tag:blogger.com,1999:blog-172431502024-03-13T14:39:18.820+00:00Les caprices du ventTaiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.comBlogger100125tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-88625208034600848242008-12-03T04:06:00.004+00:002008-12-03T04:23:29.999+00:00Bombay : les services pakistanais sous le feu des projecteurs<b>Les attentats de Bombay auraient été commis par un groupe islamiste en provenance du Pakistan. On soupçonne un appui des services secrets militaires pakistanais. Ce n’est pas le moindre des rapprochements que l’on peut faire avec les attentats du 11-Septembre.<br /></b><br /> <a target="_new" href="http://www.agoravox.fr/IMG/MumbaiPaper.jpg"><img src="http://www.agoravox.fr/IMG/MumbaiPaper.jpg" align="left" border="0" width="280" /></a><!-- --> Le <a href="http://www.google.fr/search?q=%2211+septembre+indien%22&ie=utf-8&oe=utf-8&aq=t&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a">11-Septembre indien</a> : c’est ainsi qu’ont été largement qualifiés dans la presse mondiale les attentats de Bombay du 26 novembre 2008. Selon <a href="http://timesnow.tv/Newsdtls.aspx?NewsID=22266"><em>Times Now</em></a>, le seul des dix terroristes capturé vivant, un jeune homme de 21 ans nommé Azam Amir Kasav, a déclaré lui-même aux enquêteurs que le but de l’opération était de détruire les hôtels Taj Mahal et Trident-Oberoi, sur le modèle des destructions du 11-Septembre à New York. Il s’agissait de <a href="http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Les-terroristes-voulaient-un-11-Septembre-indien-a-Bombay_39382-757530_actu.Htm">réduire en poussière</a> les symboles de la puissance économique indienne, à la manière dont avaient été pulvérisées les tours du World Trade Center. Les terroristes avaient-ils apporté suffisamment d’explosifs pour parvenir à leurs fins ? Les avis divergent à ce sujet (oui pour le <a href="http://washingtontimes.com/news/2008/nov/30/terrorists-planned-a-911-in-india/"><em>Washington Times</em></a>, non pour <a href="http://www.thehindu.com/holnus/000200811301711.htm"><em>The Hindu</em></a>). Le ministre indien de l’Intérieur, Shivraj Patil, a déclaré samedi que les terroristes avaient planifié de tuer quelque <a href="http://washingtontimes.com/news/2008/nov/30/terrorists-planned-a-911-in-india/">5.000 personnes</a>. A ce jour, le bilan s’élève à <a href="http://www.france-info.com/spip.php?article219222&theme=69&sous_theme=69">172 morts</a>.<br /><br /><strong>Symboles.</strong> Le parallèle entre les attentats de New York et ceux de Bombay est tentant : dans <a href="http://www.lefigaro.fr/debats/2008/11/29/01005-20081129ARTFIG00126-le-septembre-indien-.php"><em>Le Figaro</em></a> du 29 novembre, Pierre Rousselin écrit que "<em>c’est parce qu’on l’appelle « la New York de l’Inde » que Bombay a été visée par les terribles attentats de mercredi soir.</em>" Dans les deux cas, ce sont en effet les symboles de la puissance financière des deux pays (les deux plus grandes démocraties du monde) qui ont été visés.<br /><br /><strong>Attaques synchronisées.</strong> Une dizaine d’objectifs étaient ciblés à Bombay (hôtels, gare, etc.), quatre aux Etats-Unis en 2001 ; une douzaine étaient déjà envisagés dans l’opération Bojinka, ébauche du 11-Septembre, déjouée <em>in extremis</em> à Manille, aux Philippines, en 1995 (<a href="http://www.lefigaro.fr/international/2006/08/11/01003-20060811ARTWWW90219-une_replique_de_loperation_bojinka.php"><em>Le Figaro</em></a>, <a href="http://www.entrefilets.com/alerte_faa.htm"><em>Die Welt</em></a>, <a href="http://www.youtube.com/watch?v=bCtSDmvCduE&eurl=http://video.google.fr/videosearch?hl=fr&client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&hs=BVY&q=bojinka&feature=player_embedded">CNN</a>). En 2008 comme en 2001, nous avons affaire à des attaques multiples soigneusement coordonnées. Le mode opératoire fait spontanément penser à Al-Qaïda : "<em>Les multiples attaques simultanées d’hôtels et d’autres lieux fréquentés par des étrangers, principalement des Américains, des Britanniques, des Français et des Israéliens, portent la marque d’al-Qaida,</em> écrit Pierre Rousselin<em>. On ignore qui a commandité le carnage, mais les cibles choisies et la façon d’opérer prouvent que l’organisation terroriste internationale a au moins inspiré les auteurs du massacre.</em>" Même si Al-Qaïda ne semble plus, à l’heure qu’il est, responsable de ces attentats, leurs auteurs se seraient inspirés de leur modus operandi, quitte à s’octroyer quelques libertés, à se permettre des <a href="http://www.lefigaro.fr/international/2008/11/28/01003-20081128ARTFIG00266-attentats-de-bombay-un-nouveau-mode-operatoire-.php">innovations</a>.<br /><br /><strong>Spectaculaire.</strong> Comme en 2001, il s’agissait de mener l’action la plus spectaculaire possible : "<em>La tactique des terroristes, de même que le choix des cibles, luxueuses et fréquentées par des étrangers, révèle (...) une volonté de donner un caractère spectaculaire à leurs attentats</em>", écrit Isabelle Lasserre dans <em>Le Figaro</em>. "<em>Les groupes de Bombay cherchaient avant tout à faire entendre leur cause</em>, soutient Dominique Thomas, spécialiste d’Al-Qaïda à l’École des hautes études en sciences sociales. <em>Le fait de cibler des Occidentaux leur donne une grande visibilité médiatique. S’ils avaient agi de manière plus classique, en ciblant uniquement des Indiens, on n’en aurait presque pas parlé</em>." Signalons cependant que, <a href="http://blog.lefigaro.fr/inde/2008/11/cest-bien-linde-qui-etait-vise.html">selon Rattan Keswani</a>, le président de l’hôtel Trident-Oberoi, les terroristes n’auraient pas, contrairement à ce qui a été dit, "<em>sélectionné</em>" et "<em>retenu à part</em>" les personnes possédant un passeport américain ou britannique.<br /><br /><strong>Avertissements. </strong>Comme les autorités américaines <a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/main/foreignwarnings.html">avant le 11-Septembre</a>, celles d’Inde avaient reçu des avertissements qui n’ont pas suffi à empêcher les attentats : "<em>Selon certaines sources</em>, rapporte <a href="http://www.france24.com/fr/20081130-heros-commandos-politiciens-blames-gouvernement-morts-bombay-inde-attaques-taj-hotel-oberoi">France24</a>, <em>les services de renseignement indiens auraient fait circuler, la semaine dernière, un rapport confidentiel concernant un projet d’attentat qui devait être lancé par la mer</em>." Une différence de taille tout de même : alors qu’aucun dirigeant américain n’a démissionné suite aux attaques sur New York et Washington, les <a href="http://www.france-info.com/spip.php?article219232&theme=14&sous_theme=17">démissions</a> se succèdent en Inde dimanche 30 novembre, avec celles du ministre de l’Intérieur, Shivraj Patil, et du conseiller à la sécurité nationale, M. K. Narayanan (le Condoleezza Rice indien).<br /><br /><strong>Missions de reconnaissance.</strong> <a href="http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Les-terroristes-voulaient-un-11-Septembre-indien-a-Bombay_39382-757530_actu.Htm"><em>Ouest-France</em></a> rapporte que "<em>huit des extrémistes islamistes s’étaient infiltrés dans la ville un mois plus tôt. Les militants islamistes, se faisant passer pour des étudiants, ont mené "des missions de reconnaissance en prélude aux attaques" (...). </em><em> D’autres militants auraient également stocké des armes et des munitions, notamment dans un des hôtels de luxe ciblés par les attaques. Cette première équipe a été rejointe mercredi soir par un second groupe qui est arrivé à Bombay par la mer...</em>"<em> </em>C’est, à une échelle plus réduite, ce qui s’est produit pour le 11-Septembre. Une première vague de terroristes s’était introduite aux Etats-Unis plus d’un an avant les attentats, avant d’être rejointe, bien plus tard, par la seconde. Des missions de reconnaissance avaient également eu lieu, notamment auprès de "<em>bâtiments fédéraux à New York</em>", comme le précisait le <a href="http://www.gwu.edu/%C2%A0nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB116/pdb8-6-2001.pdf">PDB du 6 août 2001</a>, transmis par la CIA à George W. Bush. Il semble même que les terroristes soient venus repérer le World Trade Center : <a href="http://web.archive.org/web/20040616015638/http://www.nydailynews.com/front/story/203065p-175130c.html">William Rodriguez</a>, qui y était gardien, rapporte en effet avoir aperçu en juin 2001 Mohand Alshehri, futur kamikaze sur le vol 175, qui frappera la Tour Sud. Alsheri lui aurait demandé combien il y avait de toilettes au niveau du hall.<br /><br /><img alt="Hernant Karkare" style="border-width: 0px; margin: 4px; float: right;" src="http://www.agoravox.fr/IMG/hemant_karkare_20081208.jpg" height="182" hspace="8" vspace="5" width="230" /><strong>Héros.</strong> On peut aussi relever la disparition, dans les attentats de 2001 et 2008, de deux figures majeures de l’anti-terrorisme : côté américain, John O’Neill, chef du contre-terrorisme au FBI, et, côté indien, Hemant Karkare, chef de la police anti-terroriste de Bombay, tué lors des fusillades. Tandis que <a href="http://www.historycommons.org/context.jsp?item=a082201oneillquits#a082201oneillquits">John O’Neill avait démissionné</a> de son poste, le 22 août 2001, pour protester contre les obstructions répétées à ses enquêtes sur Ben Laden venant de la Maison Blanche (avant d’être nommé chef de la sécurité du World Trade Center, où il trouva la mort), <a href="http://www.france24.com/fr/20081130-heros-commandos-politiciens-blames-gouvernement-morts-bombay-inde-attaques-taj-hotel-oberoi">Hemant Karkare</a> "<em>travaillait ces derniers temps sous la pression des partis conservateurs hindous, en raison des enquêtes qu’il menait contre une cellule terroriste hindoue, suspectée d’être impliquée dans des explosions ayant frappé, en 2006, une petite ville, Malegaon, située non loin de Bombay</em>."<br /><br />Plus ou moins anecdotiques, ces ressemblances sont frappantes.<br /><br /><strong>Les terroristes.</strong> A la différence de 2001, ce n’est pas Al-Qaïda qui <a href="http://www.liberation.fr/monde/0101269900-un-groupe-hybride-pourrait-etre-derriere-les-attentats">semble</a> avoir exécuté l’opération, mais le groupe du Lashkar-e-Taiba, "l’Armée des Purs" (qui appartient néanmoins à sa "<a href="http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/a-qui-profitent-les-attentats-de-bombay_716704.html?p=2">nébuleuse</a>"), l’un des mouvements islamistes clandestins pakistanais qui luttent contre l’« occupation » indienne du Cachemire et les persécutions qu’y subirait la minorité musulmane. Le seul terroriste rescapé de Bombay, Ajmal Amir Kamal (ou Azam Amir Kasav), aurait lui-même indiqué aux enquêteurs que les assaillants étaient tous des Pakistanais entraînés par le Lashkar-e-Taiba. "<em>Savez-vous combien de personnes ont été tuées au Cachemire ?</em>", avait d’ailleurs demandé l’un des assaillants, peu avant de mourir, à une chaîne de télévision qui l’avait contacté par téléphone alors qu’il occupait un centre religieux juif.<br /><br />Comme le rappelle <a href="http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2357856&rubId=1094"><em>La Croix</em></a>, "<em>l’Inde tenait déjà le Lashkar pour responsable de nombreux attentats perpétrés sur son sol. La liste est longue : attentats à la bombe à New Delhi en octobre 2005 (62 morts), à Varanasi (Bénarès) en mars 2006 (21 morts), ou encore à Bombay en juillet 2006 (186 morts) et en août 2003 (55 morts). À cela s’ajoute l’audacieuse attaque du Parlement à New Delhi, perpétrée en décembre 2001 par un groupe d’hommes armés. L’incident avait poussé l’Inde et le Pakistan vers les prémices d’une quatrième guerre fratricide, les deux pays massant alors près d’un million de soldats le long de leur frontière commune</em>." Interdit au Pakistan en 2002 sous la pression des Etats-Unis, le Lashkar est réapparu sous le nom du Jamaat-ud-Dawa. Ce groupe a nié toute implication dans les attentats de Bombay.<br /><br /><strong>Le soutien de l’ISI.</strong> Les islamistes du Jaish e-Mohammed sont également soupçonnés. Mais quel que soit le responsable exact, tous ces groupes terroristes ont la particularité d’être fortement appuyés par les services secrets militaires pakistanais, l’Inter Service Intelligence (ISI). Longtemps, c’est l’ISI qui a géré leurs camps d’entraînement en Afghanistan, qu’ils partageaient d’ailleurs avec Al-Qaïda. "<em>Tout comme Al Qaïda, le L-e-T puise son inspiration chez les wahabbites, une secte radicale apparue dans la péninsule arabique</em>, indique <a href="http://www.lexpress.fr/actualites/2/des-services-de-renseignement-pakistanais-aux-amities-suspectes_82391.html"><em>L’Express</em></a>. <em>Bien organisé et bien financé, le L-e-T est l’une des organisations qui ont été les plus manipulées par l’ISI par le passé, selon certains spécialistes des questions de sécurité</em>". D’ailleurs, "<em>si le LeT est impliqué, alors les services pakistanais le sont aussi</em>", <a href="http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/a-qui-profitent-les-attentats-de-bombay_716704.html?p=2">affirme</a> sans hésiter Ajai Sahni, expert en terrorisme à l’Institut pour la gestion des conflits de New Delhi.<br /><br />Quelle que soit aujourd’hui la volonté du nouveau président pakistanais, Ali Asif Zardari, qui semble vouloir rompre avec la duplicité de son prédécesseur Pervez Musharraf et qui oeuvre en faveur d’un rapprochement avec l’Inde, des soutiens aux groupes terroristes existent toujours au sein des services militaires, qui constituent au Pakistan un "Etat dans l’Etat". <i>"Tels des mini-féodalités, il y a des acteurs qui défient l’Etat et menacent les décisions du gouvernement"</i>, écrivait vendredi, le chroniqueur Aneela Babar dans le quotidien pakistanais<i> Dawn.</i><br /><br /><strong>Cachemire : la clé.</strong> "<em>Islamabad parviendra-t-il à purger ces "mini-féodalités" ?</em>, se demande Frédéric Bobin dans <a href="http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/11/29/le-pakistan-plaide-sa-bonne-foi-aupres-du-voisin-indien_1124874_3216.html"><em>Le Monde</em></a>. <em>C’est tout l’enjeu de la lutte contre le terrorisme régional, mais aussi international, qui prend sa source dans les eaux troubles du Pakistan</em>". Et d’expliquer le noeud géopolitique du problème : "<em>La grande difficulté pour les nouveaux dirigeants pakistanais est de redéfinir la doctrine stratégique qui a historiquement tissé la connexion entre l’ISI et les groupes islamistes. Au cœur de cette vision des intérêts supérieurs de l’Etat pakistanais, il y a l’idée que l’Afghanistan doit être "finlandisé" pour offrir une "<a href="http://www.dailymotion.com/video/x7lh46_afghanistan-le-dessous-des-cartes_news">profondeur stratégique</a>" en cas de conflit avec l’Inde. La fabrication du mouvement des talibans - des Pachtounes chargés d’arrimer Kaboul dans l’orbite pakistanaise - a obéi à cet impératif</em>".<br /><br />La solution ne peut passer que<em> </em>par un apaisement des relations indo-pakistanaises, et la résolution du conflit au Cachemire<em> : "</em><em>Résolu à recentrer le combat antiterroriste sur l’Afghanistan, et non plus sur l’Irak, Barack Obama a compris qu’il n’y parviendrait pas sans désamorcer parallèlement l’inquiétude stratégique pakistanaise. En d’autres termes, il faut réconcilier l’Inde et le Pakistan, en réglant par exemple la question du Cachemire, pour en finir avec la politique afghane d’Islamabad et son cortège de groupes islamistes supplétifs, ceux-là mêmes qui cherchent ensuite à "sanctuariser" les zones tribales pachtounes. Ce basculement, voulu par M. Obama, est un défi lancé à ces groupes. Les inspirateurs de l’assaut de Bombay, en réveillant l’animosité entre l’Inde et le Pakistan, pourraient chercher à saboter ce nouveau cours</em>".<br /><br /><strong>Coïncidence.</strong> Dimanche 23 novembre, trois jours à peine avant les attentats, le gouvernement du premier ministre Yousuf Raza Gilani avait annoncé le <a href="http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/11/25/la-democratie-pakistanaise-tente-de-reduire-l-emprise-de-ses-services-secrets-militaires_1122826_3216.html">démantèlement</a> de la "branche politique" de l’ISI. En clair, les services secrets militaires pakistanais devenaient officiellement interdits d’ingérence dans la vie politique intérieure. Jusqu’ici habitués à faire et défaire les gouvernements, à pourchasser les opposants et truquer les élections, ils devront désormais cantonner leur action à la lutte anti-terroriste et aux périls extérieurs. La décision ne fait évidemment pas l’unanimité. "<em>L’ISI, </em>relève <a href="http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2358031&rubId=4077"><em>La Croix</em></a>, <em> serait actuellement divisé</em> <em>entre ceux qui estiment qu’il faut mettre un terme aux activités des militants islamistes et ceux qui veulent continuer à les financer</em>." D’ailleurs, en juillet, le gouvernement avait déjà tenté, en vain, de détacher l’ISI du contrôle de l’armée pakistanaise pour le placer sous celui du ministère de l’intérieur. Récemment interrogé par <a href="http://www.france24.com/fr/20081130-gouvernement-veut-reforme-isi-pakistan-agence-renseignements-taliban-general-hamid-gul">France 24</a>, l’ancien directeur de l’ISI, le général Hamid Gul, soutien indéfectible de Ben Laden et des Taliban, a affiché son doute quant à l’effectivité de cette réforme.<br /><br />La proximité temporelle entre la décision de dissoudre la branche politique de l’ISI et les attentats de Bombay fait se demander à <span class="sign"><a href="http://www.lefigaro.fr/international/2008/11/29/01003-20081129ARTFIG00129-une-ideologie-proche-de-celle-d-al-qaida-.php">Isabelle Lasserre</a> si l’on ne peut pas "</span><em>imaginer que l’aile radicale et islamiste de l’ISI ait soutenu les attentats pour protester contre la réforme des services de renseignements et la politique d’Islamabad</em>". De même, <a href="http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&article=245215">Roland Jacquard</a>, directeur de l’Observatoire international du terrorisme, remarque que "<em>quelques jours avant ces attentats, le président Zardari annonçait une réforme de l’ISI. C’est cette coïncidence qui frappe. Il avait aussi fait plusieurs gestes d’apaisement comme s’il avait eu un mauvais pressentiment. Sachant qu’il ne contrôlait pas la situation, il a peut-être voulu envoyer un message à l’Inde. Je ne crois pas à une implication directe du gouvernement pakistanais, mais on ne peut exclure l’action d’une branche extrémiste de l’ISI</em>." <i><br /></i><br /><strong>Mahmood Ahmed. </strong>Jamais peut-être l’ISI n’a été aussi ouvertement montré du doigt pour sa probable implication, directe ou indirecte, dans des actes terroristes. Alors que nombre de journaux ont titré sur le "11-Septembre indien", on aurait pu s’attendre à ce que soit abordée la principale ressemblance entre les attentats américains et indiens, à savoir le rôle qu’y joua vraisemblablement l’ISI... Mais non, aucun média n’a rouvert ce dossier. Bombay 2008 nous ramenait à New York 2001, mais l’on freina pour aller au bout de la comparaison.<br /><br /><img alt="Mahmood Ahmed" style="border-width: 0px; margin: 4px; float: right;" src="http://www.agoravox.fr/IMG/f7c.jpg" height="129" hspace="8" vspace="5" width="125" />Pour rappel, les services secrets indiens avaient transmis, début octobre 2001, des informations qui révélaient l’implication financière du directeur de l’ISI, Mahmood Ahmed (ou Mahmoud Ahmad), dans la préparation des attentats du 11-Septembre. Le directeur du FBI Robert Mueller avait effectué spécialement le voyage jusqu’à Dehli pour recueillir lui-même tous les éléments. Le 9 octobre, deux jours après le début de la guerre en Afghanistan et le renvoi d’Ahmed de son poste de directeur de l’ISI, le <a href="http://timesofindia.indiatimes.com/cms.dll/articleshow?art_id=1454238160"><em>Times of India</em></a> rapportait : "<em>Des sources au plus haut niveau confirment que le général a perdu son poste en raison des évidences produites par l’Inde et montrant ses liens avec un des kamikazes qui ont détruit le World Trade Center. Les autorités américaines ont exigé son renvoi après la confirmation du fait que 100.000 dollars avaient été transférés du Pakistan au pirate de l’air, Mohamed Atta, par l’intermédiaire de Omar Sheikh, à la demande du général Mahmood Ahmed. Des sources gouvernementales importantes confirment que l’Inde a contribué de manière significative à établir le lien entre l’argent transféré et le rôle joué par le chef démissionnaire de l’ISI. Bien qu’ils ne fournissent pas de détails [ces sources] affirment que les données fournies par l’Inde, notamment le numéro de téléphone du mobile d’Omar Sheikh, ont aidé le FBI à remonter et à établir le lien</em>" (voir aussi <a href="http://www.opinionjournal.com/best/?id=95001298"><em>Wall Street Journal</em></a>, <a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2001/dailyexcelsior101801.html"><em>Daily Excelsior</em></a>, <a href="http://mea.gov.in/bestoftheweb/2002/04/21bow02.htm"><em>London Times</em></a>, <a href="http://www.guardian.co.uk/world/2005/sep/10/terrorism.politics"><em>Guardian</em></a>).<br /><br /><center><object height="324" width="405"> <param value="http://www.youtube.com/v/NzOJ4oXUDps&hl=fr&fs=1" name="movie"> <param value="true" name="allowFullScreen"> <param value="always" name="allowscriptaccess"><embed allowfullscreen="true" allowscriptaccess="always" type="application/x-shockwave-flash" src="http://www.youtube.com/v/NzOJ4oXUDps&hl=fr&fs=1" height="324" width="405"></embed></object></center> <strong><br />La vérité, le silence et l’oubli. </strong>Eric Laurent, dans <em>La face cachée du 11-Septembre</em> (éd. Plon, Pocket, 2004, p. 215-216), constate que "<em>ces révélations suggérant que l’ISI ou même le régime pakistanais pouvaient être impliqués dans les attentats du 11 septembre ne firent l’objet d’aucun commentaire, pas plus à la Maison Blanche qu’au Pentagone ou au Département d’Etat. Comme s’il s’agissait pour l’administration Bush de murer toutes les pistes pouvant remonter jusqu’à la vérité</em>".<br /><br />Et le grand reporter de ponctuer son enquête par une réflexion sur le silence et l’oubli : "<em>Le silence est une arme redoutable pour étouffer ou tuer la vérité. Et il possède un allié aussi efficacement pervers que lui : l’oubli. Je ne sais pas si "derrière toute grande fortune, comme le disait Bossuet et non Balzac, il y a un grand crime", mais j’ai pu constater que derrière tout grand crime commis il y a le silence et l’oubli. Les crimes du 11 septembre et les mystères qui les entourent en sont l’illustration</em>. <em>C’est le silence justement qui entoure désormais l’ancien directeur déchu de l’ISI, le général Mahmood. Il a été nommé à la tête d’une grande entreprise publique, ce qui démontre que sa disgrâce est relative, mais il reste muet</em>". <a href="http://www.atimes.com/ind-pak/DA05Df02.html">Assigné à résidence</a> suite à son renvoi de l’ISI en octobre 2001, Mahmood Ahmed n’est réapparu que le <a href="http://www.dailytimes.com.pk/default.asp?page=story_1-5-2003_pg7_5">30 avril 2003</a>, à la tête de la <a href="http://www.nytimes.com/ads/global/pakistan/seventeen.html">Fauji Fertilizer Company</a>.<br /><br />Pepe Escobar, dans un excellent article de l’<a href="http://www.atimes.com/atimes/Front_Page/FD08Aa01.html"><em>Asia Times</em></a>, daté du 8 avril 2004, suggérait qu’Ahmed était le "<em>real smoking gun</em>" du 11-Septembre, l’<em>indice flagrant</em> que cherchaient désespérément les enquêteurs, sans oser le voir... tant les conséquences de cette découverte pourraient s’avérer embarrassantes. Car il faudrait alors se demander si Musharraf, d’une part, et l’élite du renseignement américain, d’autre part, pouvaient raisonnablement ignorer le lien entre Ahmed et Atta.<br /><br /><strong>Suspicions.