, et Laurent Gerra, avec sa haine simpliste du rap, n’avait pas encore complètement raison.

NTM sortait des titres tout bonnement mortels, le Gyneco pré-cité sortait une Première Consultation composée intégralement de tubes délicieux, la prometteuse Fonky Family pointait le bout de son nez et frappait fort avec des morceaux coups de poings comme « Cherche pas à comprendre » et « Sans rémission », ce dernier joué à fond, je me souviens, un jour de contestation dans les murs de la fac de Tolbiac… morceau-emblème de la révolte jeune. Et même les plus mauvais groupes avaient du charme. Prodigy constituait un véritable phénomène, mêlant de manière très novatrice rap, techno et rock. Album événement : The Fat of the Land.

Le trident magique. Mais venons-en aux choses sérieuses : le rock. Les nineties, époque bénie du bon gros rock. Époque riche. Après les années 80 dominées par les dark et complexes Cure, les nineties naissaient avec le mythe Nirvana, avec le grunge, rock sale et adolescent, furieux et génial. Elles s’épanouissaient, après la mort de Kurt, avec la magie Smashing Pumpkins, à la palette beaucoup plus large, qui allait porter le rock à un niveau rarement atteint, grandiose. Ces nineties allaient être malmenées par la férocité des Rage Against The Machine, sans doute le groupe le plus puissant et le plus politique de la décennie, mêlant rap et rock sauvage. Kurt Cobain, Billy Corgan, Zack De La Rocha (qu’on ne peut citer sans l’associer au génial guitariste Tom Morello) : voici ce que je propose comme étant le trident majeur des nineties. Cobain l’icône, Corgan l’inspiré, De La Rocha le révolté.

Trois styles très différents, trois personnalités fortes, trois voix absolument uniques, trois moments fondamentaux dans l’histoire du rock. Cobain, devenu légende après son suicide, a rejoint les Marylin Monroe et autre James Dean ou, pour revenir à la musique, Jeff Buckley, parmi les étoiles filantes à jamais dans nos cœurs. Corgan a créé LE chef-d’œuvre des nineties avec Mellon Collie and The Infinite Sadness ; au lieu de se scratcher contre le mur du réel comme Cobain, il nous a envoyés planer dans des sphères musicales inouïes desquelles il est bien difficile de revenir, et qui nous protègent de leur beauté éternelle. De La Rocha, enfin, le gesticulant, le bondissant, le percutant, c’était l’engagé, l’anti-capitaliste, l’anti-impérialiste, l’anti-gouvernement américain, fasciné par les contestataires zapatistes et lui-même membre de la commission nationale pour la démocratie au Mexique, entre autres engagements… Loin des mélodieuses introspections corganiennes, on pouvait le qualifier de rappeur révolutionnaire – la rage fait homme.

Ça foisonne partout… A côté de ces piliers présents pour longtemps dans nos mémoires, il y avait du (beau) monde : les Offspring (eh oui, c’était pas mal, pour nos jeunes oreilles en quête de tapage), les Cranberries, qui eux aussi faisaient de la bonne musique à l’époque, Guns’N Roses et Metallica (les puissants anciens), Red Hot Chili Peppers, Pearl Jam, PJ Harvey, Radiohead qui, sur la fin de cette décennie, allait devenir LE groupe de référence, Soundgarden, Beck, Nada Surf, Skunk Anansie, Foo Fighters, Garbage, Placebo, les troublants et excellents Mercury Rev, sans parler des Noirs Désirs en France, sans doute le seul groupe de l’hexagone au niveau de ses compères américains. Une pensée aussi pour Oasis qui, malgré leur manque d’originalité, valaient le détour.

A l’époque donc, le rock était encore roi, avec les radios jeunes Skyrock et Fun Radio qui en jouaient presque exclusivement. Sur cette dernière station, souvenons-nous de cette belle émission, « Fun Radio fait du bruit », où l’on pouvait retrouver en live tous nos rockers préférés. Aujourd’hui, le rock se réfugie sur Oui FM, Sky est passé au pseudo-rap, Fun, je sais même pas comment qualifier ça… musique-marketing survitaminée, « rap » adouci, « R&B » minable, bref, quelque chose comme ça.

Sauvez-nous de Coldplay ! Même le rock n’est plus tout à fait ce qu’il était – excusez-moi de jouer le vieux con, mais c’est mon quart d’heure nostalgique, vieux combattant. Génération Coldplay, ce n’est plus du « rap à l’eau » (expression de l’ami Gyneco lorsqu’il était rappeur et qu’il parlait de MC Solar), c’est du rock à l’eau, du sorbet bien fade, sans rien de nourrissant, c’est vide comme le regard d’un poisson rouge tournant dans son bocal, c’est enthousiasmant comme la lecture d’un bouquin de Philippe Delerm, aussi excitant que de passer un week-end dans le bac à glaçons de son réfrigérateur (essayez, vous verrez…).

Où sont les Kurt Cobain, les Billy Corgan, les Zack De La Rocha d’aujourd’hui ? Soyons clairs : ils n’existent pas. Cobain est mort, De La Rocha a déserté Rage, Corgan a dissout les Pumpkins, mais s’est relancé en solo et projette une reconstitution du groupe… rêvons… Avec beaucoup de groupes aujourd’hui, on peine souvent à se sentir vibrer. On se force un peu, on enclenche artificiellement le mouvement, on espère que la musique va prendre le relais, et on s’épuise. Bien sûr, certains ne sont pas tout à fait nuls : on parle beaucoup des White Stripes, un peu aussi de Muse, Bloc Party fait une entrée fracassante sur la scène mondiale, et c’est pas mal en effet. Sans égaler toutefois les glorieux aînés. Wait and see… y a que ça à faire, à défaut de se mettre soi-même à la musique…

Parenthèse fermée.


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2 commentaires:

Oni a dit…

Il n'y a plus qu'à écouter de l'indie rock (style "The Arcade Fire" ou "Interpol") ou bien se replonger encore plus loin que les années 90 (Janis Joplin, Patti Smith, Jim Morrison...). Mais heureusement le Rock n'est pas mort, il est juste un peu étouffé par les nouveaux genres musicaux (enfin si on peut appeler ça comme ça) qui plaisent aux jeunots intoxiqués par la Starac and co...

"We Created it, Let's take it over"

Anonyme a dit…

Oui c est cyclique...un cercle de 20 ans..en gros une generation.

http://www.cestvotretour.com

:)