</strong> <a href="http://www.rferl.org/content/article/1097356.html">Assassinat de Massoud</a>, <a href="http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=28889">financement</a>, voire <a href="http://www.hvk.org/articles/0704/188.html">organisation du 11-Septembre</a>, attentat manqué de <a href="http://www.lefigaro.fr/magazine/20070720.MAG000000608_la_mosquee_rouge_centre_nevralgique_d_al_qaida.html">Richard Reid</a> (l’homme aux chaussures piégées), assassinat de <a href="http://www.radio-canada.ca/actualite/zonelibre/03-12/pearl.html">Daniel Pearl</a> (qui enquêtait notamment sur des militants pakistanais <a href="http://questionscritiques.free.fr/terrorisme/Ahmed_Omar_Said_Cheikh/Paul_Thompson.htm">liés à l’ISI</a>), multiples <a href="http://journalchretien.net/breve15180.html">attentats en Inde</a>, attentat-suicide du 7 juillet 2008 contre <a href="http://www.aujourdhuilinde.com/actualites-inde-attentat-de-kaboul-l-inde-accuse-les-services-secrets-pakistanais-1780.asp?1=1">l’ambassade indienne</a> à Kaboul, <a href="http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=33697">assassinat de Benazir Bhutto</a>... L’ISI est suspecté, à tort ou à raison, dans de très nombreux crimes de grande envergure. Il fut donc immédiatement pointé du doigt par l’Inde suite aux attentats sanglants de Bombay.<br /><br />L’envoi à New Dehli de son directeur, le général Shuja Pasha, pour assister les services de sécurité indienne, devait servir à prouver la bonne foi pakistanaise et à calmer les tensions. Le geste aurait été "<a href="http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/11/29/le-pakistan-plaide-sa-bonne-foi-aupres-du-voisin-indien_1124874_3216.html"><em>sans précédent</em></a>". Proposé, vendredi 28 novembre, par le premier ministre indien Manmohan Singh, accepté par son homologue pakistanais, Youssouf Reza Gilaniéci, il fut finalement annulé, suite à des protestations au Pakistan, notamment de la part de l’ancien chef de l’ISI Hamid Gul, selon lequel le projet de visite s’apparentait à une <i>"convocation"</i> de la part des Indiens. A défaut du chef, un <i>"représentant"</i> de l’ISI se déplacera néanmoins à New Delhi pour aider à l’enquête.<br /><br /><img alt="" src="http://www.agoravox.fr/IMG/sheikhsaeed.jpg" style="border-width: 0px; margin: 4px; float: right;" height="102" hspace="8" vspace="5" width="227" /><strong>Lumières dans le miroir.</strong> Le "11-Septembre indien" constitue une occasion de revenir sur le "11-Septembre américain", et sur leur principal point commun : le possible rôle central de l’ISI. Ignoré au lendemain du 11 septembre 2001, passé inexplicablement sous silence, le jeu trouble de l’ISI est mis, ces derniers jours, sous la lumière crue des projecteurs médiatiques. Ces lumières oseront-elles aller jusque dans la cellule pakistanaise où croupit, depuis février 2002, Omar Saeed Sheikh, personnage charnière entre Al-Qaïda, l’ISI et le 11-Septembre, condamné à mort pour le meurtre de Daniel Pearl, mais toujours bien vivant depuis bientôt sept ans, et dont Musharraf avait dit, songeant à tous les secrets qu’il détient : "<em>Je préférerais le pendre moi-même plutôt que de l’extrader</em>" (<a href="http://www.scribd.com/doc/4671932/911-Eric-Laurent-La-face-cachee-du-11-septembre-2004">E. Laurent</a>, p. 225) ? Iront-elles chercher le regard et la voix de Mahmood Ahmed, qui auraient tant de choses à nous dire ? Le silence de ces deux hommes vaut de l’or.<br /><br />Certains ont préféré aller "harceler" Joe Biden, le futur vice-président américain, qui, en tant que chef du comité des relations extérieures du Sénat, avait <a href="http://web.archive.org/web/20011214160154/http://www.rockymountainnews.com/drmn/america_under_attack/article/0,1299,DRMN_16_824298,00.html">discuté avec Ahmed</a> le 13 septembre 2001, durant la longue visite du chef de l’ISI à Washington, du 4 au 13 septembre, et qui demeure, à bien des égards, mystérieuse. Réponse finale de Biden : "<em>Confidentiel</em>". Il se pourrait que ce soit là le fin mot de l’histoire, au moins pour les 20 ou 30 prochaines années.<br /><br /><center><div> <object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.dailymotion.com/swf/k5adidazWSmHQ7RoGV&related=1&canvas=medium" height="321" width="400"><br /> <param name="allowFullScreen" value="true"><br /> <param name="allowScriptAccess" value="always"><br /> <param name="src" value="http://www.dailymotion.com/swf/k5adidazWSmHQ7RoGV&related=1&canvas=medium"><br /> <param name="allowfullscreen" value="true"><br /> </object><br /> </div> Extrait de <em>Fabled Enemies</em>, suivi de Michael Meacher, <br>ancien ministre britannique au sujet du rôle de l’ISI<br> dans le 11-Septembre (sous-titré en français) </center><br /><br /><strong>Le mal. </strong>Pour conclure, j’aimerais citer la réaction d’<a href="http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2008/11/un-nouveau-frappe-bombay.html">Ivan Rioufol</a>, du <em>Figaro</em>, aux attentats de Bombay : "<em>C’est naturellement le profil nouveau des assaillants, des adolescents selon de nombreux témoignages, qui frappe en premier lieu. Leur fanatisme meurtrier vient rappeler cette prophétie de Jérémie (je cite de mémoire) : "Ils détruiront tout. Ce qu’ils ne connaissent pas ils le briseront, ils le saliront. De notre temps, il ne restera que des ruines". Bien que le politiquement correct se refuse à parler de choc des cultures ou des civilisations, c’est bien son expression la plus nihiliste qui s’exprime à nouveau dans ces attentats perpétrés au nom du jihad contre l’Occident et contre la démocratie indienne. Mais il y aura encore des belles âmes qui tenteront de les justifier en plaidant l’humiliation des déshérités".<br /><br /><img alt="" src="http://www.agoravox.fr/IMG/photo_1228041492967-4-0.jpg" style="border-width: 0px; margin: 4px; float: right;" height="117" hspace="12" vspace="5" width="202" /></em>Cette vision des événements, qui en appelle aux prophéties bibliques, serait presque rassurante : les méchants seraient des fous, des illuminés sans pensée, presque des démons, hors humanité. Peut-être. Mais le plus effrayant dans le mal, ou ce que nous appelons tel, ce pourrait bien être plutôt qu’il soit parfaitement compréhensible et même, d’un certain point de vue, justifiable. Une telle compréhension - vertigineuse - n’empêcherait évidemment pas de combattre. Elle éviterait seulement les visions passionnément manichéennes qui attisent les haines de toutes parts.<br /><em><br /></em> On sait que l’un des terroristes <a href="http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20081126trib000314673/les-marches-financiers-seront-fermes-a-bombay-apres-lattaque-terroriste-.html">avait déclaré</a> à India TV : "<em>Nous demandons la libération de tous les Moudjahidine détenus en Inde... et les musulmans vivant en Inde ne doivent pas être importunés</em>". En Inde, les musulmans, "<a href="http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/ces-attaques-refletent-les-doutes-de-la-communaute-musulmane-indienne_713094.html"><em>en général très pacifiques</em></a>", sont en effet confrontés depuis quinze ans à la montée en puissance du nationalisme hindou, et à des attentats meurtriers, sans que l’Etat n’arrête les responsables. En 2002, des <a href="http://www.marianne2.fr/-Alors-que-les-pogroms-antimusulmans-se-multiplient-AU-GUJARAT,-ON-TUE-GANDHI-TOUS-LES-JOURS-_a68000.html">pogroms antimusulmans</a> ont ainsi fait plus de 2.000 morts dans l’Etat du Gujarat, dont le gouvernement, dirigé par le <a href="http://fr.encarta.msn.com/encyclopedia_741537964/peuple_indien_Parti_du.html">Parti du peuple indien</a> (BJP), est même accusé d’être à l’origine. Ces massacres avaient eu pour déclencheur l’incendie d’un train transportant des militants hindous qui revenaient de la ville d’Ayodhya, où ils étaient aller réclamer l’édification d’un temple sur le site d’une mosquée du XVIe siècle rasée par des extrémistes hindous dix ans plus tôt, le 6 décembre 1992. 58 Hindous avaient péri dans l’incendie. Cercle infernal de la violence, succession de causes et d’effets dont on ne trouvera jamais le premier moteur.<br /><br /><strong>Et maintenant.</strong> Les <a href="http://www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=439051">tensions interconfessionnelles</a>, déjà fortes, vont sans doute redoubler désormais, après le drame de Bombay, et nul doute que les nationalistes hindous du BJP en profiteront à l’occasion des élections générales qui auront lieu dans à peine six mois en Inde. Curiosité : <em>"La principale revendication du BJP est une loi d’exception sur le modèle de celle qu’il avait fait voter quand il était au pouvoir entre 1998 et 2004. Cette loi était une sorte de <strong>"<a href="http://www.e-juristes.org/USA-Patriot-Act">Patriot Act</a>" à l’indienne</strong>, </em>indique <a href="http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/11/28/on-peut-craindre-des-represailles-de-nationalistes-hindous_1124391_3216.html">Christophe Jaffrelot</a>, directeur du centre d’études et de recherche internationale de Sciences Po.<em> Le Parti du Congrès l’avait abrogée avec raison quand il est arrivé au pouvoir, parce que des musulmans avait été arrêtés de façon aveugle et s’étaient retrouvés privés de droit civique.</em>" Décidément, ce "11-Septembre indien" pourrait avoir encore plus de similitudes qu’on ne pense avec son modèle américain.Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-15167284639097825402008-01-07T00:59:00.000+00:002008-01-07T03:50:34.307+00:00Ventura, Brassens (1979)<object height="352" width="420"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/x259he"><param name="allowFullScreen" value="true"><param name="allowScriptAccess" value="always"><embed src="http://www.dailymotion.com/swf/x259he" type="application/x-shockwave-flash" width="420" height="352" allowfullscreen="true" allowscriptaccess="always"></embed></object><br /><br /><object height="331" width="420"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/xk1un"><param name="allowFullScreen" value="true"><param name="allowScriptAccess" value="always"><embed src="http://www.dailymotion.com/swf/xk1un" type="application/x-shockwave-flash" width="420" height="331" allowfullscreen="true" allowscriptaccess="always"></embed></object>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-6076708627750932772007-12-30T17:13:00.000+00:002007-12-31T15:58:28.668+00:00Déclaration stupéfiante de Benazir Bhutto au sujet de la mort d'Oussama Ben Laden<div align="justify"><strong>Dans <a href="http://www.youtube.com/watch?v=oIO8B6fpFSQ&eurl=http://www.dailykos.com/storyonly/2007/12/27/215037/33/96/427038">une interview</a> du 2 novembre 2007 à David Frost, journaliste vedette à Al-Jazira, Benazir Bhutto affirme - en passant - qu'Oussama Ben Laden a été assassiné par Omar Sheikh, un agent de l'ISI pakistanaise qui joua un rôle clé dans les attentats du 11-Septembre. Cette déclaration stupéfiante, à prendre avec beaucoup de précaution, soulève de très nombreuses questions, qui risquent bien de ne jamais être résolues.</strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Le 27 décembre 2007, l'ex-Premier ministre du Pakistan Benazir Bhutto trouvait la mort dans un attentat-suicide, dont les commanditaires n'ont pas pu être encore clairement identifiés. Le 18 octobre dernier, jour de son retour au Pakistan après huit années d'exil, elle était déjà la cible d'un attentat-suicide dont elle sortait miraculeusement indemne. Entre ces deux attaques, le 2 novembre, elle avait accordé une interview à <a href="http://news.bbc.co.uk/2/hi/programmes/breakfast_with_frost/737846.stm">David Frost</a> sur Al-Jazira, où elle avait désigné les possibles responsables de l'attentat du 18 octobre ; selon elle, ils pouvaient provenir d'un "<em>gang du seigneur de guerre afghan Baitullah Mehsud, ou d'Hamza Ben Laden, le fils d'Oussama Ben Laden, ou des Taliban pakistanais à Islamabad, ou d'un groupe à Karachi.</em>" </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Elle poursuivait : "<em>J'ai renvoyé une lettre</em> [au Président Pervez Musharraf]<em> disant que tant que ces groupes pourraient être utilisés, je pensais qu'il était plus important de rechercher les gens qui les soutiennent, qui les organisent, qui peuvent être les financiers, ou les organisateurs du financement de ces groupes, et <strong>j'ai nommé trois individus</strong> dont je pensais qu'ils pouvaient être leurs sympathisants</em>." David Frost demande alors des précisions sur ces trois individus ; il veut savoir s'ils peuvent avoir partie liée avec le gouvernement pakistanais. C'est là que Benazir Bhutto lance : "<em>Oui, l'un d'eux est <strong>un personnage très important</strong></em> [a very key figure]<em> <strong>dans la sécurité</strong>. Il est <strong>un ancien officier militaire</strong>. C'est quelqu'un qui a été impliqué avec le <a href="http://www.satp.org/satporgtp/countries/india/states/jandk/terrorist_outfits/jaish_e_mohammad_mujahideen_e_tanzeem.htm">Jaish-e-Mohammed</a>, l'un des groupes de <a href="http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/578369.stm">Maulana Azhar</a>, qui était dans une prison indienne pour avoir décapité trois touristes britanniques et trois touristes américains, et il a aussi été <strong>impliqué avec Omar Sheikh, l'homme qui a assassiné Oussama Ben Laden</strong></em>".</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">La déclaration sensationnelle est la dernière : Ben Laden serait mort, et son meurtrier serait Omar Sheikh. Une déclaration qui ne doit pourtant pas en cacher une autre : cette allusion à cet "<em>ancien officier militaire</em>" impliqué avec le Jaish-e-Mohammed et Omar Sheikh, et que Benazir Bhutto soupçonnait de vouloir l'assassiner.</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Oussama, es-tu là ?</span></strong> </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">La première déclaration - commençons évidemment par elle - est sidérante. D'abord, Ben Laden serait mort. Cette mort a déjà été annoncée, et démentie, quantité de fois. La dernière, c'était le 23 septembre 2006 ; le quotidien <em>L'Est républicain</em> publiait alors ce qui était présenté comme une information des services de sécurité saoudiens, transmise à la Direction générale des services extérieurs (DGSE), selon laquelle Ben Laden avait contracté "<em>une très forte crise de typhoïde</em>" alors qu'il se trouvait au Pakistan, et y aurait succombé le 23 août 2006.</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Mais Benazir Bhutto précise cette fois-ci que Ben Laden aurait été tué par Omar Sheikh. Or, cet individu, que <a href="http://www.liberation.fr/actualite/monde/289986.FR.php">d'aucuns présentent</a> comme le "<em>fils préféré</em>" de Ben Laden - et qui est connu pour son rôle dans le financement du 11-Septembre (il transféra 100 000 dollars à Mohammed Atta, le leader des kamikazes, sur les ordres du chef de l'ISI Mahmoud Ahmad) et aussi dans <a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/vanityfair0802.html">l'enlèvement et le meurtre</a> du journaliste Daniel Pearl - est incarcéré au Pakistan depuis février 2002. Ce qui signifierait qu'il aurait tué Ben Laden avant cette date, et que ce dernier serait donc mort depuis près de six ans ! </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">De nombreuses sources avaient, il est vrai, annoncé à cette époque la possible ou probable mort d'Oussama Ben Laden : le président américain George W. Bush lui-même, selon le <em><a href="http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2001/12/28/wbin28.xml">Telegraph</a></em> du 27 décembre 2001, le président pakistanais Pervez Musharraf sur <a href="http://edition.cnn.com/2002/WORLD/asiapcf/south/01/18/gen.musharraf.binladen/">CNN</a>, le 18 janvier 2002 (qui évoquait sa maladie des reins), le <em><a href="http://query.nytimes.com/gst/fullpage.html?res=9405EFDE1230F932A25754C0A9649C8B63">New York Times</a></em> du 11 juillet 2002 (qui précisait que la mort remontait à décembre 2001 et que le chef d'Al-Qaïda était enterré dans les montagnes du sud-est de l'Afghanistan), le FBI, selon <a href="http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/2135473.stm">BBC News</a> du 18 juillet 2002, ou encore le président afghan Hamid Karzaï sur <a href="http://edition.cnn.com/2002/WORLD/asiapcf/central/10/06/karzai.binladen/">CNN</a>, le 7 octobre 2002. Le <em>Pakistan Observer</em> (cité par <a href="http://www.foxnews.com/story/0,2933,41576,00.html">Fox News</a>) et le quotidien égyptien <em>Al-Wafd</em>, avaient même <a href="http://www.welfarestate.com/binladen/funeral/">rapporté</a>, le 26 décembre 2001, ses funérailles ; un important officiel taliban y affirmait que le Saoudien était mort, naturellement et calmement, dix jours auparavant, des suites de graves problèmes pulmonaires.</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Une mort probable... à un témoignage près</span></strong></div><div align="justify"></div><div align="justify"></div><div align="justify"></div><div align="justify"></div><div align="justify"></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Les problèmes de santé, notamment rénaux, d'Oussama Ben Laden sont connus depuis longtemps ; un membre de l'administration Bush, réagissant aux propos de Musharraf de janvier 2002, <a href="http://edition.cnn.com/2002/WORLD/asiapcf/south/01/18/gen.musharraf.binladen/">confia</a> ainsi que le chef d'Al-Qaïda avait besoin d'une dialyse des reins tous les trois jours (même si d'autres officiels américains ne voyaient dans ces problèmes rénaux qu'une "<em>rumeur récurrente</em>"). Le 28 janvier 2002, CBS <a href="http://www.cbsnews.com/stories/2002/01/28/eveningnews/main325887.shtml">avait rapporté</a> que, le 10 septembre 2001, Ben Laden se faisait soigner dans un hôpital militaire à Rawalpindi pour une dialyse des reins, escorté par l’armée pakistanaise. Le 2 juillet 2001, un quotidien indien <a href="http://www.subcontinent.com/sapra/research/terrorism/terrorism20010702a.html">affirmait</a> que "<em>Ben Laden, qui souffre de déficience rénale, a régulièrement été placé sous dialyse dans un hôpital militaire de Peshawar alors que l'Inter-Services-Intelligence (ISI) en avait connaissance et l'approuvait, voire avec l'accord [du président pakistanais] Musharraf lui-même</em>". La lettre d'information <em><a href="http://www.janes.com/security/international_security/news/jid/jid010920_1_n.shtml">Jane's Intelligence Digest</a></em> du 20 septembre 2001 allait dans le même sens : "<em>Les autorités pakistanaises ont apporté des soins médicaux au souffrant Ben Laden, notamment des dialyses rénales, dans un hôpital militaire de Peshawar</em>." Et l'on se souvient du fameux séjour de Ben Laden à l'Hôpital américain de Dubaï, du 4 au 14 juillet 2001, dans le département d'urologie du docteur Terry Callaway, spécialiste des calculs rénaux, où il avait reçu la visite, le 12 juillet, du chef d'antenne locale de la CIA, Larry Mitchell (<a href="http://www.globalresearch.ca/articles/RIC111A.html"><em>Le Figaro</em></a> et <a href="http://www.edition-grasset.fr/chapitres/ch_labeviere.htm">RFI</a>, 31 octobre 2001).</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Que conclure de tout cela ? Que Ben Laden est mort assassiné ? Ou alors des suites de sa maladie ? Ou encore (coup de théâtre !), qu'il n'est pas mort du tout, mais bien vivant ? Car une information vient contredire tous les indices de sa disparition en décembre 2001. Il s'agit du témoignage des soldats français du COS (Commandement des Opérations Spéciales) en Afghanistan, que nous rapportent les grands reporters Eric de Lavarène et Emmanuel Razavi dans leur documentaire <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-6142559562534513040&q=ben+laden+les+rat%C3%A9s+d"><em>Ben Laden, les ratés d'une traque</em></a> (20e minute). A six mois d'intervalle, ils auraient, en effet, eu Ben Laden à portée de tir, sans recevoir le feu vert des Américains pour agir. Un soldat français déclare : "<em>Je peux en attester : en 2003 et en 2004, nous avions Ben Laden dans la lunette.</em>" Les soldats français ont-ils pu se méprendre sur la personne ? Ou leur témoignage est-il décisif ? Selon <em><a href="http://www.infosoir.com/edit.php?id=57777">Infosoir</a></em> du 22 décembre 2006, les deux journalistes ont interrogé quatre soldats français des forces spéciales qui ont tous donné la même version des faits.</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">L'intervention de Benazir Bhutto, on le voit, soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. <a href="http://hotair.com/archives/2007/12/28/video-the-obligatory-bhutto-says-omar-sheikh-killed-osama-post/">Certains</a> ont suggéré - ce qui résoudrait en effet le problème - que la langue de l'ancienne Premier ministre a fourché ; au lieu de dire "<em>Omar Sheikh, l'homme qui a assassiné Oussama Ben Laden</em>", elle aurait voulu dire : "<em>Omar Sheikh, l'homme qui a assassiné Daniel Pearl</em>". Cette hypothèse a sa pertinence, d'autant qu'un mois avant cet entretien, le 2 octobre 2007, Benazir Bhutto avait émis le souhait de partir <a href="http://www.boston.com/news/world/asia/articles/2007/10/02/bhutto_would_take_us_aid_against_bin_laden/">à la recherche de Ben Laden</a>, seule ou avec l'aide de l'armée américaine. Si seulement David Frost avait bondi, comme aujourd'hui beaucoup d'internautes, à l'écoute de cette déclaration tonitruante, pour demander une mise au point, nous ne serions pas dans ce flou. Nous ne saurons jamais ce que Bhutto a voulu dire. Il paraît cependant peu probable qu'elle ait voulu lancer un tel scoop, l'air de rien, en passant, avec une telle nonchalance ; le lapsus semble, à première vue, l'hypothèse la plus crédible. Ce qui ne nous renseigne en rien sur l'état actuel de Ben Laden... soit dit en passant. </div><div align="justify"></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Portrait-robot de l'assassin</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Mais revenons à l'autre information d'importance que contient l'intervention de Benazir Bhutto. Celle qui décrit, sans le nommer, le possible commanditaire de l'attentat du 18 octobre et, peut-être aussi, de son futur assassinat : "<em>un personnage très important dans la sécurité</em>", "<em>un ancien officier militaire</em>", "<em>quelqu'un qui a été impliqué avec le </em><em>Jaish-e-Mohammed</em><em>, l'un des groupes de </em><em>Maulana Azhar</em>", et qui a aussi été impliqué "<em>avec Omar Sheikh</em>". </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Pour tenter de déchiffrer ces quelques lignes, lisons-les à la lumière d'un <a href="http://questionscritiques.free.fr/terrorisme/Ahmed_Omar_Said_Cheikh/Paul_Thompson.htm">article fondamental</a> que Paul Thompson, l'auteur de la base documentaire <a href="http://www.cooperativeresearch.org/project.jsp?project=911_project">Complete 9/11 Timeline</a>, a consacré à Omar Sheikh (et à l'ISI). En voici un premier passage : "<em>Au début de l'année 2000, Saïd</em> [Omar Saeed Sheikh]<em> et l'ISI ont aidé Azhar à former un groupe terroriste, le Jaish-e-Mohammed, et Azhar se retrouva rapidement derrière des actes terroristes, essentiellement au Cachemire. Lors de ses nombreuses attaques, le Jaish-e-Mohammed a travaillé avec l'ISI, Saïd et Azhar. Par exemple, peu après l'attentat à la bombe d'octobre 2001 au Cachemire, les services de renseignements indiens ont soutenu que le président pakistanais Musharraf avait reçu un enregistrement d'un appel téléphonique entre le chef du Jaish-e-Mohammed, Maulana Massoud Azhar et le Directeur Mahmoud </em>[Mahmoud Ahmad]<em>, dans lequel Azhar rapportait que l'attaque à la bombe avait été un "succès"</em>." A en croire Thompson, qui se base uniquement sur des articles de presse, le Jaish-e-Mohammed marchait donc main dans la main avec l'ISI. Quant à Omar Sheikh, il coopérait avec l'un et l'autre (comme d'ailleurs avec Al-Qaïda). </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Voici un deuxième passage de l'article de Thompson : "<em>[Omar Sheikh] travaillait pour Ijaz Shah, un ancien fonctionnaire de l'ISI qui s'occupait de deux groupes terroristes, pour le général de corps d'armée Mohammed Aziz Khan, lui aussi un ancien chef-adjoint de l'ISI en charge des relations avec le Jaish-e-Mohammed, et pour le général de Brigade Abdulhah, un ancien officier de l'ISI</em>." S'il est difficile d'identifier clairement la personne à laquelle pensait Benazir Bhutto, il ne fait pas grand doute qu'il s'agissait d'un membre de l'ISI. Ils sont quelques-uns à répondre aux critères énoncés par l'ex-Premier ministre : <strong>Mahmoud Ahmad</strong> (évoqué dans le premier passage) est un ancien officier militaire (général de corps d'armée et chef de l'ISI), dont on dit qu'il a été lié avec Maulana Azhar dans une opération terroriste au Cachemire, et qui est aussi très largement soupçonné d'avoir <a href="http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=28889">financé les pirates du 11-Septembre</a>, par l'entremise justement d'Omar Sheikh. Mais il n'est plus aujourd'hui un personnage clé dans la sécurité ; <a href="http://www.dailytimes.com.pk/default.asp?page=story_1-5-2003_pg7_5">depuis le 30 avril 2003</a>, il est le <a href="http://www.nytimes.com/ads/global/pakistan/seventeen.html">PDG de la Fauji Fertilizer Company</a>. <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Ijaz_Shah"><strong>Ijaz Shah</strong></a> semble mieux correspondre au portrait-robot dressé par Benazir Bhutto : ancien général de brigade et membre de l'ISI, connu pour ses liens avec les terroristes, <a href="http://www.cooperativeresearch.org/context.jsp?item=a020502turnin#a020502turnin">c'est à lui que s'était secrètement rendu Omar Sheikh</a> le 5 février 2002, lorsque son rôle dans l'enlèvement de Daniel Pearl avait été découvert. Shah l'avait alors retenu et briefé durant toute une semaine, avant de le remettre à la police pakistanaise. <strong>Mohammed Aziz Khan</strong>, remarquons-le, aurait aussi le bon profil, fortement lié à la fois à Omar Sheikh et au Jaish-e-Mohammed...</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Le lourd bilan de l'ISI</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Si l'ISI était impliquée dans l'assassinat de Benazir Bhutto, l'addition commencerait à être sévèrement corsée pour l'agence gouvernementale pakistanaise... dont l'implication a déjà été évoquée dans l'assassinat du commandant Massoud le 9 septembre 2001 (<a href="http://www.rferl.org/features/2001/09/10092001133121.asp">par l'Alliance du Nord</a> : "<em>Ahmed Shah Massoud a été la cible d'une tentative d'assassinat organisée par l'ISI pakistanaise et Oussama Ben Laden</em>") ; puis dans le financement du 11-Septembre, <a href="http://timesofindia.indiatimes.com/cms.dll/articleshow?art_id=1454238160">via son directeur Mahmoud Ahmad</a>, voire dans son organisation même, via un ancien chef de l'ISI, Hamid Gul (selon le <em><a href="http://www.hvk.org/articles/0704/188.html">Washington Times</a></em> du 23 juillet 2004, qui relayait un document émanant d'une source haut placée au Pakistan : "<em>L’ISI était pleinement impliquée dans la conception et le soutien de toute l’affaire [...]. </em><em>J’ai des raisons de penser qu’Hamid Gul était le cerveau d’Oussama Ben Laden</em>") ; et encore dans l'attentat-suicide raté de Richard Reid (selon Roland Jacquard et Atmane Tazaghart dans <em><a href="http://www.lefigaro.fr/magazine/20070720.MAG000000608_la_mosquee_rouge_centre_nevralgique_d_al_qaida.html">Le Figaro</a></em> du 20 juillet 2007 : "<em>Ce membre de l'ISI</em> [Khalid Khawaja]<em> est celui qui servait d'instructeur pour les explosifs dans les camps d'al-Qaida, notamment à Shakar Dara. C'est lui qui avait manipulé Richard Reid, cet Anglais qui avait essayé de faire exploser l'avion du vol Paris-Miami le 22 décembre 2001 à l'aide d'explosifs cachés dans ses chaussures</em>") ; enfin, dans l'enlèvement, le 23 janvier 2002, et la décapitation de Daniel Pearl, qui, précisément, enquêtait sur <a href="http://www.ledevoir.com/2002/07/16/5389.html">les liens entre Richard Reid et Al-Qaïda</a>, et "<em><a href="http://www.radio-canada.ca/actualite/zonelibre/03-12/pearl.html">sur ceux qui avaient commandité l'attentat</a></em>" de Reid (c'est-à-dire l'ISI, selon <em>Le Figaro</em>...). Sans parler de l'inquiétante menace lancée, le 22 juillet 1999, à l'endroit des Twin Towers par l'agent de l'ISI Rajaa Gulum Abbas ("<em><a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/palmbeachpost101702.html">Ces tours-là vont s'écrouler</a></em>"), et qu'avait rapportée l'agent secret Randy Glass à plusieurs officiels américains <a href="http://www.yirmeyahureview.com/archive/video/randy_glass_video.htm">bien avant le 11-Septembre</a>...</div><div align="justify"></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Benazir Bhutto n'a peut-être fait qu'un maladroit lapsus au sujet de la mort d'Oussama Ben Laden. Mais ce lapsus était probablement plus révélateur qu'il n'y paraissait au premier abord, car en tissant un lien, même inconsciemment, entre ses agresseurs (et futurs assassins) et les commanditaires du 11-Septembre, elle visait sans doute juste. Où que l'on regarde dans ces histoires, tout converge toujours vers l'ISI. L'étau se resserre. Une question, lourde et insistante, demeure en suspens : pourquoi les Etats-Unis n'ont-ils, à ce jour, jamais pris la moindre sanction vis-à-vis du Pakistan et des agents de l'ISI manifestement impliqués dans tous ces crimes ? Pourquoi le silence gêné de <a href="http://globalresearch.ca/articles/RIC206A.html">Condoleezza Rice</a>, celui de Thomas Kean (<em><a href="http://video.google.com/videoplay?docid=-2035108967536002048">Loose Change Final Cut</a></em>, 15e minute) et de <a href="http://www.cbc.ca/sunday/911hamilton.html">Lee Hamilton</a>, président et vice-président de la Commission d'enquête sur le 11-Septembre, lorsqu'on leur demande de réagir à la <a href="http://www.globalresearch.ca/articles/MAT111A.html">visite officielle de Mahmoud Ahmad à Washington</a> dans la semaine des attentats, et sur le transfert de 100 000 dollars en direction de Mohammed Atta qui lui est attribué par différents journaux de renom, dont le <em><a href="http://www.opinionjournal.com/best/?id=95001298">Wall Street Journal</a></em> ? A quoi joue l'administration Bush depuis le 11-Septembre, et peut-être même avant ? La question mérite enfin d'être posée. Avec insistance. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Pour plus d'information sur Omar Saeed Sheikh et l'ISI, lire <a href="http://questionscritiques.free.fr/terrorisme/Ahmed_Omar_Said_Cheikh/Paul_Thompson.htm">l'article de Paul Thompson</a> <em>Les nombreux visages de Saïd Cheikh</em> : il vous plonge réellement dans des abîmes de perplexité...</div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-1509818899821061062007-10-05T02:46:00.000+00:002007-10-05T21:58:13.275+00:00A Tribute to Carl Lewis<div align="justify">Finale du 100m à Los Angeles en 1984 et naissance de la légende. Lewis remporte <strong>4 médailles d'or</strong> lors de ces Jeux Olympiques : 100m, 200m, 4 x 100m, et saut en longueur.</div><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/Ull0Obn6Alc"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/Ull0Obn6Alc" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Les années 80 marquées par le <strong>duel avec Ben Johnson</strong>. Lors de la finale du 100m des JO de Séoul en 1988, le Canadien pulvérise le record du monde en 9'79... avant d'être déclassé pour dopage. Il faudra attendre 17 ans pour qu'un homme aille plus vite, dans des conditions régulières, avec Asafa Powell en 9'77.</div><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/HxbxdzRQXlI"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/HxbxdzRQXlI" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Peu avant le duel de Séoul, lors des sélections américaines, Lewis claque un chrono phénoménal de <strong><span style="color:#ff0000;">9'78</span></strong> ! Mais avec un vent trop favorable pour être homologué.</div><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/MVRl8gihrHM"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/MVRl8gihrHM" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Record_du_monde_du_100_m%C3%A8tres_en_athl%C3%A9tisme">Record du monde</a></strong> du 100m pour Carl Lewis aux championnats du monde de Tokyo en 1991 : <strong>9'86</strong> ! Ce temps restera la meilleure performance de Lewis en conditions régulières. Et cette course la plus rapide de tous les temps, avec 6 hommes sous les 10 secondes : Leroy Burrel, 2e, améliore son propre record du monde (9'90) en 9'88 ; Dennis Mitchell, auteur d'un départ canon, est 3e en 9'91 ; Linford Christie suit à la 4e place en 9'92 et bat le record d'Europe ; Frankie Fredericks, 5e, bat le record d'Afrique en 9'95 ; et le Jamaïcain Raymond Stewart, 6e, signe un formidable 9'96.</div><div align="justify"></div><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/YClbZizC5HU"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/YClbZizC5HU" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><div align="justify"></div><br /><div align="justify">La finale des championnats du monde du 100m <strong>de 1983 à 1995</strong> : des trois titres de Lewis à celui de Donovan Bailey, en passant par le sacre de Linford Christie à Stuttgart en 1993 (à noter un petit bidouillage dans le montage de la BBC, qui ne diffuse pas la <a href="http://fr.youtube.com/watch?v=7j6uZ58LMsk">vraie finale</a> de 1987 à Rome, où Ben Johnson bat Carl Lewis, avant d'être déchu de son titre suite au scandale de Séoul ; on préfère ici nous montrer une autre course, où Lewis bat Johnson).</div><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/o2mrUxm62F0"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/o2mrUxm62F0" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><div align="justify"></div><br /><div align="justify">La progression du record du monde du <strong>4 x 100m</strong> de 1977 à 1992, avec les fameuses dernières lignes droites de Carl Lewis. Le record de 1992, réalisé aux JO de Barcelone, tient toujours ! Un record du 4 x 100 qui a appartenu aux Français en 1990, avec la superbe équipe formée de Max Morinière, Daniel Sangouma, Jean-Charles Trouabal et Bruno Marie-Rose. </div><p align="justify"><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/fUjEnICWGvc"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/fUjEnICWGvc" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><br />Carl Lewis a remporté <strong>10 médailles olympiques</strong>, dont 9 en or, de 1984 à 1996, raflant au passage tous les titres à la longueur. Il a aussi remporté <strong>10 médailles aux championnats du monde</strong>, dont 8 en or, de 1983 à 1993. Il a été désigné athlète mondial des années 80 et athlète olympique du siècle. Ses records personnels : <strong>9'86</strong> sur 100m (1991), <strong>19'75</strong> sur 200m (1983), et <strong>8m87</strong> à la longueur (1991). Il co-détient le record du monde du 4 x 100m en <strong>37'40</strong> (1992). </p><p align="justify">Carl Lewis peut être considéré comme <strong>le plus grand sauteur en longueur</strong> de tous les temps : songeons à ses 4 titres olympiques étalés sur 12 ans ! Sa régularité à plus de 8m50 est unique : souvenons-nous de son invraisemblable série de Tokyo en 1991 : 8m68, 8m83, 8m91 -avec un vent au-delà de la limite autorisée-, 8m87 et 8m84, même s'il sera finalement battu ce jour-là sur un saut d'anthologie de Mike Powell à 8m95, qui effaça alors le vieux record du monde de Bob Beamon -8m90- établi à Mexico en 1968. Cet affrontement titanesque entre Lewis et Powell marque le sommet de l'histoire du saut en longueur. Lewis est bien sûr <strong>le plus grand sprinter-sauteur </strong>de tous les temps. </p><p align="justify"><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/ybEs3j_MmrA"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/ybEs3j_MmrA" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object></p><p align="justify">Même si, sur le <strong>100m</strong>, de nombreux coureurs l'ont dépassé en terme de performance (Asafa Powell -9'74-, Maurice Greene -9'79-, Donovan Bailey, Bruny Surin, Tyson Gay -9'84-, Leroy Burrel, Olusoji Fasuba -9'85-), il demeure la référence en matière d'élégance de course et de style, de grâce. Il a remporté tous les titres majeurs sur 100m entre 1983 et 1991 : <strong>2 titres olympiques</strong> (record) et <strong>3 titres mondiaux</strong> (record co-détenu avec Maurice Greene). </p><p align="justify">Les records de Ben Johnson (9'79 en 1988 et 9'83 en 1987), Tim Montgomery (9'78 en 2002) et Justin Gatlin (9'77 en 2006) ont été effacés des tablettes pour cause de dopage. Au final, <strong>Asafa Powell</strong> apparaît, en valeur absolue, comme le sprinter le plus fort qu'on ait connu : il a couru 5 fois sous les 9'80 : 9'74, 9'77 à trois reprises et 9'78. Il écrase la discipline. <strong>Maurice Greene</strong> reste à ce jour, et de très loin, le coureur le plus régulier sous les 10 secondes. Ato Boldon et Frankie Fredericks sont également à saluer pour leur très grande régularité sous ce chrono symbolique. <strong>Carl Lewis</strong> semble devoir rester à jamais l'icône éternelle de ce sport. </p>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-19250884196630191652007-09-17T15:50:00.000+00:002007-09-17T15:51:05.904+00:00Cabourg<object height="335" width="425"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/20sqHT8O8JUhPl8RC"><param name="allowfullscreen" value="true"><embed src="http://www.dailymotion.com/swf/20sqHT8O8JUhPl8RC" type="application/x-shockwave-flash" width="425" height="335" allowfullscreen="true"></embed></object>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-53765484792207373192007-09-11T11:20:00.000+00:002007-09-17T23:31:03.931+00:00J'ai financé le 11-Septembre et tout le monde s'en fout !<div align="justify"><strong>A l'heure où tout un chacun rêve de devenir une célébrité, quitte à n'avoir rien fait pour le mériter, il est des êtres qui ont beau se démener dans les actions les plus spectaculaires qui soient, ils demeurent désespérément ignorés, ne parvenant guère à attirer la lumière sur eux. C'est le cas du général Mahmoud Ahmad, probable financier des attentats du 11-Septembre - événement sans conteste le plus marquant de ce début de siècle -, et que l'on laisse à son triste anonymat. De grands médias avaient bien braqué leur regard sur lui dès les premières semaines post-attentats. Mais rien n'y fait : Mahmoud Ahmad n'intéresse pas. Il n'a pas l'étoffe d'une star. L'ancien chef des services secrets pakistanais reste un homme de l'ombre, qui semble voué à une retraite paisible sur ses terres. Lumière - tamisée - sur un suspect incroyablement tabou. (Au-delà de cet homme, c'est le rôle du Pakistan dans l'organisation du 11-Septembre qui est interrogé.)</strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Dans les jours qui suivent le 11-Septembre, les enquêteurs sont à la recherche des traces financières laissées par les terroristes. C'est grâce à elles qu'ils pourront remonter la chaîne de commandement des attentats, jusqu'aux commanditaires eux-mêmes. Le 1er octobre 2001, le FBI découvre un lien entre les pirates de l’air et Al-Qaïda, à travers un transfert d’argent au profit de Mohammed Atta, le leader des kamikazes, en Floride (<a href="http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/1573090.stm">BBC</a>, 1er octobre 2001). Le 6 octobre, CNN révèle que Mohammed Atta a reçu de l’argent venant du Pakistan et que le financier serait Omar Saeed Sheikh, un Britannique d’origine pakistanaise, diplômé de l'école des Sciences Economiques de Londres, parlant cinq langues, mais surtout connu pour être l’un des financiers d’Al-Qaïda. Toute la presse publie l’information, mais omet de dire que Sheikh n’est pas seulement un agent d’Al-Qaïda, mais aussi de l’ISI, l'agence de renseignement militaire du Pakistan (voyez le remarquable <a href="http://questionscritiques.free.fr/terrorisme/Ahmed_Omar_Said_Cheikh/Paul_Thompson.htm">portrait</a> de ce personnage clé tracé par Paul Thompson, l'auteur du site <a href="http://www.cooperativeresearch.org/project.jsp?project=911_project">Complete 9/11 Timeline</a>, la plus grande base de données médiatiques sur le 11-Septembre).<br /></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Révélation</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Le 7 octobre, c'est le début de la guerre en Afghanistan. Ce même jour, on apprend discrètement que Mahmoud Ahmad est renvoyé de son poste de directeur de l’ISI. Mais le lendemain, le journal pakistanais <a href="http://web.archive.org/web/20011011083446/http://www.dawn.com/2001/10/09/top13.htm"><em>The Dawn</em></a> lance une véritable bombe (comme l'indien <em>Press Trust of India</em>) : "<em>Mahmoud Ahmad a été remplacé après que les enquêteurs du FBI aient établi un lien crédible entre lui et Omar Sheikh [...]. Des sources bien informées disent qu'il y avait suffisamment d'indications pour les agences de renseignement américaines montrant que c'est à la demande du général Mahmoud que Sheikh a transféré 100 000 dollars US sur le compte de Mohammed Atta</em>..." Ce sont les services secrets indiens qui sont à l'origine de la révélation. Le 9 octobre, le très respecté <a href="http://timesofindia.indiatimes.com/cms.dll/articleshow?art_id=1454238160"><em>Times of India</em></a> la reprend : le FBI possède des preuves crédibles que "<em>100 000 dollars on été envoyés au pirate du WTC Mohammed Atta du Pakistan par Omar Saeed Sheikh, sur les ordres du général Mahmoud Ahmad</em>". Le transfert a lieu le 11 août 2001, et l'argent émane d'une rançon payée au gangster indien Aftab Ansari, suite à un kidnapping (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/timesofindia021402.html"><em>Times of India</em></a>, 14 février 2002). Un autre transfert de 100 000 dollars attribué à Sheikh et Ahmad a lieu un an plus tôt, durant l'été 2000, une période durant laquelle l'agent de l'ISI et d'Al-Qaïda adresse de nombreux appels à son directeur. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">L'information est énorme, et pourtant elle franchit difficilement les frontières indienne et pakistanaise. Le 10 octobre, le <a href="http://www.opinionjournal.com/best/?id=95001298"><em>Wall Street Journal</em></a> y consacre une brève. L’AFP et l’<em>Australian </em>la répercute aussi. Le 15 octobre, c'est au tour d'<em>India Today</em>, le 18 octobre du <a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2001/dailyexcelsior101801.html"><em>Daily Excelsior</em></a>, et puis, plus tard, le 24 février 2002 du <em>Sunday Herald</em>, et le 21 avril 2002 du <a href="http://mea.gov.in/bestoftheweb/2002/04/21bow02.htm"><em>London Times</em></a>. A en croire le député travailliste Michael Meacher, ministre de l'Environnement de Tony Blair entre 1997 et 2003, l'information aurait été confirmée par le directeur de la section financière du FBI, Dennis Lormel (<a href="http://politics.guardian.co.uk/comment/story/0,9115,1566919,00.html"><em>Guardian</em></a>, 10 septembre 2005). En France, Bernard-Henri Lévy la relaie en mai 2003 dans son best-seller <em>Qui a tué Daniel Pearl ?</em>. Pages 383 et 384, il effectue une bonne revue de presse internationale sur le sujet. Pages 385 à 387, il juge "<em>à peu près certain</em>" le lien entre Ahmad et Sheikh au sein de l’ISI, et pose la question, "<em>que l’on ne peut plus esquiver, de la responsabilité des services pakistanais, ou d’une faction de ces services, dans l’attaque contre l’Amérique et la destruction des Tours : […] comment ne pas penser […] que l’attentat du 11 septembre a été voulu et financé – au moins en partie – par les barbouzes d’un pays officiellement "ami", membre de la coalition antiterroriste et ayant offert aux Etats-Unis son aide logistique et ses sources de renseignement ?</em>". </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Dissimulation</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Le 22 juillet 2004, lorsque paraît le <a href="http://www.9-11commission.gov/report/911Report.pdf">rapport</a> final de la Commission d'enquête sur le 11-Septembre, on ne trouve pas la moindre allusion à ces accusations. Le but <a href="http://www.9-11commission.gov/report/911Report_Pref.htm">explicite</a> du rapport était pourtant de "<em>fournir le récit le plus complet possible des événements entourant le 11/9</em>". Le nom de Omar Saeed Sheikh n'apparaît pas une fois, celui de Mahmoud Ahmad est mentionné deux fois, pages 331 et 333, au sujet notamment de l'entrevue qu'il eut le 13 septembre 2001 avec le sous-secrétaire d'Etat Richard Armitage sur l'aide, déclinée en sept points, que le Pakistan devait apporter aux Etats-Unis. Le jour même, Michael Meacher publiait un article dans le <a href="http://www.guardian.co.uk/alqaida/story/0,,1266511,00.html"><em>Guardian</em></a>, intitulé "The Pakistan connection", où il s'étonnait de cette omission : "<em>Il est incroyable que ni Ahmad ni Sheikh n'ait été inculpé et traduit en justice pour ce chef d'accusation. [...] Quand Ahmad a été exposé par le </em>Wall Street Journal<em> comme ayant envoyé l'argent aux pirates, il a été forcé de se retirer par le président Pervez Musharraf. Pourquoi les Etats-Unis n'ont-ils pas demandé à ce qu'il soit interrogé et traduit en justice ?</em>" Le rapport de la Commission conclut au sujet du financement du 11-Septembre, page 172 : "<em>A ce jour, le gouvernement des Etats-Unis n'a pas été capable de déterminer l'origine des sommes utilisées pour les attaques du 11/9. En fin de compte, cette question n'a pas beaucoup de signification pratique</em>."</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Coïncidence ?</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Si vous avez été attentif au paragraphe précédent, vous avez remarqué que, le 13 septembre, Mahmoud Ahmad discute avec Richard Armitage... En effet, étonnante coïncidence, du 4 au 13 septembre 2001, le directeur de l'ISI est en visite officielle à Washington : il y rencontre longuement des officiels de la Maison Blanche et du Pentagone, surtout le sous-secrétaire d'Etat pour les Affaires politiques Mark Grossman (<a href="http://www.globalresearch.ca/articles/MAT111A.html"><em>The News</em></a>, 10 septembre 2001). Le 9 septembre, il s'entretient avec le directeur de la CIA, George Tenet. Celui-ci racontera dans ses mémoires, publiées en 2007, qu’il essaya alors de pousser Ahmad à faire quelque chose au sujet du soutien des Taliban à Ben Laden, mais que le patron de l'ISI n'était pas disposé à faire quoi que ce soit. Le 11 septembre au matin, le financier de l'attaque qui va frapper l'Amérique prend son petit-déjeuner au Capitole, en compagnie du sénateur démocrate Bob Graham, président du Comité du renseignement du Sénat, du représentant républicain Porter Goss, président du Comité du renseignement de la Chambre, du sénateur républicain Jon Kyl, et de l’ambassadeur pakistanais aux Etats-Unis Maleeha Lodhi. La conversation du jour porte sur le terrorisme venant d’Afghanistan et, plus particulièrement, Ben Laden. Ça tombe bien...</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Disparaître</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Dans les jours qui suivent, Mahmoud Ahmad établit un partenariat de lutte contre le terrorisme avec les Etats-Unis, qu'il assure, avec le président Musharraf, de son inconditionnel soutien. Il est chargé d'aller visiter le chef des Taliban, le Mollah Omar, pour lui demander d'extrader Ben Laden. Mais l'on apprendra qu'en définitive, il lui conseilla de ne pas le livrer et de résister aux Américains (<a href="http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,501020506-233999,00.html"><em>Time</em></a>, 29 avril 2002). Ahmad est trop proche des Taliban, dont il partage le fondamentalisme, pour rester en place. Et surtout, sa participiation au financement du 11-Septembre s'ébruite dans la presse. Au moment où la guerre américaine contre les Taliban commence, le 7 octobre, il est poussé vers la sortie (<a href="http://www.guardian.co.uk/waronterror/story/0,1361,566017,00.html"><em>Guardian</em></a>, 9 octobre 2001). Celui qui avait permis au général Musharraf de réussir son coup d'Etat et de parvenir au pouvoir le 12 octobre 1999, et qui en avait été justement remercié en étant nommé chef de l'ISI, se retire sur la pointe des pieds, et va se tapir dans l'ombre, se faire oublier pour un bon moment.</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Réapparaître</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Il est rapporté qu'Ahmad est alors assigné à résidence (<a href="http://www.atimes.com/ind-pak/DA05Df02.html"><em>Asia Times</em></a>, 5 janvier 2002). Cette mesure prise à son endroit suggérerait qu'il a été écarté pour davantage qu'une simple divergence d'opinion au sujet des Taliban. Il refusera de parler à la presse suite à son renvoi (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/ap022102.html">Associated Press</a>, 21 février 2002), et il faudra attendre le 30 avril 2003 pour le voir refaire surface. En businessman ! Il réapparaît, en effet, à la tête d'une filiale d'un important consortium industriel. Le <em>New Yorker</em> fera remarquer que c'est "<em>une place qui nécessite un soutien du gouvernement</em>" (<a href="http://www.newyorker.com/archive/2003/08/04/030804fa_fact?currentPage=3"><em>The New Yorker</em></a>, 4 août 2003, page 3). Le nouvel homme d'affaires s'adresse à quelques journalistes sélectionnés, mais refuse "<em>de parler au sujet des rumeurs de sa détention après qu'il ait été remplacé</em>" (<a href="http://www.dailytimes.com.pk/default.asp?page=story_1-5-2003_pg7_5"><em>Daily Times</em></a>, 1er mai 2003).</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Audaces</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Pendant ce temps, que font les médias ? Ils ignorent l'affaire Mahmoud Ahmad. La "Pakistan connection" ne les intéresse pas. Un journaliste va pourtant oser l'aborder. Nous sommes le 16 mai 2002 à la Maison Blanche. La Conseillère à la Sécurité nationale Condoleezza Rice tient une <a href="http://globalresearch.ca/articles/RIC206A.html">conférence de presse</a>. Après plus de trente minutes de questions usantes, alors qu'on touche à la fin de l'exercice de communication, survient l'improbable question, l'incroyable secousse sismique ; un journaliste indien interroge Rice sur la visite du directeur de l'ISI à Washington le 11 septembre 2001. Rice ne semble pas comprendre de quoi on lui parle. Elle prétend ne pas l’avoir rencontré, et même n’avoir pas eu connaissance de sa visite (pourtant officielle et longue de dix jours), pas plus que des accusations de financement du 11-Septembre qui pèsent sur lui (voir <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-5060144744577701588"><em>9/11 Press For Truth</em></a> à 1h08). Circulez, y a rien à voir... Le 21 août 2006, le vice-président de la Commission d'enquête sur le 11-Septembre sera <a href="http://www.cbc.ca/sunday/911hamilton.html">interrogé</a> par CBC News sur ce même sujet. Sa réponse, qui laisse rêveur : "<em>Je ne sais rien de tout cela</em>." </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Face à ce silence gêné, la presse a donc peu réagi, se contentant parfois de constater que rien ne se faisait pour explorer sérieusement la piste pakistanaise : "<em>Un transfert d'argent de Karachi pour les pirates en Floride n'a jamais été entièrement examiné ou expliqué. Ahmad n'a jamais été convoqué pour s'expliquer là-dessus</em>..." (<a href="http://timesofindia.indiatimes.com/articleshow/msid-809840,curpg-2.cms"><em>Times of India</em></a>, 10 août 2004). Mais parfois, la presse se lâche et ose avancer des hypothèses très politiquement incorrectes : "<em>Si Mahmoud Ahmad était réellement impliqué dans le 11-Septembre, cela signifierait que l’ISI – "l’Etat à l’intérieur de l’Etat" – serait au courant de tout. Et si une élite du renseignement au Pakistan le savait, une élite du renseignement en Arabie Saoudite le saurait, aussi bien qu’une élite du renseignement aux Etats-Unis</em>" (<a href="http://www.atimes.com/atimes/Front_Page/FD08Aa01.html"><em>Asia Times</em></a>, 8 avril 2004). Même son de cloche chez Daniel Ellsberg, ancien informateur du ministère de la Défense, <a href="http://www.guardian.co.uk/usa/story/0,12271,1266520,00.html">cité</a> par Michael Meacher : "<em>Il me semble tout à fait probable que le Pakistan était franchement impliqué dans tout cela... Dire le Pakistan, c'est, pour moi, dire la CIA parce que... il est difficile de penser que l'ISI savait quelque chose dont la CIA n'avait pas connaissance</em>".</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Les Etats-Unis connaissaient-ils le rôle de l'ISI avant le 11-Septembre ? Et le jour même des attaques ? Ou ont-ils attendu que les services secrets indiens leur apportent la nouvelle au début du mois d'octobre ? Les officiels de la Maison Blanche et du Pentagone qui ont rencontré Mahmoud Ahmad dans la semaine du 11-Septembre avaient-ils eu vent de ses activités terroristes ou non ? Et les présidents des comités du renseignement du Sénat et de la Chambre, Bob Graham et Porter Goss, étaient-ils dans la plus parfaite ignorance des activités suspectes de leur hôte, avec lequel ils partageaient leur petit-déjeuner au moment même où les tours s'enflammaient ?</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">"Ces tours-là vont s'écrouler"</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Un homme a peut-être la réponse : il s'appelle Randy Glass. A la fin des années 90, cet ancien escroc reconverti en agent secret s’est infiltré dans un réseau de vente d’armes terroristes dans le cadre de l’opération secrète "<a href="http://www.yirmeyahureview.com/archive/911/randy_glass_and_operation_diamondback.htm">Diamondback</a>", une vaste enquête menée par le FBI et le Bureau de Contrôle des Alcools, du Tabac et des Armes à feu. Le 22 juillet 1999, il est à New York pour une réunion dans un restaurant avec trois de ses contacts. L’un d’eux, Rajaa Gulum Abbas, veut acheter des systèmes d’armes sophistiqués en grande quantité (missiles Stinger, matériel nucléaire, etc.) pour le compte d’Oussama Ben Laden. Abbas se présente comme un agent de l’ISI. Au cours de la conversation, Randy Glass lui demande quelles sont ses intentions. Après le dîner, alors qu’ils marchent dehors, Abbas regarde les tours du World Trade Center et déclare : "<em>Ces tours-là vont s’écrouler</em>" (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/msnbc080202.html">Dateline NBC</a>, 2 août 2002 ; <a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/coxnews080202.html">Cox News</a>, 2 août 2002 ; <a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/palmbeachpost101702.html"><em>The Palm Beach Post</em></a>, 17 octobre 2002 ; <a href="http://www.opednews.com/duncan_011205_NJ_Terrorism_Michael_Chertoff.htm"><em>OpEd News</em></a>, 7 septembre 2004 ; voir <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-5060144744577701588"><em>9/11 Press For Truth</em></a>, 1h09). L'ISI aurait eu le projet d'abattre les tours du WTC ? </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Alerte</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">En août 2001, alors que sa mission est terminée, Randy Glass va informer l'équipe du sénateur Bob Graham et du représentant Robert Wexler qu'un agent pakistanais travaillant pour les Talibans, R.G. Abbas, a fait mention à trois reprises d'un plan imminent pour attaquer le WTC. Mais ses avertissements sont ignorés (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/palmbeachpost101702.html"><em>The Palm Beach Post</em></a>, 17 octobre 2002). Graham a-t-il reçu, en temps et en heure, l'information brûlante que Glass avait transmise à son équipe ? Il faudra attendre 2002 pour en avoir une idée, le temps que l'affaire intéresse quelques très rares médias. Le 2 août, la chaîne Dateline NBC révèle l’histoire de Randy Glass, et réussit même à joindre R.G. Abbas au Pakistan par téléphone (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/msnbc080202.html">Dateline NBC</a>, 2 août 2002). Mais NBC n'inclut pas dans son montage final la révélation la plus forte de Randy Glass, selon laquelle Abbas avait menacé de faire s'effondrer les tours du WTC, pas plus d'ailleurs que la menace qu'aurait reçue Glass de la part d'un agent du FBI, Steve Bernowski : s’il parlait de son affaire, il serait accusé d’entrave à la justice (voir <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-5060144744577701588"><em>9/11 Press For Truth</em></a>, 1h10'45). Il faudra attendre le 17 octobre 2002 pour que le <em>Palm Beach Post</em> <a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/palmbeachpost101702.html">publie</a> l’histoire complète de Randy Glass. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Mais dès le 7 octobre 2002, WPTV, une chaîne de NBC TV en Floride, diffusait un <a href="http://www.yirmeyahureview.com/archive/video/randy_glass_video.htm">reportage saisissant</a> sur les menaces d'attaques du WTC que Randy Glass avaient portées à la connaissance du sénateur de Floride, Ron Klein, trois mois avant le 11-Septembre. Klein dit avoir contacté le bureau en Floride du sénateur Bob Graham. Selon Jill Greenberg, porte-parole de Graham, celui-ci fut averti durant l'été 2001 des avertissements de Glass, avant le 11-Septembre. Graham confirma dans un premier temps cette version, précisant qu'il avait transmis l'information à l'agence de renseignement "<em>la plus appropriée</em>" (sans dire laquelle). Mais plus tard, il corrigera sa déclaration, prétendant que la communauté du renseignement n'avait été avertie de l'histoire de Glass qu'après le 11-Septembre. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Un drôle de petit déjeuner</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">En prenant son p'tit déj' avec le chef de l'ISI le matin du 11-Septembre, Bob Graham a-t-il pensé à Randy Glass quand il a appris, le nez dans ses corn flakes, que le WTC était attaqué et s'était écroulé ? Comment a-t-il considéré son hôte pakistanais ? Et que pouvait bien ressentir Mahmoud Ahmad, financier du carnage, devant ses tartines et son jus de fruit, parlementant de terrorisme afghan et de Ben Laden, dans l'antre doré de l'ennemi américain ? De la jubilation ? Et le soir même, quand les Etats-Unis signaient un partenariat de lutte contre le terrorisme avec le Pakistan, par l'intermédiaire de Mahmoud Ahmad, financier du 11-Septembre et chef de R.G. Abbas, l'homme qui menaçait de faire s'écrouler les tours, qu'y avait-il dans les têtes de tout ce beau monde ? Situation ubuesque au possible.</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Tension et menace</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">La négociation du partenariat semble avoir été tendue. Il sera rapporté que Richard Armitage menaça Mahmoud Ahmad de bombarder le Pakistan et de le ramener à "<em>l’âge de pierre</em>" s’il n’apportait pas son aide aux Etats-Unis (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2001/deutschepresseagentur091201.html"><em>Deutsche Presse-Agentur</em></a>, 12 septembre 2001 ; <a href="http://www.laweekly.com/news/new-world-disorder/unholy-ends/10781/"><em>LA Weekly</em></a>, 7 novembre 2001). George W. Bush, de son côté, téléphona au président pakistanais Pervez Musharraf et lui demanda instamment de choisir son camp. Musharraf l'assura de son <a href="http://www.cooperativeresearch.org/context.jsp?item=a091101bushmusharraf#a091101bushmusharraf">soutien inconditionnel</a>. Mais il mit trois jours pour l'officialiser. Dans ce laps de temps, il y eut un troublant incident, qui fait sentir l'extrême tension qui régnait. Le 13 septembre, George W. Bush déclarait certes : "<em>Nous donnerons au gouvernement pakistanais une chance de coopérer, alors que nous partons à la chasse de ceux qui ont commis cet acte incroyable et répugnant contre l’Amérique</em>" (voir <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-5060144744577701588"><em>9/11 Press For Truth</em></a>, 1h). Mais du côté d'Islamabad, la capitale du Pakistan, l'aéroport était étonnamment fermé pour la journée. Un membre du gouvernement dira que des intérêts stratégiques pakistanais avaient été menacés, sans plus de précision. Le lendemain, alors que le Pakistan assurait les Etats-Unis d'un soutien "<em>généreux</em>", l'aéroport était rouvert. Il sera suggéré plus tard qu'Israël et l'Inde avaient menacé d'attaquer le Pakistan et de prendre le contrôle de son armement nucléaire s'il ne se ralliait pas aux Etats-Unis (<a href="http://www.laweekly.com/news/new-world-disorder/unholy-ends/10781/"><em>LA Weekly</em></a>, 6 novembre 2001). Autant de tension ne suggère-t-elle pas la connaissance du rôle du Pakistan ou de ses services secrets dans les attentats qui venaient d'avoir lieu ?</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Encore des coïncidences ?</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">L'implication pakistanaise - mais aussi saoudienne - semble confirmée par d'étonnantes révélations contenues dans le livre de l’écrivain américain Gerald Posner <em>Why America Slept : The Failure to Prevent 9/11</em>, et rapportées par <a href="http://www.iacfpa.org/clips/2003/sep/sep02.shtml"><em>Newsday</em></a> le 2 septembre 2003. Posner se base sur des informations obtenues auprès d’un agent de la CIA et d’un membre du gouvernement Bush. D’après lui, un membre éminent d’Al-Qaïda, Zubaydah, a révélé lors d’un interrogatoire que trois princes saoudiens et un officier pakistanais étaient au courant de la préparation des attentats. L’un des trois princes saoudiens est Ahmed Bin Salman Bin Abdul Aziz, le neveu du roi Fahd et un magnat de l’édition saoudienne. Le Pakistanais est Ali Mir, en charge de l’armée de l’air pakistanaise. Les deux autres princes auraient servi d’intermédiaires pour financer les Taliban et Al-Qaïda, en échange de la promesse faite à l’Arabie Saoudite qu’elle ne subirait pas d’attaque terroriste de leur part. Les quatre suspects sont depuis morts dans de curieuses circonstances. Le prince Ahmed est mort à l’âge de 43 ans d’une crise cardiaque en juillet 2002. Le lendemain mourait le deuxième prince d’un accident de la route. Une semaine plus tard, c’était au tour du troisième de mourir officiellement "<em>de soif dans le désert</em>". Enfin, sept mois plus tard, le maréchal pakistanais trouvait la mort dans un accident d’avion (voir aussi <a href="http://www.eric-laurent.com/">Eric Laurent</a>, <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/xric0_eric-laurent-tout-le-monde-en-parle_news"><em>Tout le monde en parle</em></a> sur France 2, 13e minute). Une coïncidence de plus...</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"></div><div align="justify"></div><strong><span style="font-size:130%;">Les tourments de Bob<br /></span></strong><div align="justify"></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Bob Graham, président du Comité du renseignement du Sénat, a maintes fois affirmé que des Etats étrangers avaient participé aux attentats du 11-Septembre. Et il a maintes fois pesté contre l'administration Bush qui censure les informations qui pourraient le prouver. Le 24 juillet 2003, un panel regroupant les comités de surveillance du Sénat et de la Chambre des Représentants américains publie, en dépit des réticences de la Maison Blanche, son <a href="http://www.gpoaccess.gov/serialset/creports/pdf/fullreport_errata.pdf">rapport</a> sur les attentats. Sur un total de près de 900 pages, la Maison Blanche est parvenue à en censurer 28 concernant, d’après de nombreuses fuites apparues dans la presse, l’implication du gouvernement saoudien dans la préparation et le financement des attentats. D'après le <em>New York Times</em>, les pages censurées indiqueraient que deux des pirates de l'air, Nawaf Alhazmi et Khalid Almihdhar, étaient en contact à San Diego avec deux Saoudiens, Omar al-Bayoumi et Osama Bassnan, probables agents du renseignement saoudien (<a href="http://web.archive.org/web/20030811230409/http://abcnews.go.com/wire/Politics/ap20030729_2136.html">Associated Press</a>, 29 juillet 2003 ; <a href="https://ssl.tnr.com/p/docsub.mhtml?i=express&s=ackermanjudis080103"><em>The New Republic</em></a>, 1er août 2003 ; <a href="http://www.commondreams.org/headlines03/0802-01.htm"><em>The New York Times</em></a>, 2 août 2003). </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Mais le Pakistan pourrait être aussi visé par le rapport. En effet, le 11 décembre 2002, alors que le rapport est déjà achevé et la censure des 28 pages connue, Bob Graham met en cause "<em>des gouvernements étrangers</em> [au pluriel] <em>[...]</em> <em>impliqués dans l'aide aux activités d'au moins quelques-uns des terroristes aux Etats-Unis</em>", ajoutant : "<em>Pour moi, c'est une question extrêmement importante et la plus grande partie de cette information est classifiée, je pense sur-classifiée. Je crois que le peuple américain devrait connaître l'étendue du défi auquel nous sommes confrontés en termes d'implication de gouvernements étrangers. [...] Je pense qu'il y a une preuve très convaincante qu'au moins quelques-uns des terroristes étaient assistés pas seulement dans le financement - bien que cela en ait fait partie - par un gouvernement étranger souverain et que nous avons failli à notre devoir de débusquer tout cela […]. Cela sera rendu public un jour ou l'autre lorsque le dossier sera déclassé, mais ce sera dans 20 ou 30 ans</em>" (<a href="http://www.pbs.org/newshour/bb/congress/july-dec02/intelligence_12-11.html">PBS</a>, 11 décembre 2002 ; voir <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-5060144744577701588"><em>9/11 Press For Truth</em></a>, 1h07).</div><div align="justify"></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Le 2 février 2004, il en rajoute une couche, il continue de se plaindre des pages censurées du rapport, et <a href="http://www.fas.org/irp/congress/2004_cr/graham020204.html">déclare</a> : "<em>L'administration Bush n'a pas seulement échoué à enquêter sur la participation d'un gouvernement étanger, elle a utilisé à mauvais escient la procédure de classification pour protéger les gouvernements étrangers qui ont pu être impliqués dans le 11-9. Il n'y a aucune raison pour l'administration Bush de continuer à protéger de soi-disant alliés qui soutiennent, directement ou indirectement, des terroristes qui veulent tuer des Américains</em>." </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Juste pour rire</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">George W. Bush censure des pages d'un rapport officiel qui semble prouver l'implication de l'Arabie Saoudite, et peut-être du Pakistan (en tout cas, Graham parle de plusieurs pays), mais il fait dans le même temps de jolis discours plein de bravoure sur sa volonté de fer à combattre les terroristes et leurs soutiens étatiques. Ainsi, le 1er mai 2003, le président américain déclare sur le pont d'envol du porte-avions Abraham Lincoln : "<em>Toute <strong>personne</strong> impliquée dans la perpétration ou la planification des attaques terroristes contre le peuple américain devient un ennemi de ce pays et une cible de la justice américaine. Toute personne, <strong>organisation</strong> ou gouvernement qui soutient, protège ou héberge des terroristes est complice du meurtre de l'innocent et également coupable des crimes terroristes. Tout <strong>régime</strong> hors-la-loi qui entretient des liens avec des groupes terroristes et cherche ou possède des armes de destruction massive constitue un grave danger pour le monde civilisé et sera affronté</em>" (<a href="http://www.cnn.com/2003/US/05/01/bush.transcript/">CNN</a>). La personne : Mahmoud Ahmad ? L'organisation : l'ISI ? Le régime : le Pakistan ? Il y a de l'ironie à ce que ces belles paroles aient été prononcées le lendemain du retour au grand jour du terroriste Mahmoud Ahmad à un poste prestigieux qui exigeait, pour l'obtenir, le soutien du gouvernement pakistanais... </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Indices à la pelle</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Enfonçons encore un peu plus sur le clou au sujet des liens flagrants entre le régime de Musharraf et Al-Qaïda. Le 30 avril 2001, le Département d’Etat américain publie son <a href="http://www.state.gov/s/ct/rls/pgtrpt/2000/index.cfm?docid=2432">rapport</a> <em>Modèles de terrorisme global</em> pour l’année 2000. Il décrit le Pakistan comme un soutien matériel, financier et militaire des Taliban, eux-mêmes soutiens du terrorisme international et de Ben Laden. Il est également dit que le Pakistan échoua à prendre les dispositions nécessaires pour freiner les activités de certaines madrasas, ou écoles religieuses, qui servent de bases de recrutement pour le terrorisme. Le 9 septembre, le <a href="http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/1535249.stm">commandant Massoud</a>, leader de l'Alliance du Nord, est officiellement assassiné par deux agents d'Al-Qaïda qui se font passer pour des journalistes marocains (<a href="http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/1534629.stm">BBC</a>, 10 septembre 2001). Mais le lendemain, l'Alliance du Nord fait cette déclaration : "<em>Ahmed Shah Massoud a été la cible d'une tentative d'assassinat organisée par l'ISI pakistanaise et Oussama Ben Laden</em>" (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2001/reuters100401.html">Reuters</a>, 4 octobre 2001 : "<em>deux terroristes qui étaient envoyés par Oussama Ben Laden, les services du renseignement du Pakistan, et les Talibans</em>"). Le 10 septembre, Ben Laden est soigné dans un hôpital militaire à Rawalpindi au Pakistan pour une dialyse des reins, escorté, d’après un employé de l’hôpital, par l’armée pakistanaise (CBS News, 28 janvier 2002 : voir <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-5060144744577701588"><em>9/11 Press For Truth</em></a>, 57e minute). Le 11 septembre 2002, on arrête Ramzi bin al-Shaibah au Pakistan (<a href="http://observer.guardian.co.uk/international/story/0,6903,792499,00.html"><em>The Observer</em></a>, 15 septembre 2002). Il est considéré comme l'un des leaders d'Al-Qaïda et l'une des rares personnes encore vivantes à connaître de l'intérieur les détails de l'opération du 11-Septembre (<a href="http://nucnews.net/nucnews/2002nn/0209nn/020913nn.htm#550"><em>The New York Times</em></a>, 13 septembre 2002). Autour du 1er mars 2003, on arrête Khalid Shaikh Mohammed, le "cerveau" du 11-Septembre, au Pakistan (<a href="http://web.archive.org/web/20030402001747/http://abcnews.go.com/wire/World/ap20030301_1271.html">Associated Press</a>). Et déjà le 7 février 1995, on procédait à l'arrestation de Ramzi Youssef, l'organisateur de l'attentat à la bombe contre le WTC en 1993, au Pakistan, dans une maison appartenant à Ben Laden.</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">ISI et Al-Qaïda : inséparables</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Les liens entre l'ISI et Al-Qaïda étaient encore mis en évidence dans un récent article édifiant de Roland Jacquard et Atmane Tazaghart, paru dans <em><a href="http://www.lefigaro.fr/magazine/20070720.MAG000000608_la_mosquee_rouge_centre_nevralgique_d_al_qaida.html">Le Figaro</a></em> du 20 juillet 2007, et intitulé "Pakistan : la Mosquée rouge, centre névralgique d'al-Qaida". On y apprenait que cette mosquée, véritable "<em>centre de recrutement et de formation de terroristes</em>", "<em>était fréquentée par les plus hautes autorités religieuses et militaires du Pakistan. Les généraux y tenaient leurs rendez-vous secrets</em>. <em>[...] Un agent de l'ISI résidait même en permanence à l'intérieur de la mosquée et assurait la protection des radicaux qui s'y réfugiaient. [...] Ce <strong>membre de l'ISI</strong> est celui qui servait d'<strong>instructeur pour les explosifs dans les camps d'al-Qaida</strong>, notamment à Shakar Dara. C'est lui qui avait manipulé Richard Reid, cet Anglais qui avait essayé de faire exploser l'avion du vol Paris-Miami le 22 décembre 2001 à l'aide d'explosifs cachés dans ses chaussures</em>". Les derniers mots de l'article étaient : "<em>Naturellement des questions restent posées sur le développement d'une telle situation dans la Mosquée rouge, à moins de 500 mètres du siège central des services secrets pakistanais, du quartier général des forces saintes pakistanaises et à quelques centaines de mètres du palais présidentiel et du ministère de l'Intérieur !</em>" </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Si l'ISI soutient largement Ben Laden, c'est aussi elle qui l'avait mis en relation avec les leaders taliban dès 1996 : "<em>Le but du Pakistan était de convaincre les Taliban de laisser Ben Laden faire fonctionner des camps d'entraînement pour des militants du Cachemire soutenus par l'ISI. Les Taliban acceptèrent. En retour, Ben Laden construisit une maison pour leur chef, le Mollah Omar, et finança certains autres de leurs hauts responsables</em>" (<a href="http://www.slate.com/default.aspx?id=116991"><em>Slate</em></a>, 9 octobre 2001).</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Omar, l'agent (au moins) double</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Si tout cela ne suffisait pas, il y a aussi l'affaire de l'enlèvement (le 23 janvier 2002) et du meurtre (le 31 janvier 2002) de Daniel Pearl, ce journaliste du <em>Wall Street Journal</em> qui enquêtait sur les liens entre l'ISI et des groupes islamistes militants. Omar Saeed Sheikh (<a href="http://online.wsj.com/article_email/SB1043257842359468224.html"><em>Wall Street Journal</em></a>, 23 janvier 2003) et Khalid Shaikh Mohammed (<a href="http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1101030203-411369,00.html"><em>Time</em></a>, 26 janvier 2003) semblent être les responsables de cet enlèvement : l'ISI et Al-Qaïda. Le 5 février 2002, Sheikh, dont l'implication dans l'enlèvement de Daniel Pearl a été découverte par la police pakistanaise avec l'aide du FBI, se rend - secrètement - auprès son ancien chef à l'ISI (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/bostonglobe020702.html"><em>Boston Globe</em></a>, 7 février 2002 ; <a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/vanityfair0802.html"><em>Vanity Fair</em></a>, août 2002). Durant une semaine, l'ISI retient Saeed, mais n'en informe pas la police pakistanaise ni personne d'autre (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/newsweek031102.html"><em>Newsweek</em></a>, 11 mars 2002). Plus tard, Saeed refusera de parler de cette semaine, disant simplement : "<em>Je connais des gens au gouvernement et ils me connaissent, ainsi que mon travail</em>" (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/vanityfair0802.html"><em>Vanity Fair</em></a>, août 2002). Et lorsque le FBI voudra l'interroger sur ses liens avec l'ISI, il répondra : "<em>Je ne parlerai pas de ce sujet. Je ne veux pas que ma famille se fasse tuer</em>" (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2002/newsweek031302.html"><em>Newsweek</em></a>, 13 mars 2002). </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Paul Thompson <a href="http://www.cooperativeresearch.org/context.jsp?item=a020602saeednamed#a020602saeednamed">remarque</a> que, dans les mois qui suivent, au moins 12 articles occidentaux mentionnent les liens de Saeed avec Al-Qaïda, y compris son financement du 11-Septembre, au moins 16 mentionnent ses liens avec l'ISI. Mais seuls quelques-uns considèrent que Saeed a pu être lié aux deux groupes en même temps, et apparemment un seul indique qu'il a pu être impliqué à la fois dans l'ISI, Al-Qaïda et le financement du 11-Septembre (<a href="http://mea.gov.in/bestoftheweb/2002/04/21bow02.htm"><em>London Times</em></a>, 21 avril 2002).</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Un étrange marché</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Autre élément troublant : alors que la guerre en Afghanistan se termine, fin novembre 2001, un couloir aérien est mis en place entre la ville assiégée (afghane) de Kunduz et le Pakistan, pour permettre la fuite des Pakistanais ayant combattu aux côtés des Taliban. Les avions pakistanais y volent régulièrement la nuit, et évacuent près de 5 000 combattants, parmi lesquels on trouve des milliers de membres d’Al-Qaïda et des Talibans (Seymour Hersh, <a href="http://mea.gov.in/bestoftheweb/2002/01/23bow01.htm"><em>The New Yorker</em></a>, 23 janvier 2002). Preuve supplémentaire des rapports étroits entre Al-Qaïda et le Pakistan. Mais ces mouvements aériens ne peuvent pas se produire sans que les Etats-Unis en aient connaissance. Il semble que Pervez Musharraf ait demandé aux Américains l'autorisation de mettre en place ce couloir aérien et ait gagné leur soutien en leur disant que l'humiliation de la perte de centaines, voire de milliers de militaires et agents du renseignement pakistanais menacerait sa survie politique. Le gouvernement américain ne reconnaîtra pas cet accord (<a href="http://s3.amazonaws.com/911timeline/2001/statedepartment111601.html">Département d'Etat</a>, 16 novembre 2001 : Rumsfeld déclare au sujet des ces convois : "<em>Si nous les voyons, nous les abattons</em>"), pas plus que le pakistanais, selon lequel aucun de ses militaires ne se trouvait en Afghanistan. Le 1er décembre 2001, le colonel Ken Allard, commentateur militaire pour NBC, affirmera qu’il existe sans doute une sorte de marché entre le Pakistan et les Etats-Unis (voir <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-5060144744577701588"><em>9/11 Press For Truth</em></a>, 57e minute). Reste à savoir si le marché comporte la fuite des Taliban et des combattants d'Al-Qaïda, ou si cette dernière s'est produite accidentellement.</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Interprétations</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">La connexion entre l'ISI et Al-Qaïda paraît avérée, et leur association dans l'exécution du 11-Septembre (avec d'autres sans doute). Mais que dire du silence américain sur cette connexion ? Comment expliquer la bienveillance des Etats-Unis avec leur curieux allié pakistanais ? Pourquoi s'obstiner à ne pas le sanctionner ? Deux pistes semblent envisageables. Soit les Etats-Unis soutiennent le Pakistan parce qu'ils sont complices de ses méfaits ; c'est l'hypothèse d'une ISI commandée par la CIA, ou, du moins, étroitement mêlée à elle. Soit les Etats-Unis (à peu près innocents) veulent défendre à tout prix leur allié stratégique au Moyen-Orient, malgré les forces hostiles - notamment au sein de l'ISI - qui le minent. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">La première explication nous ramène à la première guerre d'Afghanistan (de décembre 1979 à février 1989) entre l'Union Soviétique et les Moudjahidine, rapidement rejoints par <a href="http://www.pbs.org/wgbh/pages/frontline/shows/binladen/etc/cron.html">Oussama Ben Laden</a>. Dans le contexte de la Guerre froide, les Etats-Unis, via la CIA, soutiennent massivement les Moudjahidine. Mais la CIA ne les finance pas directement, elle fait passer secrètement l'argent par l'ISI. Des milliards de dollars de la CIA et des Saoudiens sont ainsi crédités par l'ISI pour appuyer la guerre, et créer, au passage, Ben Laden et les racines de son réseau (pour approfondir, lisez Alexandre del Valle, <a href="http://blog.alexandredelvalle.com/archives/3-Genese-Et-Actualite-De-La-Strategie-Pro-Islamiste-Des-Etats-Unis.html"><em>Genèse et actualité de la "stratégie" pro-islamsite des Etats-Unis</em></a>, 13 décembre 1998 - ou <a href="http://aristippe.blogspot.com/2007/09/del-valle.html">extraits</a> - ; voir <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-5060144744577701588"><em>9/11 Press For Truth</em></a>, 58e minute). Certains supposent que cette manière de fonctionner subsiste encore aujourd'hui, autrement dit que le 11-Septembre aurait été commis par Al-Qaïda, outil de l'ISI, elle-même outil de la CIA. Cela reste à démontrer. On peut rétorquer, face à cette hypothèse, qu'en Afghanistan dans les années 80, les Etats-Unis et les islamistes avaient un ennemi commun, l'URSS. L'association était compréhensible. Mais aujourd'hui ? Quel pourrait être l'intérêt commun du Pakistan - ou de l'ISI - et des Etats-Unis ? La question est posée.</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Seconde explication possible à cette attitude très courtoise des Américains à l'égard du principal vivier de terroristes au monde : les Etats-Unis doivent impérativement conserver le Pakistan parmi leurs alliés pour servir leurs objectifs stratégiques au Moyen-Orient, ils doivent donc le préserver de l'islamisme au pouvoir et, pour cela, ne pas le malmener, et choyer le "pro-Américain" Musharraf (sachant que tout autre dirigeant sera probablement pire pour eux). C'est la vision du journaliste Seymour Hersh : "<em>L'administration Bush a engagé son prestige, et les Américains leur argent, derrière Musharraf, dans le pari - jusqu'ici réussi - qu'il continuera de tenir le Pakistan, et son arsenal nucléaire, loin du fondamentalisme. Le but est de stopper le terrorisme nucléaire, aussi bien que le terrorisme politique</em>" (<a href="http://mea.gov.in/bestoftheweb/2002/01/23bow01.htm"><em>The New Yorker</em></a>, 23 janvier 2002). Le Pakistan est un pays vulnérable, qui deviendrait une considérable menace si son armement nucléaire tombait aux mains des islamistes les plus radicaux. Ainsi donc, on préférerait étouffer l'affaire Mahmoud Ahmad, et, aussi incongrue soit cette décision, rallier le Pakistan à la coalition antiterroriste pour ne surtout pas le voir se retourner définitvement contre soi. Le <a href="http://www.state.gov/s/ct/rls/pgtrpt/2000/index.cfm?docid=2432">rapport</a> du Département d’Etat américain du 30 avril 2001, <em>Modèles de terrorisme global</em>, après avoir décrit le Pakistan comme un sponsor du terrorisme, <a href="http://www.state.gov/s/ct/rls/rm/2001/2571.htm">spécifiait</a> que le Pakistan était un cas épineux, dans la mesure où il aidait aussi les Etats-Unis dans leur lutte contre le terrorisme. Malgré son double jeu, on avait envie de lui donner toutes ses chances d’évoluer dans la bonne direction. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Stratégie</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Comme l'écrit Bernard-Henri Lévy dans <em>Qui a tué Daniel Pearl ?</em>, "<em>l’éventuelle responsabilité pakistanaise dans l’attentat du 11 septembre [...] reste <strong>le grand non-dit</strong> de l’Amérique de George Bush et Donald Rumsfeld : tenir pour […] une coresponsabilité de l’ISI dans l’attaque, n’équivaudrait-il pas à remettre en cause tout le bâti d’une politique étrangère qui, à l’époque déjà, faisait de l’Irak la figure même de l’ennemi et du Pakistan un pays allié ?".</em> Le <a href="http://video.google.fr/videoplay?docid=-6142559562534513040&q=ben+laden+les+rat%C3%A9s+d">documentaire</a><em> Ben Laden, les ratés d’une traque</em> revient sur le double jeu pakistanais et nous éclaire sur l'intérêt stratégique que représente le Pakistan pour les Américains : "<em>Le Pakistan est très important géopolitiquement pour les Américains, qui le voient comme une base arrière pour un scénario à venir dont l’Iran fait partie, avec son président. Mais surtout la Chine, qui est de plus en plus active dans la région</em>" (Shabir Ahmad Khan, parlementaire pakistanais proche des Frères musulmans). Bien sûr, maintenant, il faudrait évoquer le pétrole et les futures guerres des ressources... et la volonté farouche des Américains de demeurer la seule super-puissance au XXIe siècle...</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Le Pakistan n'est qu'un angle d'approche du 11-Septembre. Tout ne s'y réduit évidemment pas. Mais c'est un angle néanmoins crucial, trop souvent délaissé. De nombreux faits troublants et peu connus sont là, bien rapportés par quelques journalistes scrupuleux et courageux. Il reste à les interpréter, à saisir les intentions des uns et des autres. C'est le travail le plus décisif, mais aussi le plus incertain. </div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-52486544516394763672007-09-10T04:39:00.000+00:002007-09-10T16:24:25.826+00:00La stratégie pro-islamiste des Etats-Unis<div align="justify">Extraits de <a href="http://blog.alexandredelvalle.com/archives/3-Genese-Et-Actualite-De-La-Strategie-Pro-Islamiste-Des-Etats-Unis.html"><em>Genèse et actualité de la "stratégie" pro-islamiste des Etats-Unis</em></a>, par Alexandre del Valle, 13 décembre 1998 :<br /><br />"<em>Depuis la <strong>fin des années soixante-dix</strong>, les États-Unis ont, indirectement ou directement, involontairement ou volontairement, <strong>soutenu des mouvements islamistes</strong>, principalement <strong>sunnites</strong>. Ce constat peut surprendre, si l'on se réfère aux raids américains contre des bases terroristes d'Oussama Bin Laden durant l'été 1998, eux-mêmes consécutifs aux attentats anti-américains perpétrés le 7 août à Dar es-Salam et Nairobi. [...] Les États-Unis ont pour <strong><span style="color:#ff0000;">priorité</span></strong> de conserver une <strong>emprise sur les réserves d'hydrocarbures du Moyen-Orient</strong>. Il s'agit par conséquent de contrarier les mouvances les plus modernistes (Irak) et révolutionnaires (Libye, Iran) de l'islam, désireuses d'échapper à "l'impérialisme économique" américano-saoudien, et de <strong>s'appuyer sur les régimes les plus conservateurs (souvent fondamentalistes)</strong> dépendants de l'Occident, afin de renforcer la présence des sociétés américaines dans ces zones. Ceci permet de comprendre pourquoi Washington a soutenu, depuis les années 70, des mouvements islamistes sunnites allant des Frères musulmans syriens aux Taliban afghans et à la Gamaà égyptienne, en passant par le FIS, les Islamistes bosno-albanais, sans oublier les Wahhabites saoudiens, précurseurs et financiers de la mouvance islamiste sunnite. Les "atlantistes" européens devraient donc prendre conscience que les Américains, s'ils ne sont pas des "ennemis", n'en défendent pas moins avant tout - et cela est légitime - leurs intérêts propres, y compris lorsque la défense de ceux-ci passe par des <strong><span style="color:#ff0000;">alliances tactiques</span></strong> avec des <strong>régimes que les valeurs de la nation américaine semblent condamner et qui menacent les Etats européens</strong></em>."<br /><br />"<em>Dans les années 70 [...] le prix des hydrocarbures augmentera suite à la guerre d'octobre 1973, une <strong>hausse du cours du brut <span style="color:#ff0000;">provoquée</span> par les pays arabes producteurs de pétrole mais également par les sociétés pétrolières américaines</strong>. Ceci aura pour conséquence l'enrichissement considérable des pays musulmans producteurs, notamment l'<strong><span style="color:#ff0000;">Arabie Saoudite</span></strong> - dont les revenus annuels sont passés, entre 1973 et 1978, de 4,35 à 36 milliards de dollars - qui investira une grande partie de ses rentes dans la promotion de l'islam hanbalite, celui dont s'inspirent les islamistes sunnites et les wahhabites. Le lit de l'islamisme sera par conséquent préparé dans un premier temps par <strong>la promotion d'un islam fondamentaliste dont</strong> <strong>l'introduction au sein des législations des États musulmans</strong> <strong>sera la</strong> </em><strong><span style="color:#ff0000;"><em>condition</em> sine qua non</span> <em>de l'aide au développement</em></strong><em>. La quasi totalité des <strong>réseaux islamistes</strong> implantés au Proche-Orient, en Afrique et en Occident, seront ainsi <strong>financés par l'État saoudien</strong> et par le biais d'institutions islamiques internationales qu'il contrôle...</em>"<br /><br />"<em>Le saoudien <strong>Oussama Bin Laden</strong>, dont la fortune est estimée à 300 millions de dollars (1,8 milliard FF), est ainsi considéré comme l'un des plus importants <strong>financiers des islamistes</strong> dans le monde. Officiellement désavoué aujourd'hui par le royaume saoudien, et réfugié en Afghanistan, le milliardaire continue de financer les réseaux islamistes <strong>sunnites</strong> à travers le monde. <strong>Financier des Taliban</strong>, qui lui sont redevables et refusent pour cela de le livrer aux Américains, Bin Laden reste <strong>en contact étroit avec sa famille</strong>, l'une des plus riches du Royaume saoudien, ainsi qu'avec le clan ultra puissant des Sudaïri, auquel appartient le <strong>prince Turki Ibn-Fayçal, chef des <span style="color:#ff0000;">services secrets saoudiens</span>, avec qui Bin Laden avait créé la "Légion islamique" afghane dans les années 80, milice directement soutenue par la <span style="color:#ff0000;">CIA</span> et Riyad.</strong> Ibn-Fayçal demeure en étroite relation avec les Talibans, en particulier avec le Mollah Omar, leur chef suprême. Aujourd'hui, Bin Laden est d'autant plus dangereux pour les Américains qu'il constitue une <strong>preuve compromettante</strong> démontrant que "l'ennemi islamiste", tant désigné depuis peu par la presse et le pouvoir américains, a été <strong>enfanté et réveillé par Washington</strong></em>."<br /><br />"<em>Décidée à <strong>déstabiliser "l'empire du mal"</strong>, la <strong><span style="color:#ff0000;">CIA</span></strong> mit sur pied, entre 1977 et 1978, en collaboration avec les services spéciaux turcs et saoudiens, des <strong>réseaux de propagande</strong> islamiste destinés à infiltrer les mouvements nationalistes musulmans et le clergé sunnite en Asie centrale. Des exemplaires du Coran et de la littérature interdite par Moscou, sur les héros de guerres anciennes contre les Russes, tel Chamil, furent introduits en masse, ainsi que des armes. Ces réseaux furent organisés sous l'autorité du patron du Conseil national de sécurité (NSC), <strong>Zbigniew Brzezinski</strong>, qui parvint à convaincre Carter de jouer la <strong>carte islamique</strong> pour affaiblir l'Union soviétique. L'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique en décembre 1979 surviendra à point nommé et elle fera basculer dans le camp de Brzezinski les officiels américains réservés vis-à-vis de la stratégie islamiste. Dans ses Mémoires (From the Shadows, éd Simon and Schuster, 1997), l'ancien directeur de la CIA <strong>Robert Gates</strong> affirme même que les services secrets américains avaient aidé les moujahidîn, en rébellion contre Najibullah, <strong><span style="color:#ff0000;">dès le 3 juillet 1979, soit six mois avant l'invasion soviétique</span></strong>. Zbigniew Brzezinski confirme ce fait lorsqu'il déclare que la CIA aurait en fait, à travers cette opération clandestine, "<strong>sciemment</strong> augmenté la probabilité de l'invasion soviétique" et réussi ainsi à "<strong>attirer</strong> les Russes dans le piège afghan".</em>"<br /><br />"<em>Quelques jours à peine après l'invasion de l'Afghanistan, <strong>Carter</strong> décida de se rapprocher du <strong>Pakistan</strong>, alors dirigé par le général islamiste Zia-Ul-Haq, et il promit à ce dernier, le 4 janvier 1980, lors de sa déclaration télévisée, que les États-Unis défendraient son pays contre la menace soviétique toute proche, conformément aux accords de défense américano-pakistanais. Après l'élection de <strong>Ronald Reagan</strong>, la nouvelle administration accepta totalement les plans du Conseil National de Sécurité et de la CIA élaborés sous Carter, sachant pourtant que le <strong><span style="color:#ff0000;">prix de cette aventure</span></strong> serait la <strong>radicalisation de l'islamisme anti-occidental</strong> un peu partout dans le monde. Les États-Unis décidèrent alors de monter <strong>la plus grande opération clandestine jamais réalisée depuis 1945</strong>.</em>"<br /><br />"<em><strong>William Casey</strong>, chef de la CIA, et le Prince <strong>Turki Bin Fayçal</strong>, chef des services secrets saoudiens, toujours en fonction, ne voulant pas que Washington et Riyad fussent mêlées de trop près aux opérations en Afghanistan, ce furent les <strong><span style="color:#ff0000;">services secrets pakistanais, l'Inter Service Intelligence (ISI)</span></strong>, qui se chargèrent de <strong>recruter les combattants islamistes</strong> et de <strong>ventiler l'aide financière</strong> aux Moudjahidiîn. Ils confieront une partie du travail à des Frères musulmans arabes et au parti islamiste pakistanais Jamaat-i-Islami, d'où sont issus nombre de conseillers du Général Zia-Ul-Haq. La CIA fit donc livrer les premières armes aux rebelles afghans dès janvier 1980, <strong>via l'ISI</strong> : fusils Enfield 303, lance-roquettes RPG-7 et kalachnikovs en provenance d'Égypte</em>."<br /><br />"<em>En mars 1985, le président Reagan décida d'augmenter l'aide aux moudjahidîn, rebaptisés <strong>pour les médias</strong> "combattants de la Liberté". William Casey, qui avait fait l'année précédente une visite au Pakistan, avait émis des <strong>appréciations tellement positives sur l'ISI, pourtant ouvertement fondamentaliste</strong>, que dès 1985, le montant de l'aide américaine pour les Moudjahidîn fut doublé", confirme Assem Akram. C'est ainsi qu'au terme de négociations secrètes, Ronald Reagan signa la Directive de Décision de Sécurité Nationale - NSDD - n° 166 autorisant la livraison de 1000 missiles antiaériens Stinger. La CIA étant réticente au départ, ce sera le <strong>Conseil national de sécurité</strong>, en la personne de Vincent Cannistraro, agent de la CIA devenu directeur du programme espionnage au NSC, qui parviendra à faire admettre ses vues auprès du président américain</em>."<br /><br />"<em>"Moudjahidîn, vous n'êtes plus seuls, votre combat est le nôtre", lança Ronald Reagan en janvier 1988. Entre 1980 et 1989, la résistance afghane recevra des Américains près de <strong>quinze milliards de dollars d'assistance militaire</strong>. La CIA et les Pakistanais recrutèrent alors, parmi les sept groupes fondamentalistes d'Islamabad, <strong>le plus déchaîné des chefs rebelles</strong>, Gulbudin Hekmatyar, chef du parti islamiste Hezb-islami, trafiquant de drogue ambitieux et féroce</em>."<br /><br />"<em>Outre la volonté de nuire à Moscou, les Américains envisageaient d'<strong>encourager un fondamentalisme sunnite et conservateur</strong>, allié de Washington et pouvant <strong>neutraliser l'expansion de l'islamisme chiite</strong>. <strong><span style="color:#ff0000;">L'embryon d'une "Internationale islamiste sunnite" prit donc corps</span></strong> dans le contexte de la guerre d'Afghanistan autour de personnages clés tels que Qazi Hussein Ahmed, dirigeant du Jamàat islami pakistanais, <strong>Bin Laden, qui faisait le <span style="color:#ff0000;">lien</span> entre services secrets saoudiens, américains, pakistanais et volontaires arabes, et d'autres islamistes</strong> proches des Frères musulmans et du Gamaà égyptien, notamment son chef <strong>Omar Abdel Rahmane</strong>, impliqué dans <strong>l'attentat du World Trade Center</strong>, et dont les deux fils se trouvent toujours aux côtés des Talibans. [...] Les fondamentalistes de tous les pays musulmans furent alors <strong>encouragés à aller faire le jihad</strong> en Afghanistan et au Cachemire ou à s'entraîner à Peshawar (base-arrière pakistanaise des mudjahidîn). Au début des années 80, 3 000 arabes combattaient en Afghanistan. Quelques années plus tard, il seront 16 000 auprès de Hekmatyar et Bin Laden. Dès 1984, en effet, "des milliers de militants islamistes, parmi les plus remuants du Proche-Orient, partent pour l'Afghanistan. Un riche Saoudien, <strong>Oussama Bin Laden, coordonne leur recrutement</strong>", écrit Olivier Roy, spécialiste de l'Asie centrale au CNRS. A Peshawar, ils sont pris en charge par le bureau des services, un organisme dirigé par Abdullah Ezzam, Jordanien fondateur de la Légion islamique. En 1982, un centre de recrutement pour combattants islamistes, le "El-Kifah Center", avait déjà été ouvert <strong>par la CIA, à Brooklyn</strong> - sous l'autorité de William Casey. La direction en avait été confiée à l'égyptien Mustafa Shalabi, ami de Abdullah Ezzam. Les volontaires recrutés dans ce centre seront autorisés à s'entraîner à tirer au High Rock Shooting Range de Naugatuck <strong>dans le Connecticut</strong>. 17 centres semblables à l'El-Kifah Center seront ouverts par la suite dans d'autres <strong>Etats de l'Union</strong>. Malgré l'opposition progressive du département d'Etat, <strong>l'aide américaine aux combattants islamistes afghans et pakistanais fut en partie <span style="color:#ff0000;">maintenue </span>après le retrait des Soviétiques</strong> des maquis afghans (février 1989). "Les camps installés en zones tribales afghanes et destinés naguère à former des Moudjahidîn anti-soviétiques n'ont <strong>jamais été fermés</strong>. Les réseaux internationaux continuent de recruter pour toutes les jihad en cours : Etat islamique en Afghanistan, Yémen avant 1994, Cachemire, Bosnie et désormais, Etats-Unis". Rappelons tout de même que le <strong>GIA</strong> et le <strong>FIS</strong> sont les créations des "Afghans", jadis <strong><span style="color:#ff0000;">entraînés par la CIA et l'ISI</span></strong> [...]. Les chefs du mouvement islamiste égyptien Gammaà Islamiyya : Fouad Qassim et Ahmed Taha, sont également d'anciens "afghans", comme <strong>Ahmed Zawahiri</strong>, dirigeant du Jihad égyptien, qui cosigne les communiqués terroristes de Bin Laden. Concernant la rébellion islamiste du Cachemire, le mouvement Harakat al Ansar dispose de camps d'entraînements dans la province afghane de Khost (qui fut la principale cible du bombardement américain du 21 aout 1998). Enfin, le chef présumé du groupe qui a commis l'attentat de Louxor contre les touristes européens en septembre 1997 (Mohammad Abdel Rahmane) est aussi un "afghan". <strong>Les Etats-Unis portent donc une <span style="color:#ff0000;">responsabilité écrasante</span> dans l'exacerbation de la menace islamiste anti-occidentale</strong> qui surgit un peu partout dans le monde, même si le monstre enfanté semble peu à peu <strong>échapper à son concepteur</strong>. Avec la guerre du Golfe (1990-1991) et à la suite de la chute de l'Union soviétique (1991), la stratégie pro-islamiste de Washington connaîtra un <strong>premier infléchissement</strong>. La présence de soldats "Infidèles" en Arabie, terre du Prophète, est insupportable aux yeux des anciens collaborateurs islamistes des Américains. La stratégie confessionnelle américaine semble alors être<strong> remise en question</strong>, surtout avec l'attentat du World Trade Center de février 1993 à New York, auquel succéderont ceux de novembre 1995 contre une caserne en Arabie Saoudite et de juin 1996 contre des militaires américains à Khobar. <strong>Pourtant</strong>, des figures de l'islamisme radical comme Rachid Ghannouchi, coordinateur de nombreux réseaux islamistes en Occident, déclarent que "les Américains sont plus conciliants que les Européens à l'égard de l'Islam", rappelant le fait que les Américains avaient cautionné la tentative d'insurrection fomentée par le parti islamiste En-Nahda contre les autorités tunisiennes. [...] Concernant l'Afrique du Nord en général, Jack Covey déclarera au Congrès, en mai 1991, qu'il était "<strong>nécessaire d'intégrer les partis islamiques</strong> dans les nouvelles sociétés démocratiques en Afrique". Plus récemment, le Département d'Etat <strong>déplorait l'interdiction des formations intégristes</strong> comme l'ex-"Parti de la Prospérité", rebaptisé "Parti de la Vertu", chassé du pouvoir par un coup d'Etat perpétré fin 1997 par l'Armée turque. La guerre du Golfe fut l'occasion, pour la plupart des mouvements islamistes, de fustiger l'Arabie Saoudite et le "Grand Satan" américain. Mais, comme l'explique Ghassan Salamé, "les mouvements islamistes n'ont pas tous soutenu l'Irak". [...] <strong>Le Pakistan fondamentaliste soutint [...] l'intervention américaine</strong>. L'Iran s'aligna sur les positions occidentales. Pour ce dernier, comme pour la plupart des islamistes, <strong>le régime irakien demeurait coupable de s'être éloigné de l'islam</strong></em>."<br /><br />"<em><strong>En dépit des attentats</strong> anti-américains du World Trade Center de février 1993 et du 7 aout 1998, contre les ambassades américaines en Afrique, et dont les inculpés étaient tous d'anciens "afghans", Washington ne semble <strong>pas avoir réellement remis en cause son <span style="color:#ff0000;">soutien</span> aux mouvements et États fondamentalistes</strong>. Le département d'État ne partage pas la méfiance des officiels européens, surtout français, vis-à-vis de l'islamisme, considérant improbable le phénomène de contagion à toute l'Afrique du Nord et au reste du monde musulman</em>."<br /><br />"<em>D'après le général Salvan, cette <strong>bienveillance</strong> à l'égard de l'islam fondamentaliste découle de <strong>l'idéologie religieuse puritaine</strong>, d'essence également fondamentaliste, qui fut <strong>à l'origine de la déclaration d'indépendance des États-Unis</strong>. Aux antipodes de la tradition laïque de la France, les officiels américains rappellent l'importance de la religion dans l'édification de l'Amérique et citent la Bible comme inspiratrice de leur constitution. "Les valeurs musulmanes d'engagement personnel dans la foi et de service à la société sont des valeurs universelles. Ce sont des <strong>valeurs que nous partageons tous</strong>", déclarait le 1er mars 1995 Bill Clinton aux musulmans américains, à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd el-Fitr. "Les valeurs traditionnelles de l'islam sont <strong>en harmonie avec les idéaux les meilleurs de l'Occident</strong>", poursuivait le président américain quinze jours plus tard lors de la visite du roi Hassan II. Autant de déclarations qui furent <strong>chaleureusement accueillies jusqu'au sein de la mouvance islamiste</strong></em>."<br /><br />"<em>Sur le plan extérieur, la <strong>stratégie pro-islamique de Washington</strong> repose principalement sur une <strong>analyse géopolitique à long terme</strong>, même si cela peut surprendre. Les Etats-Unis considèrent en effet <strong>l'Asie centrale et les contrées musulmanes <span style="color:#ff0000;">pétrolifères et gazières</span> de l'ex-Union soviétique comme la zone stratégique la plus importante du monde</strong>. Dans son dernier ouvrage, Zbigniew Brzezinski explique ainsi que l'enjeu principal pour l'Amérique est cette "<strong>Eurasie</strong>", vaste ensemble allant de l'Europe de l'Ouest à la Chine via l'Asie centrale. Brzezinski explique que les Etats-Unis sont <strong>décidés à <span style="color:#ff0000;">tout faire</span> pour demeurer l'unique superpuissance mondiale</strong> et pour empêcher les Russes de redevenir un concurrent sérieux. La stratégie américaine de <strong>"ceinture verte"</strong> contre l'empire soviétique a donc été reconduite <strong>contre la Russie post-communiste</strong>, ce qui fonde le géopolitologue François Thual à parler de "néo-containment" contre la puissance russe dont Washington craint les velléités "anti-hégémoniques". Le Pentagone profite en fait de l'atténuation du rôle international de la Russie pour conquérir petit à petit les anciennes aires d'influence soviétique, d'autant plus stratégiques qu'elles constituent des zones de <strong>réserves d'hydrocarbures</strong> susceptibles de <strong>diminuer à terme la</strong> <strong>dépendance énergétique des Etats-Unis envers les pays du Golfe</strong>, la diversification des sources d'approvisionnement étant devenue l'une des <strong><span style="color:#ff0000;">priorités</span></strong> américaines.</em>"<br /><br />"<em>La politique <strong>pro-islamiste</strong> des États-Unis participe en fait d'un <strong>pragmatisme poussé parfois à l'extrême</strong>. "Les Américains veulent améliorer leur réputation auprès des fondamentalistes, afin de diminuer les chances d'être à nouveau considérés comme l'ennemi implacable de l'islam", écrit Edward G. Shirley, pseudonyme d'un ancien spécialiste de l'Iran à la CIA. Il s'agit donc d'établir des relations avec les islamistes les moins anti-américains, <strong>les <span style="color:#ff0000;">dégâts</span> susceptibles d'être causés par ces derniers aux Américains étant jugés négligeables par rapport aux <span style="color:#ff0000;">dividendes</span> qu'une bienveillance à leur endroit pourrait rapporter à long terme</strong>, au cas ils accéderaient au pouvoir</em>."<br /><br />"<em>Mais jusqu'aux attentats anti-américains du 7 aout 1998, l'une des plus éclatantes confirmations de la pérennité de la stratégie américaine pro-islamiste fut le <strong>soutien</strong> apporté, dès 1994, par Washington <strong>aux ultra-fondamentalistes taliban</strong> qui prirent le contrôle - en mai 1997, avec la prise de Mazar-i-Charif, de la quasi totalité de l'Afghanistan. Après avoir soutenu Gubuldin Hekmatyar jusqu'à son échec en 1995, le Pentagone apporta son soutien aux Taliban, <strong>nouveaux préférés de l'armée pakistanaise</strong>, dans le cadre de sa <strong><span style="color:#ff0000;">coopération avec l'ISI</span></strong>. Après l'échec de Hekmatyar, les Taliban étaient censés, d'après les nouvelles orientations de Washington, <strong>rétablir l'ordre et la stabilité en Afghanistan</strong>, notamment afin que la société <strong>UNOCAL</strong> puisse poursuivre ses projets de construction de canalisations devant transporter le <strong>pétrole</strong> et le <strong>gaz</strong> du Turkménistan vers l'Europe et le Pakistan via l'Afghanistan</em>."</div><br /><div align="justify">"<em>C'est <strong>en utilisant la méfiance des musulmans envers les puissances coloniales européennes</strong> que Washington parvint à obtenir du Roi Ibn Séoud, le 29 mai 1933, la première concession pétrolière pour la partie orientale de l'Arabie Saoudite. Celle-ci revint à la Californian Arabian Standard Oil ­ (Aramco). À l'instar des Frères musulmans actuels ou des dirigeants du FIS, les très puritains wahhabites fustigeaient la civilisation occidentale, donc américaine. Mais les Américains, en tant que partenaire commercial, leur offraient des garanties de technicité et de coopération dépourvues de relents colonialistes. L'accord implicite était le suivant : "<strong>Vous nous <span style="color:#ff0000;">laissez</span> appliquer la loi islamique et régner en Arabie Saoudite selon nos valeurs anti-occidentales et nous <span style="color:#ff0000;">coopérons</span> économiquement avec vous</strong>". Or ce genre d'accord allait devenir le paradigme de la <strong><span style="color:#ff0000;">stratégie "islamo-pétrolière" des États-Unis</span></strong></em>." </div><br /><div align="justify">"<em>Aujourd'hui, Washington continue à exploiter le discrédit dont souffrent les anciennes puissances coloniales européennes espérant être <strong>l'unique bénéficiaire des contrats d'exploitation d'hydrocarbures</strong>, dont les plus importants gisements sont situés <strong>dans l'Eurasie islamique</strong>. En effet, si l'on prend en compte les réserves du Golfe, d'Afrique du Nord et d'Asie centrale, ce sont près de <strong><span style="color:#ff0000;">75 % des réserves mondiales</span></strong> prouvées qui sont entre les mains du <strong>monde musulman</strong>. Par conséquent, les États-Unis, qui veulent épuiser le moins vite possible leurs réserves, entendent continuer à <strong>contrôler le trafic pétrolier</strong> et à bénéficier du rôle privilégié que joue le dollar dans celui-ci. Volonté que le secrétaire adjoint en charge des Proche et Moyen-Orient, Robert Pelletreau, rappela le 6 avril 1995 devant la commission des Relations internationales du Congrès : "Les priorités américaines dans la région sont : négocier et développer des <strong>accords de sécurité</strong> dans la région du Golfe afin d'en assurer la stabilité et l'accès aux réserves pétrolières vitales pour notre prospérité économique ; <strong>assurer l'accès aux entreprises américaines</strong> dans la région"</em>." </div><br /><div align="justify">"<em>Le Turkménistan est crédité de réserves de gaz de l'ordre de 4 500 milliards de mètres cubes et les réserves de pétrole que renferme le Kara Koum sont évaluées à 6 milliards de barils. Il retient donc lui aussi toute l'attention des compagnies pétrolières (Unocal, Delta Oil, Mobil, Monument, Bridas, Petronas), engagées dans différents projets de construction de canalisations qui transporteraient du gaz et du pétrole turkmènes vers le Pakistan et l'Inde. L'Iran, à cause des royalties escomptées pour le passage des canalisations sur son sol, et l'Arabie Saoudite, parce que sa société Delta Oil est candidate, proposent <strong>deux projets de tracés opposés</strong>, respectivement soutenus, d'une part, par <strong><span style="color:#ff0000;">les Américains, les Saoudiens et les Taliban </span></strong>; d'autre part, par <strong>les Russes et les Iraniens</strong>. Le premier concerne la construction d'un <strong><span style="color:#ff0000;">oléoduc qui traverserait l'Afghanistan</span></strong> et déboucherait dans un port pakistanais au nord de Karachi (Gwadar). Ce projet, dont le coût s'élèverait à 2,6 milliards de dollars, irait de pair avec celui visant à construire un <strong>gazoduc </strong>de 1 300 km de longueur reliant le Turkménistan au Pakistan et à l'Inde via la zone ouest de l'Afghanistan. Ces deux plans sont soutenus par la compagnie américaine <strong>Unocal </strong>et la saoudienne <strong>Delta Oil</strong> et leur réalisation dépend d'un<strong> retour de l'Afghanistan à la stabilité</strong>. Chris Taggart, vice-président d'Unocal, admettait d'ailleurs que "la domination des <strong>Taliban</strong> pourrait être un <strong><span style="color:#ff0000;">facteur positif</span></strong>" pour la réalisation du tracé et que "les récents événements étaient susceptibles de favoriser le projet", envisageant une reconnaissance des Taliban par les États-Unis. C'est ainsi que Washington reçut en février <strong>1997</strong> des délégations de Taliban, afin de trouver avec eux un terrain d'entente alliant le retour de la stabilité à la construction de canalisations ; que des bureaux d'Unocal ont été ouverts à Kaboul en mars 1997 ; et que la compagnie américaine s'est vu confier par les Taliban la tâche de former les Afghans (ouverture d'un centre à Kandahar) à la technologie des pipelines. Alors que les États-Unis avaient jugé inopportun de rouvrir leurs ambassades à Kaboul sous les gouvernements Rabbani et Massoud, <strong>ils s'empressèrent de reconnaître le pouvoir des Taliban</strong> lorsque ceux-ci prirent le contrôle de la capitale afghane le 26 septembre 1996, le département d'État publiant pour l'occasion un communiqué qualifiant de "<strong>positive</strong>" leur victoire et annonçant l'envoi d'une délégation officielle à Kaboul. "Le projet de gazoduc reliant le Turkménistan au Pakistan, répond à deux priorités américaines : assurer une liaison directe pour évacuer les hydrocarbures d'Asie centrale et de la Caspienne, où les compagnies américaines investissent massivement ; <strong>renforcer l'isolement de l'Iran</strong>, qui est [pourtant] le candidat naturel au tracé du gazoduc". Concernant le second projet, Téhéran, avec Ankara, cette fois-ci, estime que le tracé au départ du Turkménistan doit contourner l'Afghanistan et traverser la Turquie. Ces intérêts contraires à ceux des Saoudiens expliquent en partie <strong>la haine qui oppose violemment Téhéran aux Talibans, favoris de Riyad</strong></em>." </div><br /><div align="justify">"<em>Depuis les représailles américaines d'<strong>août 98</strong> visant à détruire les bases d'entraînements terroristes de Bin Laden en Afghanistan et au Soudan, <strong>Américains et Talibans <span style="color:#ff0000;">semblent</span> être devenus des ennemis irréductibles</strong>, ce qui infirmerait la thèse de l'alliance objective islamo-américaine. En fait, les Talibans sont les obligés de leur financier Bin Laden, qui est la véritable cible des raids américains, et Madeleine Albright elle-même a déclaré officiellement, le 18 août 1998, que <strong>les Talibans pourraient être reconnus par Washington</strong> "s'ils cessaient d'héberger ceux qui sont considérés comme des terroristes", notamment Bin Laden, réclamé depuis 1996 par Washington depuis qu'il a été reconnu responsable d'attentats anti-américains commis entre 1991 et 1994 aux Etats-Unis et en Arabie Saoudite.</em>"</div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-60635974187753307532007-08-30T14:55:00.000+00:002007-08-30T21:32:36.146+00:00Espagne - France<div align="justify"><span style="font-family:georgia;">Sans doute le match des Bleus le plus <strong><span style="color:#3333ff;">fort en émotion</span></strong> de toute l'ère Zidane : le huitième de finale de la Coupe du Monde 2006 contre l'Espagne. Le plus fort, car on savait qu'une défaite française signifierait la fin de carrière de Zidane. Or, la France, calamiteuse au premier tour, affrontait la meilleure équipe du premier tour (avec l'Argentine). Les plus optimistes prévoyaient une courte victoire de l'Espagne. Les plus pessimistes une véritable déculottée pour les Français, et une sortie par la toute petite porte pour Zidane. Le résultat en images :</span><br /></div><br /><object height="335" width="425"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/3gc4lQs4BkD0g4KCj"><param name="allowfullscreen" value="true"><embed src="http://www.dailymotion.com/swf/3gc4lQs4BkD0g4KCj" type="application/x-shockwave-flash" width="425" height="335" allowfullscreen="true"></embed></object><br /><p align="justify"><span style="font-family:georgia;">Les Français dominent complètement le match, dégagent une impression de force qu'on n'avait pas connue depuis longtemps, et triomphent, grâce à trois buteurs symboliques "black-blanc-beur" : </span><a href="http://www.dailymotion.com/video/x6itg_espagne-france-11_sport"><span style="font-family:georgia;">Ribéry</span></a><span style="font-family:georgia;">, le jeune espoir appelé en sélection à la dernière minute, et qui marque ici son premier but en Bleu ; Vieira, le joueur le plus décrié avant la Coupe du Monde, pas à son niveau, et qui s'avérera être le meilleur Français du Mondial ; et </span><a href="http://www.dailymotion.com/video/x6gsb_but-zidane-espagnefrance"><span style="font-family:georgia;">Zidane</span></a><span style="font-family:georgia;"> le Madrilène, qui, à la toute dernière seconde, cloue le bec aux Espagnols qui l'avaient chambré et lui promettaient que ce match serait son jubilé. Toujours aussi jouissif de revivre ce moment...</span></p>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-80478168377704559072007-08-29T12:49:00.001+00:002007-08-29T13:22:19.581+00:00Stellar<embed src='http://www.brightcove.com/playerswf' bgcolor='#FFFFFF' flashVars='allowFullScreen=true&initVideoId=1155177721&servicesURL=http://www.brightcove.com&viewerSecureGatewayURL=https://www.brightcove.com&cdnURL=http://admin.brightcove.com&autoStart=false' base='http://admin.brightcove.com' name='bcPlayer' width='408' height='340' allowFullScreen='true' allowScriptAccess='always' seamlesstabbing='false' type='application/x-shockwave-flash' swLiveConnect='true' pluginspage='http://www.macromedia.com/shockwave/download/index.cgi?P1_Prod_Version=ShockwaveFlash'></embed>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-44295145587839758492007-08-22T15:46:00.000+00:002007-08-22T16:21:29.636+00:00MM et NIN, un mercredi sous la pluieLe nouveau <strong><span style="font-family:georgia;"><span style="color:#ffcc00;">M</span>arylin <span style="color:#cc0000;">M</span>anson</span></strong> : They Said Hell's Not Hot<br /><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/-e3vPtGaH0I"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/-e3vPtGaH0I" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><br />L'un des meilleurs <strong><span style="font-family:georgia;"><span style="color:#330099;">N</span>ine <span style="color:#ff9966;">I</span>nch <span style="color:#006600;">N</span>ails</span></strong> : Only<br /><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/V0u0AG_floQ"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/V0u0AG_floQ" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-59086718611932929692007-08-21T00:53:00.000+00:002007-08-23T22:22:46.700+00:00Supervixens éclate les morts-vivants<p></p><br /><a href="http://3.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RsppIGBm6tI/AAAAAAAAAGE/ZnsRRUEOSw8/s1600-h/618l%2Bk162mL__AA240_.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5101005115727735506" style="DISPLAY: block; MARGIN: 0px auto 10px; CURSOR: hand; TEXT-ALIGN: center" alt="" src="http://3.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RsppIGBm6tI/AAAAAAAAAGE/ZnsRRUEOSw8/s400/618l%2Bk162mL__AA240_.jpg" border="0" /></a><br /><div align="justify"><strong><span style="font-family:georgia;">Robert Rodriguez signe avec <em>Planète Terreur</em>, second volet du diptyque <em><a href="http://www.grindhousemovie.net/">Grindhouse</a></em>, un exercice de style tout bonnement génial, aux influences seventies marquées, à la drôlerie débridée et sanguinolente, et au rythme d'enfer.</span></span></strong> </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Pour ceux qui n'ont pas peur du décalé, du loufoque, du saignant, du répugnant, et qui sont prêts à passer leur soirée entre des zombies anthropophages et des bombes aussi sexy que guerrières, ce <em>Planète Terreur</em> constituera un vrai régal, épicé et survitaminé à souhait. Synthèse improbable entre <em><a href="http://www.youtube.com/watch?v=GZwh7l1ZL1A">La Nuit des morts-vivants</a></em> de George Romero (1970) et <em><a href="http://www.arte.tv/fr/cinema-fiction/cinema-sur-ARTE/Cinema-Trash/1121142.html">Supervixens</a></em> de Russ Meyer (1975), ce film d'épouvante désopilant est bourré de trouvailles inracontables, presque permanentes (le film ne se résume vraiment pas à sa <a href="http://www.tfmdistribution.com/grindhouse/">bande-annonce</a> !). </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Le Texas en joyeuse déliquescence</span></strong></div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Dans le trou perdu du Texas que nous dépeint Robert Rodriguez, entre une base militaire secrète, lieu d'expériences douteuses et bientôt dévastatrices, un hôpital où la gangrène gagne tous les patients (et où les médecins règlent leurs problèmes conjugaux à coups de seringues hypodermiques !), et un restaurant fièrement tenu par le champion texan du barbecue, les personnages hauts en couleur et aux caractères bien trempés se succèdent, dans une danse aussi bouffonne que macabre. </div><br /><div align="justify">L'héroïne, Cherry (alias Rose McGowan, qui n'est pas sans rappeler Shari Eubank, l'héroïne de <em>Supervixens</em>) est une go-go danseuse ultra-sexy, qui plaque son pauvre job avec des rêves de stand-up dans la tête. Pas de bol : elle se fait rapidement dévorer une jambe par deux zombies aux visages ornés de pustules purulentes. L'unijambiste ne tarde pas à armer son moignon d'une sulfateuse qu'elle fait cracher à 360 degrès, et fait jouer toute sa souplesse pour éviter les balles ennemies. Clin d'oeil en passant à <em>Matrix</em>. Son ex-petit copain, Wray (alias Freddy Rodriguez), est un jeune type mystérieux, solitaire, qui s'avèrera être une sorte de légende de l'Ouest, roi du Colt et tireur d'élite. A travers cet archétype du <em>poor lonesome cowboy</em> remis au goût du jour (le bougre n'est pas maladroit en matière d'art martial), Rodriguez rend hommage aux bons vieux westerns d'antan. Les deux amants, paumés dans un monde de plus en plus en déliquescence - au propre comme au figuré -, vont prendre la tête de la résistance face à tous les méchants gluants qui font <em>splatch!</em> quand on leur tire dessus. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">On retrouve avec plaisir, dans ce joyeux délire, Michael Biehn, qu'on avait découvert dans <em>Terminator</em> : c'est lui qui venait du futur pour sauver Sarah Connor et engendrer John Connor, le chef de la résistance aux machines. Ici, il campe un shérif intransigeant, qui aimerait bien réussir - jusqu'au seuil de la mort - à percer les secrets culinaires de son frère, interprété par Jeff Fahey. Celui-ci est excellent et irrésistible en tenant de snack obsédé par la barbaque et l'élaboration de la meilleure recette de sauce barbecue de tout le Texas. Bruce Willis joue même un petit rôle, parodique de son personnage traditionnel de super-héros, et l'on apprend (attention scoop !) que c'est lui qui a tué Ben Laden ! Les habitués des films de Tarantino et Rodriguez reconnaîtront Tom Savini, "Sex Machine" dans <em><a href="http://www.premiere.fr/premiere/cinema/films-et-seances/bandes-annonces/video/une-nuit-en-enfer">Une Nuit en enfer</a></em> (1996), au pouvoir comique toujours aussi énorme, ici dans le rôle d'un adjoint du shérif pour le moins maladroit. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Un cinéma total qui se marre</span></strong></div><br /><div align="justify"><em>Planète Terreur</em> se situe dans la (très bonne) lignée d'<em>Une Nuit en enfer</em> (avec George Clooney, Quentin Tarantino, Harvey Keitel, Juliette Lewis et Salma Hayek). Histoires de contaminations, de métamorphoses monstrueuses, vampires ici, zombies là, à chaque fois anthropophages voraces, spectacle gore, têtes et bras arrachés, sang et autres substances qui giclent de toutes parts, et puis créatures super-sexy, au tempérament de feu, danses endiablées (<a href="http://www.youtube.com/watch?v=GJf_E0LUlxM">Satanico Pandemonium</a> !), obsessions sexuelles de Quentin Tarantino, humour déjanté, sens de l'absurde, rythme infernal, maîtrise technique parfaite... et à chaque fois, en guise de (presque) dernier plan, un temple-pyramide maya (source de tous les sortilèges ?) qui émerge, paisible, au petit matin, au sortir de la nuit maléfique. Les thèmes sont récurrents, mais les productions se renouvellent miraculeusement.</div><br /><div align="justify">Les effets spéciaux sont merveilleux, et les maquillages, qui nous gratifient de tant d'horreurs. La musique, envoûtante et chaude, assaisonnée à la sauce mexicaine, accompagne magistralement les rafales de Cherry, dans d'étonnants ballets-massacres. Comme dans <em>Supervixens</em>, les femmes, <em>bigger than life</em>, sont malmenées, violentées, parfois même <a href="http://www.youtube.com/watch?v=YEqXmjub7JU">charcutées</a> par les hommes, machos et brutaux, mais elles ne s'en laissent pas compter et savent se mêler à la bagarre. Fragiles au départ, elles se muent en véritables <em>wonderwomen</em>, au point d'éclipser les héros mâles, et ce sont elles qui triomphent à la fin<em>.</em> </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><em>Planète Terreur</em> est un vrai moment de bonheur, réjouissant au possible, qui ne se prend surtout pas au sérieux, un objet totalement original, malgré les innombrables références et clins d'oeil, une aventure sans temps mort, sans creux, bref, le film du moment. A voir ! En attendant, petit retour en arrière avec ces extraits du très <a href="http://20six.fr/casaploum/art/169485/SuperVixens_1975_Russ_Meyer">croustillant</a><em><strong> Supervixens</strong></em> :</div><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/xkZ893SyRho"><param name="wmode" value="transparent"><br /><embed src="http://www.youtube.com/v/xkZ893SyRho" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-55214133707350622712007-07-17T03:00:00.000+00:002007-07-17T03:03:36.833+00:00That's the Way (my love is)Le 7 juillet 2007 chez Letterman :<br /><br /><div><object height="256" width="425"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/6tPGH4BQbbMl1hUWl"><param name="allowfullscreen" value="true"><embed src="http://www.dailymotion.com/swf/6tPGH4BQbbMl1hUWl" type="application/x-shockwave-flash" width="425" height="256" allowfullscreen="true"></embed></object></div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-32083874966223562402007-07-14T01:36:00.000+00:002007-07-18T21:47:07.016+00:00Zeitgeist<p></p><br /><a href="http://2.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RpjW9Co35gI/AAAAAAAAAF8/xRKksR3Ss9g/s1600-h/zeitgeist.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5087052123283645954" style="DISPLAY: block; MARGIN: 0px auto 10px; CURSOR: hand; TEXT-ALIGN: center" alt="" src="http://2.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RpjW9Co35gI/AAAAAAAAAF8/xRKksR3Ss9g/s320/zeitgeist.jpg" border="0" /></a><br /><div align="justify"><em>Zeitgeist</em> est donc né. Le dernier bébé de Billy Corgan n'est pas le plus beau, mais il affiche tout de même une belle santé. Peut-être même est-il la plus tonique de toutes ses créations. La première moitié de l'album, de "Doomsday Clock" à "Starz", très homogène, est pleine d'énergie positive. Sans génie particulier, mais efficace. La deuxième partie, plus hétéroclite, s'ouvre avec le très pénible "United States", se poursuit avec l'un des points culminants de l'album, le touchant "Neverlost", et s'achève avec une série de titres plutôt légers qui n'emportent qu'à moitié l'adhésion. </div><br /><div align="justify"></div><strong><span style="font-size:130%;">Plus de spiritualité, moins d'âme<br /></span></strong><br /><div align="justify">Très clairement, <em>Zeitgeist</em> est l'album le moins convaincant des Smashing Pumpkins. Même si, en l'absence de James Iha et D'arcy Wretzky, il vaudrait mieux parler de "demi-Pumpkins" ou de "nouveaux Smashing Pumpkins" (voire de "Zwan II"). Le moins convaincant, car on n'y vibre tout simplement pas autant que dans les opus précédents. Un peu d'âme s'en est allée. Avec le temps va, tout s'en va, chantait Ferré... Corgan a aujourd'hui 40 ans, un peu moins de tourments au fond de la caboche, un optimisme plus affiché. Et on ne va pas le lui reprocher ! Mais sans souffrance intense, sans le besoin presque vital de transcender cette souffrance, que reste-t-il de l'art ? </div><br /><div align="justify">Depuis le début des années 2000, Corgan s'est ouvert à une forme de <a href="http://aristippe.over-blog.com/article-4209497.html">spiritualité</a> (notamment aux côtés du théoricien en psychologie transpersonnelle Ken Wilber et de la parapsychologue Sonia Choquette), qui joue un rôle important dans sa vie, et qui, sans doute, lui permet d'aller mieux, de "positiver". Cela se sent dans sa musique. Cela se sentait dans <em>Mary Star of the Sea</em>, l'album (pas si mauvais que cela) qu'il avait créé avec Zwan en 2003, véritable profusion de bons sentiments et d'optimisme, dont l'emblème, très peace and love, était un arc-en-ciel plein de couleurs. Cela se sentait dans son projet solo, <em>The Future Embrace</em>, avec des morceaux d'une spiritualité très explicite (voire excessive dans "I'm Ready") et incitant à changer le monde. <em>Zeitgeist</em> se situe clairement dans le prolongement de ces deux albums. </div><br /><div align="justify">Corgan l'avait déclaré il y a quelques années : il est en mission. Celui que Sonia Choquette qualifie d'<em>âme mondiale</em> veut oeuvrer à l'avènement d'une conscience globale (la "conscience universelle" promue par Ken Wilber), qui permettra un changement radical de comportement des gens et l'entrée de l'humanité dans une nouvelle ère. Le souci écologique manifesté dans <em>Zeitgeist</em> et sur sa pochette (avec une Statue de la Liberté victime du réchauffement climatique, qu'on voit les pieds dans l'eau et devant un soleil dangereusement radieux) s'inscrit dans le cadre de la mission spirituelle que Corgan s'est fixée. </div><br /><div align="justify"></div><strong><span style="font-size:130%;">La fin des chefs-d'oeuvres<br /></span></strong><br /><div align="justify">Le très grand talent du géant chauve lui garantit de ne presque jamais tomber dans le mauvais goût et lui assure une production globalement de qualité. Mais, de la même manière qu'on ne fait pas de grande littérature avec des bons sentiments, on ne fait pas d'oeuvre musicale géniale avec ces mêmes ingrédients. La potion proposée peut satisfaire les papilles, avoir encore quelque chose, au fond du corps, d'excitant et de stimulant, mais ne vous transportera plus jamais dans la stratosphère du rock ultime qu'on avait fréquenté, comme un mystique qui fréquente l'absolu, dans <em>Mellon Collie and The Infinite Sadness</em>. L'âme désespérée et rageuse de ce chef-d'oeuvre musical de l'année 1995 n'est plus. Elle s'est remplie d'espoir et a opté pour la positive attitude. </div><br /><div align="justify">Finie la prodigieuse puissance de "Bodies", "An Ode to No One", "X.Y.U.". Finie la beauté bleutée de nuit de "Galapogos" et de cette ravissante série de titres mélancoliques et romantiques qui terminent <em>Mellon Collie and The Infinite Sadness</em> : "We Only Come Out at Night", "Beautiful", "Lily (my one and only)", "By Starlight"... Finis le lyrisme, les mélodies sublimes, jusque dans les déchaînements les plus sauvages des guitares et les hurlements de Corgan. Envolée l'élégante noirceur de <em>Adore</em>, la perfection triste de "Blank Page"... On ne retrouve pas non plus l'ambition et la variété du projet Machina, en particulier avec le double album numérique <em>Machina II/The Friends and Enemies of Modern Music</em>.</div><br /><div align="justify">Sans doute, parmi les albums des Pumpkins, <em>Siamese Dream</em> est-il celui qui se rapproche le plus de <em>Zeitgeist</em>. Les deux opus ont une certaine vitalité en commun. Il manque simplement au second les sommets du premier, ses perles rares, ses pépites : "Cherub Rock", "Today", "Hummer", "Disarm", "Soma"... ou même "Spaceboy" et "Luna". Bref, si le rapprochement est possible, il n'y a guère d'équivalence. Le rock efficace de <em>Siamese Dream</em> se retrouve dans <em>Zeitgeist</em>, mais pas son charme ni sa poésie. On en revient toujours à l'âme, celle de Corgan, qui n'est pas devenue tout à fait différente, mais qui n'est plus non plus tout à fait la même. Elle a mûri, elle s'est sans doute assagie, elle a vraisemblablement progressé sur le chemin d'une certaine spiritualité, elle a gagné en clarté ; mais elle a, du coup, un peu perdu en intensité, en profondeur, en méandres féconds. Elle a aussi bien sûr perdu en fougue adolescente : on n'écrit pas <em>Gish</em> à 40 ans... </div><br /><div align="justify"></div><strong><span style="font-size:130%;">De l'évidence extatique au plaisir contrôlé<br /></span></strong><br /><div align="justify">Corgan invente moins, on a l'impression qu'il essaie parfois, sur <em>Zeitgeist</em>, de copier celui qu'il était il y a quinze ans, et immanquablement on sent le goût un brin fade de la copie. Les Smashing Pumpkins, cuvée 2007, font du bon rock, mais ils semblent l'habiter moins. C'est cela : Corgan n'habite plus autant son oeuvre, on y sent moins d'engagement intime. A moins que sa personnalité se soit tout bêtement édulcorée... On le sent sur la réserve. Contrôlant la situation et son énergie. Comme lors de son concert au Grand Rex le 22 mai dernier. Certes, la prestation était bonne, parfois encore excellente, probablement très au-dessus de la moyenne des groupes actuels, mais la magie des lives d'antan s'était dissipée. On n'était plus transporté et presque en extase, comme on pouvait encore l'être au concert de Bercy en 2000. On trouvait ça bien, mais pas beaucoup plus que cela. </div><br /><div align="justify">On avait besoin de se poser la question de la qualité de ce qu'on avait entendu : était-ce bon, génial, mauvais, médiocre ? Le simple fait de devoir se poser la question est un signe : auparavant, on était frappé par l'évidence de l'excellence. A Bercy, en 2000, aucune question. Que des réponses : du plaisir vibrant et envahissant, les bras qui tombent tellement on n'en revient pas, tellement c'est au-dessus de tout ce qu'on avait pu imaginer, le sentiment physique d'une plénitude, l'impression de vivre un moment grandiose et rarissime. Le corps donne son verdict. Il <em>sait</em> qu'un summum a été atteint. En 2007, on a perdu l'évidence du corps, le jugement passe par la tête, et c'est là le signe d'un déclin.</div><br /><div align="justify">Les Smashing Pumpkins nous ont conduit à être exigeants. Trop peut-être. Si on laisse de côté la nostalgie, si on prend <em>Zeitgeist </em>sans chercher à tout prix à le comparer à ses prédécesseurs, on y prendra un plaisir certain. En tout cas, pour la plupart des morceaux proposés.<br /></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:130%;">Bleeding the Orchid, Starz, Neverlost... et de grosses bouffées d'énergie positive</span></strong><br /></div><br /><div align="justify">"<strong>Doomsday Clock</strong>" est agréable et énergique, et donne bien le ton de l'album à venir. Bien sûr, l'inventivité n'est pas énorme. Mais c'est du rock efficace comme on l'aime et qui ne peut pas décevoir. Un peu comme, sur <em>The Future Embrace</em>, les titres "Mina Loy (M.O.H.)" et "Walking Shade" : l'efficacité (du style) sans la révolution (du style).<br />"<strong>7 Shades of Black</strong>" rappelle, à son démarrage, "The End is the Beginning is the End". Ambiance maison hantée. Après une première écoute difficile et confuse, on commence à se faire à ce titre plutôt original, qui devient même très vite entêtant, et de plus en plus !<br />"<strong>Bleeding the Orchid</strong>" ne mérite peut-être pas le titre de chef-d'oeuvre, mais quel magnifique morceau tout de même ! On retrouve avec lui un peu de la profondeur sombre mêlée de puissance qui faisait la marque de fabrique des Pumpkins. Le seul nouveau morceau qui m'avait fortement impressionné lors du concert au Grand Rex. Point culminant de l'album, sans aucun doute. Et un futur classique, qui sait ?<br />"<strong>That's the Way (my love is)</strong>" est incontestablement un morceau agréable à écouter. Moment de détente optimiste, marqué par un formidable mur du son qui porte et rend heureux. Une plage lumineuse, teintée d'un amour très aérien. Sympa.<br />"<strong>Tarantula</strong>" : on continue dans la veine enthousiaste et enjouée... et bourrée d'énergie positive ! Ça ressemble à du Zwan. La guitare crisse, la batterie roule et cogne. Rien de très extraordinaire en réalité, mais ça s'écoute avec plaisir et ça fout gentiment la pêche !<br />"<strong>Starz</strong>" est la jolie trouvaille de cet album. Inattendue, très originale, extrêmement entraînante, parfois même dansante, avec pas mal de changements de rythmes. Une innovation réussie et l'un des trois meilleurs morceaux de l'album.<br />"<strong>United States</strong>" : que dire de celui-ci ? C'est le titre un peu "enragé" et interminable de l'album : près de 10 minutes. Mais rien à voir avec d'autres longs morceaux comme "Porcelina of the Vast Oceans". On s'y ennuie ferme. On ne se sent pas concerné. On écoute par politesse. Et on se dit qu'il est loin le temps des vrais morceaux enragés (et magnifiques) du type "Bodies", "An Ode to No One", ou "X.Y.U.".<br />"<strong>Neverlost</strong>" arrive à point nommé pour relever le niveau. Calme, émouvant, touchant. Plutôt dépouillé, avec quelques envolées rythmiques tout de même. On ne peut pas dire que l'on soit absolument transporté et bouleversé, mais on apprécie avec plaisir la voix de Corgan, claire et sans artifice, sans de gros sons qui viennent - comme trop souvent - la camoufler. Dans l'émotion simple, Corgan excelle. L'un des titres à retenir.<br />"<strong>Bring the Light</strong>" a le mérite de l'originalité. Titre lumineux, comme son nom l'indique, débordant d'entrain et d'optimisme, qu'on aurait pu trouver sans problème sur <em>Mary Star of the Sea</em>, l'album de Zwan. A noter un petit solo de guitare qui semble vous lancer des arcs-en-ciel et des étoiles de toutes les couleurs aux mirettes et au coeur... Un peu trop léger néanmoins pour être vraiment convaincant.<br />"<strong>Come on (let's go !)</strong>" : encore un morceau très Zwan (ce qui n'est pas péjoratif pour moi). Entraînant. Mais pas très novateur. Ce n'est pas d'un niveau dont on peut se satisfaire pour les Smashing Pumpkins. Cela dit, l'écoute de ce titre reste plaisante (à défaut d'être transcendante).<br />"<strong>For God and Country</strong>" offre une atmosphère teintée d'asiatisme qui fait l'essentiel de son charme. Chanson empreinte de gravité et d'une certaine solennité. Intéressante.<br />"<strong>Pomp and Circomstances</strong>" constitue une fin d'album assez classique chez les Pumpkins, c'est-à-dire calme - ici, presque recueillie. Sorte de prière ponctuée par des lalalalalala. Et un long solo de guitare pour conclure... dans l'incertitude d'un espoir.<br /></div><br /><div align="justify">"<strong>Stellar</strong>" : ce titre bonus est très bon et aurait pu avantageusement remplacer "United States" sur l'album standard. On se laisse emporter par cette longue ballade, mélange d'inquiétude, de doute et d'espérance. Le son est clair. Aérien. Une belle réussite.<br />"<strong>Zeitgeist</strong>" : guitare acoustique et voix pour cet autre bonus. Jolie chansonnette signée Billy Corgan. Toute simple et sans prétention. Discrète. Mais bonne. Dès que Corgan fait simple, il est parfait. Pourquoi ne pas le faire encore un peu plus souvent ?</div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-14936340774116909752007-07-09T19:05:00.005+00:002010-04-05T17:20:29.033+00:00Ornella Muti : ultime<div align="justify">La très belle Ornella Muti dans deux court-métrages des maîtres italiens Ettore Scola et Dino Risi, extraits de <em>I Nuovi Mostri</em> (1977) :<br /><br /><strong><em>Senza parole (Ti amo)</em> </strong>:<em> </em>charme, innocence, idylle... un rêve trop beau pour ne pas être dangereux. Retour soudain et violent du principe de réalité. La cruauté à son paroxysme. Magnifique et bouleversant.</div><br /><object width="430" height="340"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/bjlhhj82Ws4&hl=fr_FR&fs=1&"></param><param name="allowFullScreen" value="true"></param><param name="allowscriptaccess" value="always"></param><embed src="http://www.youtube.com/v/bjlhhj82Ws4&hl=fr_FR&fs=1&" type="application/x-shockwave-flash" allowscriptaccess="always" allowfullscreen="true" width="430" height="340"></embed></object><br /><br /><em><strong>Auto-stop</strong></em> : les plaisanteries, ça finit mal... parfois. Une pièce tragi-comique, où l'absurde est triomphant.<br /><br /><object height="335" width="425"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/IbgDeOh8myo12hz3Q"><param name="allowfullscreen" value="true"><embed src="http://www.dailymotion.com/swf/IbgDeOh8myo12hz3Q" type="application/x-shockwave-flash" width="425" height="335" allowfullscreen="true"></embed></object></p>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-31456054567469369562007-07-03T21:35:00.000+00:002007-07-04T13:32:11.467+00:00Zeitgeist : J - 7<div align="justify">A une petite semaine de la sortie de <em>Zeitgeist</em>, voici assurément l'un des meilleurs morceaux de l'album, interprété le 2 juin dernier en Allemagne : "<strong>Bleeding the Orchid</strong>".<br /><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/qDqxyUVlk3c"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/qDqxyUVlk3c" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object></div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-18294281981222181342007-06-25T03:01:00.000+00:002007-06-25T04:41:16.064+00:00Comme elle se donneUn clip pour <a href="http://www.jerome-attal.com/">Jérôme Attal</a>, réalisé par <a href="http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/">Frédéric Taddeï</a>...<br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/tkYA2hfrCkM"><param name="wmode" value="transparent"><br /><embed src="http://www.youtube.com/v/tkYA2hfrCkM" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><br /><div align="justify">...avec les prodigieuses <span style="color:#ff99ff;">Marie Denarnaud</span> et <span style="color:#33ccff;">Vahina Giocante</span>. </div><br /><a href="http://1.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/Rn9CxZAyXWI/AAAAAAAAAFk/D4Tq31wXSi4/s1600-h/akoibon110a.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5079852320992419170" style="DISPLAY: block; MARGIN: 0px auto 10px; CURSOR: hand; TEXT-ALIGN: center" alt="" src="http://1.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/Rn9CxZAyXWI/AAAAAAAAAFk/D4Tq31wXSi4/s400/akoibon110a.jpg" border="0" /></a><br /><a href="http://2.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/Rn9AvpAyXTI/AAAAAAAAAFM/5Q5Ie_W00I4/s1600-h/vahina_giocante1.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5079850091904392498" style="FLOAT: right; MARGIN: 0px 0px 10px 10px; CURSOR: hand" height="305" alt="" src="http://2.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/Rn9AvpAyXTI/AAAAAAAAAFM/5Q5Ie_W00I4/s320/vahina_giocante1.jpg" width="158" border="0" /></a><a href="http://4.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/Rn9BfJAyXVI/AAAAAAAAAFc/Sllhv9kxRW0/s1600-h/vahina2.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5079850907948178770" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 213px; CURSOR: hand; HEIGHT: 298px" height="314" alt="" src="http://4.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/Rn9BfJAyXVI/AAAAAAAAAFc/Sllhv9kxRW0/s320/vahina2.jpg" width="227" border="0" /></a><br /><p><div align="justify"><a href="http://www.myspace.com/jeromeattal"><span style="color:#cc0000;"></span></a></div><p></p>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-19201195005717420202007-06-14T16:44:00.000+00:002007-06-17T20:54:53.498+00:00Darroussin et Berléand à l'Entrepôt<a href="http://3.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnF9zZAyXHI/AAAAAAAAADs/3Nj8qHVCF7A/s1600-h/IMG_1076-2.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5075976576864246898" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://3.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnF9zZAyXHI/AAAAAAAAADs/3Nj8qHVCF7A/s400/IMG_1076-2.jpg" border="0" /></a><br /><a href="http://3.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnF-WZAyXII/AAAAAAAAAD0/pojciftmyRY/s1600-h/IMG_1090-2.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5075977178159668354" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://3.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnF-WZAyXII/AAAAAAAAAD0/pojciftmyRY/s400/IMG_1090-2.jpg" border="0" /></a><br /><br /><div align="justify">Mercredi 13 juin 2007, avait lieu à l'Entrepôt, à Paris, l'avant-première du nouveau film de Martin Valente, <a href="http://www.fragiles-lefilm.com/"><em>Fragile(s)</em></a>, en présence du réalisateur et des comédiens Jean-Pierre Darroussin, François Berléand et Sara Martins. Le film rassemble également Jacques Gamblin, Marie Gillain et Caroline Cellier. Une belle brochette d'acteurs, qui campent autant de personnages éprouvés par la vie, et dont les destins vont se croiser, entre la France et le Portugal. Le film a reçu un très bon accueil hier soir à l'Entrepôt. </div><br /><div align="justify">Il m'a, de mon côté, fait très fortement penser au génial <em><a href="http://www.magnoliamovie.com/">Magnolia</a></em> de Paul Thomas Anderson, sorti en 2000, sans en partager toutefois le brio. Dans les deux cas, l'on a affaire à des personnages à la dérive, et dont les chemins vont se croiser, pour en bouleverser les tracés : un flic seul et en quête d'amour, un mourant qui finira par mourir, une droguée en perdition qui finit par retrouver le sourire, un enfant malmené, un fils ou une fille qui retrouve son père après une longue et douloureuse absence, une femme délaissée qui va voir ailleurs... Le parallèle est même troublant. Mais la comparaison s'arrête là ; car <em>Magnolia</em> est un grand film (<a href="http://www.filmfestivals.com/berlin_2000/competition/film_magnolia.htm">Ours d'or</a> à Berlin), à la cheville duquel <em>Fragile(s)</em> n'arrive pas. Les ficelles y sont trop grosses, le scénario trop "téléphoné", trop prévisible. La fluidité, la puissance émotionnelle et le grain de folie de <em>Magnolia</em> y font cruellement défaut. </div><br /><div align="justify">Le film n'est pas mauvais pour autant ! Il a ses (très) bons moments, avec, en particulier, un François Berléand toujours très drôle. L'émotion passe tout de même. Sara Martins est une belle révélation. Jean-Pierre Darroussin est égal à lui-même. Sans le souvenir persistant de <em>Magnolia</em>, et un rapprochement très aisé à faire, <em>Fragile(s)</em> aurait sans doute davantage emporté mon adhésion.</div><object height="335" width="425"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/1rZPYM56334A1fYxB"><param name="allowfullscreen" value="true"><br /><embed src="http://www.dailymotion.com/swf/1rZPYM56334A1fYxB" type="application/x-shockwave-flash" width="425" height="335" allowfullscreen="true"></embed></object><br /><br /><a href="http://2.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnGDtJAyXNI/AAAAAAAAAEc/doRVPtMTlFA/s1600-h/IMG_1077-3.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5075983066559831250" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://2.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnGDtJAyXNI/AAAAAAAAAEc/doRVPtMTlFA/s400/IMG_1077-3.jpg" border="0" /></a><br /><div><a href="http://1.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnGAj5AyXKI/AAAAAAAAAEE/TxHA8vtBoI8/s1600-h/IMG_1089-2.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5075979609111157922" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://1.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnGAj5AyXKI/AAAAAAAAAEE/TxHA8vtBoI8/s400/IMG_1089-2.jpg" border="0" /></a><br /><div><a href="http://2.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnGAuJAyXLI/AAAAAAAAAEM/1-vM6hQm7tI/s1600-h/IMG_1091-2.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5075979785204817074" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://2.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnGAuJAyXLI/AAAAAAAAAEM/1-vM6hQm7tI/s400/IMG_1091-2.jpg" border="0" /></a><br /><a href="http://1.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnGA35AyXMI/AAAAAAAAAEU/TtYUcFlOhvc/s1600-h/IMG_1097-2.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5075979952708541634" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://1.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RnGA35AyXMI/AAAAAAAAAEU/TtYUcFlOhvc/s400/IMG_1097-2.jpg" border="0" /></a></div></div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-80811870517297542252007-05-26T22:28:00.000+00:002007-05-26T22:46:57.969+00:00Revivez l'intégralité du concert des Pumpkins au Grand Rex !<div align="justify">Je viens de créer un blog ZEITGEIST, spécialement dédié au concert au Grand Rex des Smashing Pumpkins. Dans <a href="http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=24720">l'article</a> que j'avais écrit à chaud juste après le concert, je disais que mes souvenirs des morceaux inédits s'étaient vite évanouis ; le blog ZEITGEIST permet de se rafraîchir la mémoire. Il offre aussi à tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister à ce concert historique la possibilité de s'y plonger à leur tour. Merci à tous les fans qui ont capté et partagé ces formidables images, qui permettent de prolonger indéfiniment le plaisir. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify"><strong><span style="font-size:100%;">Cliquez par là pour voir :</span> <a href="http://pumpkins-zeitgeist.blogspot.com/"><span style="font-size:180%;color:#cc0000;">ZEITGEIST</span></a> </span></strong></div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-42701697869562260422007-05-24T17:36:00.000+00:002007-05-24T23:04:51.077+00:00Le retour des Smashing Pumpkins<div align="justify">Le 11 avril 2007, à 10h, les réservations s'ouvrent sur le site Internet du Grand Rex pour le concert des Smashing Pumpkins du 22 mai. Date historique : c'est, en effet, la première fois que le groupe remontera sur scène depuis décembre 2000, et sa dissolution sur les planches du Chicago Metro. 12h, je pianote sur mon clavier pour aller tranquillement réserver ma place. Consternation : tout a déjà été vendu. En quelques dizaines de minutes, à peine. Seuls les morts de faim, les affamés auront trouvé leur bonheur. Les autres devront espérer des désistements, très improbables, de dernière minute. Ou aller se faire arnaquer dans des enchères sur le Net.</div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Le 22 mai, je n'ai donc pas mon billet. Je vais au Rex, au cas où, vers 18h. Le concert doit démarrer à 20h. J'apprends rapidement que tout est complet et qu'il n'y a aucun espoir qu'une seule des 2650 places du Rex se libère. L'on est même parfois venu du monde entier pour assister à ce show-événement. C'est dire que la place au Rex, en ce beau mardi soir, vaut son pesant de cacahuètes. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">J'aperçois des revendeurs sur le trottoir, au milieu de la foule. L'espoir renaît. Le contact s'établit à la vitesse de la lumière. Il m'est possible d'avoir une place. Mais pour combien ? C'est toute la question. Les revendeurs ne discutent pas en-dessous de 100 euros. C'est leur minimum. Il est hors de question que je mette ce prix, même si la somme n'est pas astronomique. J'ai entendu dire que certains avaient acheté leur place sur Ebay pour 150 euros. Je ne me permettrai pas cette "folie". Je me résigne à rentrer chez moi. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">J'attends tout de même encore un peu, en marge de la foule, regardant toujours du coin de l'oeil le jeu des revendeurs, et espérant encore qu'à l'approche de l'heure fatidique, les prix auront baissé. Je discute avec l'un de ces revendeurs, qui prétend pourtant n'en être pas un, ou plutôt n'en être plus, et qui observe ce qui se passe, échangeant quelques mots de temps à autre avec les revendeurs actifs. Il m'assure que la demande n'est pas très forte ce soir, et que les prix vont baisser. Il est sûr que je trouverai ma place à un prix acceptable. La place, à l'origine, vaut 40 euros (39,50 pour être précis). </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Puis je me fais aborder par un jeune qui va au concert, qui vient de Rennes, et qui a une place à revendre. Il me monte tout un baratin pour me justifier qu'il ne peut pas lâcher sa place pour seulement 60 euros, une somme qui couvrerait à peine, dit-il, ses frais de transport. Il reste bloqué sur un prix de 80 euros, qui me paraît, à moi, encore excessif. Mais je le sens faiblir, prêt à descendre plus bas, jusqu'à ce qu'un type nous aborde à son tour, qui recherche désespérément une place. Lui accepte de sortir 80 euros. La place me passe sous le nez. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Il est presque 19h. Plus qu'une heure. A 18h, j'imaginais naïvement que je trouverais ma place pour 40 euros. Quelques rencontres plus tard, et mieux informé, je me sens prêt à monter jusqu'à 60 euros. Et puis je finis par me dire que 80 euros, ce n'est pas si ruineux que cela, et que les Smashing Pumpkins ne sont pas à Paris tous les quatre matins, et que j'aurais dû prendre la place qui m'était proposée précédemment. Il est clair qu'il sera difficile de trouver mon bonheur pour un prix modique. Sauf à attendre le tout dernier moment, pour aller cueillir une place presque donnée chez un revendeur malheureux, qui n'aura pas réussi à écouler sa marchandise. Mais jouer ce jeu, c'est prendre le risque de ne rien avoir, de me retrouver les mains vides à 20h. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Je retombe sur le revendeur sympa avec lequel j'ai établi un bon contact. Il m'indique un jeune habillé en cuir, qui, me dit-il, veut vendre une place à un vrai fan qui ira au concert, et pas à un petit businessman qui s'empressera de la revendre juste derrière. Il m'indique que je peux l'obtenir pour 70-80 euros. Je m'en vais donc voir ce jeune aux cheveux longs. Et, sans grande difficulté, j'obtiens ma place pour 70 euros. Bien sûr, lui espérait en tirer beaucoup plus, de sa place, mais l'heure tourne, et il est temps de ne pas tout perdre. Une poignée de minutes plus tard, je gravis les escaliers qui me mènent au balcon du Grand Rex. Je suis dans l'antre où vont se produire les Smashing Pumpkins. Incroyable. </div><div align="justify"></div><br /><div align="justify">Voici, après une intro-photos sur le thème de "Love" (<em>Mellon Collie</em>), qui récapitule l'histoire du groupe jusqu'au soir du 22 mai 2007, quelques extraits, de piètre qualité, du concert, que j'ai pu capter, avec "<strong>Home</strong>" (<em>Machina II</em>), "<strong>Hummer</strong>" (<em>Siamese Dream</em>), et "<strong>Tarantula</strong>" (<em>Zeitgeis</em>t), ce dernier titre se prolongeant dans sa version album.<br /><br /></div><object height="335" width="425"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/2aZCv9rtxreiIezPp"><param name="allowfullscreen" value="true"><embed src="http://www.dailymotion.com/swf/2aZCv9rtxreiIezPp" type="application/x-shockwave-flash" width="425" height="335" allowfullscreen="true"></embed></object>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-5770385698784764502007-05-23T22:11:00.000+00:002007-05-23T23:04:58.213+00:00Beaux souvenirs de Bercy 2000<strong>Today</strong>, suivi de <strong>Stand Inside Your Love</strong><br /><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/NmSVTIxXGn0"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/NmSVTIxXGn0" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><br /><strong>Porcelina of the Vast Oceans</strong><br /><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/X1JG2JYWm98"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/X1JG2JYWm98" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><br /><strong><span style="color:#cc0000;">Et puis deux petites surprises... venues de 1996...</span><br /></strong><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/V97wGGAanJM"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/V97wGGAanJM" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><br /><strong>We Only Come Out at Night</strong><br /><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/nAX7Vbb0wCc"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/nAX7Vbb0wCc" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><br /><strong>Lily (My One and Only)</strong>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-37162751484721652072007-05-22T23:49:00.000+00:002007-05-24T17:26:39.976+00:00Les Smashing Pumpkins de retour au Grand Rex<p><a href="http://3.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlOBxwWiEvI/AAAAAAAAADc/aTnTn9DjVaI/s1600-h/IMG_1059-2.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5067536697514922738" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://3.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlOBxwWiEvI/AAAAAAAAADc/aTnTn9DjVaI/s400/IMG_1059-2.jpg" border="0" /></a><br /><a href="http://1.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlOCDQWiEwI/AAAAAAAAADk/N3-UlXFHjPY/s1600-h/IMG_1062-2.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5067536998162633474" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://1.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlOCDQWiEwI/AAAAAAAAADk/N3-UlXFHjPY/s400/IMG_1062-2.jpg" border="0" /></a></p><br /><br /><object height="350" width="425"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/aX-7eSjzN2M"><param name="wmode" value="transparent"><embed src="http://www.youtube.com/v/aX-7eSjzN2M" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="425" height="350"></embed></object><br /><br /><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"></p><p align="justify"><strong>Mardi 22 mai 2007, après presque sept années d'absence, les Smashing Pumpkins effectuent leur grand retour sur scène à Paris, au Grand Rex. Trois heures de concert et de retrouvailles, pour découvrir quelques titres du nouvel album, <em>Zeitgeist</em>, qui sortira le 10 juillet prochain, mais surtout pour réentendre les plus fameux standards du groupe.</strong> </p><p align="justify">19 octobre 2000, à Bercy. Les <a href="http://www.smashingpumpkins.com/">Smashing Pumpkins</a> - mythique groupe de rock alternatif des années 90 -, sont en pleine tournée d'adieux, et offrent leur dernier concert au public français. Ce soir-là, ils livrent un spectacle grandiose, absolument époustouflant, des sensations d'une intensité inouïe, presque un sentiment d'absolu, qui rend, par la suite, le retour sur terre bien difficile, et fait apparaître, par contraste, la réalité quotidienne incroyablement fade. Le genre d'expérience d'excessive plénitude dont on ne se remet que lentement. </p><p align="justify">22 mai 2007, au Grand Rex. Le plus grand groupe rock du monde est enfin de retour. La formation a quelque peu changé de visage : elle comprend toujours, bien sûr, <a href="http://aristippe.blogspot.com/2005/10/dossier-spcial.html">Billy Corgan</a> - le charismatique chanteur chauve, guitariste aussi et compositeur -, <a href="http://www.jimmychamberlincomplex.com/">Jimmy Chamberlin</a> - le batteur d'exception -, mais plus D'arcy Wretzky - la bassiste -, remplacée par <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Ginger_Reyes">Ginger Reyes</a>, ni même James Iha - l'autre guitariste et co-fondateur du groupe avec Corgan -, remplacé, lui, par <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Jeff_Schroeder">Jeff Schroeder</a>. Une claviériste, <a href="http://lisaharritonmusic.com/">Lisa Harriton</a>, est également de la partie en ce soir de rentrée au Rex.</p><p align="justify"><strong>Sous le signe du classicisme</strong></p><p align="justify">Vêtus d'un blanc virginal, comme pour signifier leur nouveau départ, les <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/The_Smashing_Pumpkins">Smashing Pumpkins</a> présentent quelques-uns des titres de leur nouvel album, <em>Zeitgeist</em> (l'on peut <a href="http://aristippe.blogspot.com/2007/05/en-avant-premire-tarantula.html">reconnaître</a> le single "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=IexgPM8Hp9I">Tarantula</a>") ; mais ils reprennent surtout les titres qui ont fait leur gloire passée ; il n'en manque pratiquement aucun : "<a href="http://www.dailymotion.com/video/x223le_1-smashing-pumpkins-live-au-grand-r">Today</a>", "Hummer" (<a href="http://www.dailymotion.com/taike-eilee/video/x2207e_hummer/1">début</a> et <a href="http://www.dailymotion.com/video/x224ib_5-smashing-pumpkins-live-au-grand-r">fin</a>), "<a href="http://www.dailymotion.com/video/x228h8_rocket">Rocket</a>", "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=MFi2UIc_5Y0&eurl=http%3A%2F%2Fwww%2Esmashingpumpkins%2Ecom%2Fvideos">Cherub Rock</a>", "Silverfuck", "<a href="http://www.dailymotion.com/video/x225qn_10-smashing-pumpkins-live-au-grand">Disarm</a>" (de l'album <em>Siamese Dream</em>), "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=3p7EzjFfExE">Bullet With Butterfly Wings</a>", "<a href="http://www.dailymotion.com/video/x224ww_7-smashing-pumpkins-live-au-grand-r">Thirty-Three</a>", "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=Ae9KE8QcTFE">1979</a>", "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=eAZHimnSdXA">Tonight, Tonight</a>", "Zero", "Muzzle" (de <em>Mellon Collie and The Infinite Sadness</em>), "<a href="http://www.dailymotion.com/video/x2255d_8-smashing-pumpkins-live-au-grand-r">To Sheila</a>", "Shame", "<a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x21z9o_the-smashing-pumpkins-annie-dog-a-p">Annie-Dog</a>" (de <em>Adore</em>), "Stand Inside Your Love", "Glass and The Ghost Children" (de <em>Machina/The Machines of God</em>), "<a href="http://www.dailymotion.com/video/x223yf_3-smashing-pumpkins-live-au-grand-r">Home</a>" (de <em>Machina II/The Friends and Enemies of Modern Music</em>), "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=12o5GDwF3Hk">Winterlong</a>" (de <em>Judas O</em>), "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=kB8uAQdGBdc">Untitled</a>" (de <em>Rotten Apples</em>)... </p><p align="justify">Les nouveaux titres proposés (<a href="http://www.billboard.com/bbcom/news/article_display.jsp?vnu_content_id=1003588876">en l'occurrence</a>, "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=NUrvWI4KPGU">United States</a>", "Orchid", "Doomsday Clock", "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=wT8lQckZ5zw">Starz</a>", "Tarantula", "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=-0qp94wN980">For God and Country</a>", "Never Lost", "That's the Way"), très minoritaires dans la programmation, se trouvent noyés au milieu de tous ces tubes ; d'autant plus qu'ils sont joués en public pour la toute première fois, et ne sont donc absolument pas identifiables par les spectateurs, qui n'en garderont qu'un très incertain souvenir. Les morceaux déjà connus volent inévitablement la vedette aux nouveautés, dont on se sent finalement un peu frustré. Cette forte réappropriation du passé est, certes, sympathique ; mais peut-être aurait-il mieux valu se focaliser davantage sur les dernières créations du groupe. </p><p align="justify">Globalement, les titres inédits font bonne impression, sans être pour autant transcendants. <a href="http://www.dailymotion.com/video/x223us_2-smashing-pumpkins-live-au-grand-r">L'un d'eux</a> m'apparaît, sur le moment, excellent ; mais son souvenir, avec quelques heures de recul, s'évapore déjà... On peut aussi remarquer un très long morceau de près de dix minutes, comme on a coutume d'en trouver un au moins sur chaque album des Pumpkins ; mais son souvenir, à lui aussi, s'est vite envolé... </p><p align="justify">Au final, était-ce un bon ou un mauvais concert ? Il y eut des hauts et des bas, de belles ascensions prometteuses et quelques creux. Et surtout des moments magnifiques, qui coïncidèrent avec les interprétations de "Thirty-Three", "Cherub Rock" - qui réveilla énergiquement la foule un brin endormie par un "Glass and The Ghost Children" pas trop bienvenu -, "Zero", "Muzzle", mais surtout "Tonight, Tonight", qui fut sans conteste le point culminant de la soirée, soulevant une vague de plaisir et de gratitude dans les gradins pleins du Rex. </p><p align="justify">Billy Corgan nous aura gratifié de quelques hurlements dont il a le secret, ainsi que d'une petite série de prestations acoustiques, seul en scène. Jimmy Chamberlin aura été, comme à son habitude, monstrueux et fantastique dans son jeu de batteur. Quant aux deux petits nouveaux, ils seront restés plutôt sages et discrets ; on regrette que Corgan n'ait - bizarrement - pas pris la peine de les présenter au public, qui n'aura guère su - sauf les plus initiés - qui étaient ces illustres inconnus durant toute la durée du concert. </p><p align="justify"><strong>Des demi-Pumpkins toujours aussi magiques ?</strong></p><p align="justify">Au final donc, un bon concert, généreux, de près de trois heures, dont la magie n'aura tout de même pas été équivalente à celle des concerts d'avant la rupture de 2000. Peut-être parce que les Pumpkins, c'était une alchimie unique entre Billy Corgan et Jimmy Chamberlin, certes, mais aussi - presque aussi indispensables - James Iha et D'arcy Wretzky. Les Pumpkins en 2007 ne sont plus que la moitié des Pumpkins d'origine. Il ne faut sans doute pas aller chercher plus loin l'explication de ce défaut relatif de magie. </p><p align="justify">Le mythe Smashing Pumpkins s'était construit à quatre ; il tenait encore à trois, comme durant la tournée <em>Machina</em>, sans D'arcy, ou la période <em>Adore</em>, où c'est Chamberlin, cette fois-ci, qui avait été mis de côté (suite à ses problèmes de drogue). Mais à deux seulement, le mythe tient-il encore ? Les deux qui restent ont, certes, toujours constitué la colonne vertébrale du groupe ; ce sont sans doute ses deux pièces maîtresses. La colonne suffit bien à faire un très bon groupe de rock ; mais elle ne suffit peut-être pas pour conserver le génie créatif à son plus haut niveau. </p><p align="justify">Attendons tout de même <em>Zeitgeist</em>, attendons de l'écouter en intégralité, et de le réécouter - car les chansons des Pumpkins ne se donnent que rarement à la toute première écoute -, ruminons-les un peu, et alors seulement nous saurons... si le génie est encore là, intact, miraculeusement sauvé de la scission, ou s'il s'est dissipé tristement. Le beau concert de ce soir ne permet pas de trancher. Il aura seulement confirmé, s'il en était besoin, que les Smashing Pumpkins sont un vrai groupe de scène, à la puissance et à la force de conviction inégalées.</p><p align="justify">Il semblerait, enfin, que <em>Zeitgeist</em> soit un album engagé. <a href="http://www.showbizz.net/articles/20070516105448/smashing_pumpkins_decouvrez_pochette_zeitgeist.html">Sa pochette</a>, en tout cas, le laisse penser : elle représente, en effet, la Statue de la Liberté en train de se noyer. Son créateur, Shepard Fairey, dit avoir puisé son inspiration dans le réchauffement climatique, en lequel il voit le symbole d'un certain aveuglement américain. Mais la Statue de la Liberté sert aussi de métaphore pour illustrer la menace qui pèse sur certains idéaux fondateurs de la société américaine, comme les libertés civiles, la liberté d'expression, ou le droit à la vie privée. Autant d'acquis en péril depuis les attentats du 11 septembre et la réaction de l'administration Bush. Le soleil, derrière la statue, symbolise, quant à lui, l'espoir. Reste à savoir s'il se couche ou se lève... Ce mouvement dépend sans doute de la volonté humaine... En tout cas, nul doute que Corgan et ses Citrouilles Eclatées ne destinent pas le soleil à se coucher dans la mer. </p>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-83488795751338530852007-05-21T19:20:00.000+00:002007-05-22T15:11:46.009+00:00En avant-première : Tarantula !<p align="justify"><object height="335" width="425"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/4wbZV8DVyeUuyep7I"><param name="allowfullscreen" value="true"><embed src="http://www.dailymotion.com/swf/4wbZV8DVyeUuyep7I" type="application/x-shockwave-flash" width="425" height="335" allowfullscreen="true"></embed></object><br /><br />A la veille du retour sur scène des Smashing Pumpkins au Grand Rex à Paris, voici en (presque) exclusivité mondiale le premier single de leur nouvel album <em>Zeitgeist</em> : "Tarantula". Ne nous voilons pas la face : ce tout premier morceau n'est pas à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre. Assez fortement imbibé de l'esprit de Zwan et de <em>Mary Star Of The Sea</em>, qui, à l'époque (en 2003), n'avait pas franchement séduit les fans des Pumpkins. On attend donc la suite... en espérant qu'elle sera d'un tout autre niveau. Mais ce "Tarantula" ne constitue pas le meilleur des présages. Le plaisir n'est, certes, pas complètement absent, mais bien faiblard tout de même.</p>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-88679603407819002072007-05-21T16:28:00.000+00:002007-05-21T16:35:55.013+00:00Dordogne<a href="http://4.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHKMgWiEuI/AAAAAAAAADU/mIwPrL0ewDA/s1600-h/IMG_1020-4.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5067053371960201954" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://4.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHKMgWiEuI/AAAAAAAAADU/mIwPrL0ewDA/s400/IMG_1020-4.jpg" border="0" /></a><br /><div><a href="http://4.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHKGgWiEtI/AAAAAAAAADM/8H2DwawQ-0A/s1600-h/IMG_1026.JPG"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5067053268880986834" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://4.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHKGgWiEtI/AAAAAAAAADM/8H2DwawQ-0A/s400/IMG_1026.JPG" border="0" /></a><br /><br /><div><a href="http://3.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHJ9QWiEsI/AAAAAAAAADE/gJqr0grM6RQ/s1600-h/IMG_1045.JPG"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5067053109967196866" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://3.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHJ9QWiEsI/AAAAAAAAADE/gJqr0grM6RQ/s400/IMG_1045.JPG" border="0" /></a><br /><br /><br /><div><a href="http://4.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHJxgWiErI/AAAAAAAAAC8/2-iVMRdKxVo/s1600-h/IMG_1046.JPG"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5067052908103733938" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://4.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHJxgWiErI/AAAAAAAAAC8/2-iVMRdKxVo/s400/IMG_1046.JPG" border="0" /></a><br /><br /><br /><br /><div><a href="http://1.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHJhwWiEqI/AAAAAAAAAC0/LAIvEK4p2Pk/s1600-h/IMG_1002.JPG"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5067052637520794274" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://1.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHJhwWiEqI/AAAAAAAAAC0/LAIvEK4p2Pk/s400/IMG_1002.JPG" border="0" /></a><br /><br /><br /><br /><br /><div><a href="http://2.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHJXAWiEpI/AAAAAAAAACs/OKR0VdqPuU0/s1600-h/IMG_1004.JPG"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5067052452837200530" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; CURSOR: hand" alt="" src="http://2.bp.blogspot.com/_eT7HJLU0IrQ/RlHJXAWiEpI/AAAAAAAAACs/OKR0VdqPuU0/s400/IMG_1004.JPG" border="0" /></a><br /><br /><br /><br /><br /><br /><div></div></div></div></div></div></div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-8367789934933325322007-05-16T10:55:00.000+00:002007-05-22T13:38:33.146+00:00Faim dans le monde : une insurrection morale est-elle encore possible ?<div align="justify"><strong>Les amateurs de films d'horreur sont aux anges. A l'affiche, en ce moment, l'un des fleurons du genre. <em>Hitcher</em> ? Mais non... Le meilleur film d'épouvante du moment est un documentaire. <em>Jesus Camp</em> ? Non plus, même si la découverte de ces camps évangéliques pour enfants, que l'on prépare à devenir de futurs soldats de Dieu et de George W. Bush, peut également faire frémir. La palme du meilleur film "gore" 2007 revient à <em>We Feed The World</em> (<em>Le marché de la faim</em>) de Erwin Wagenhofer. Un film tellement effrayant qu'il n'est diffusé que dans six salles à Paris... Pas d'effets spéciaux. Pas de faux sang. Que du vrai. Avec nous, consommateurs, comme principaux acteurs. Et de vrais gens qui meurent. De la faute du "système" - autre nom de l'antique "destin". Dans l'indifférence générale. La nôtre.</strong></div><div align="justify"></div><br /><br /><div align="justify"><strong>100 000</strong> êtres humains meurent de faim ou de ses conséquences immédiates <strong>chaque jour</strong> dans le monde. <strong>1 enfant</strong> de moins de 10 ans meurt <strong>toutes les 5 secondes</strong> de cette même cause. Selon le rapport annuel de l'organisation pour l'alimentation et l'agriculture, <strong>842 millions</strong> d'hommes et de femmes souffrent de malnutrition chronique aggravée, qui les rend invalides et les prive de toute vie professionnelle, familiale et sexuelle. Un chiffre en constante augmentation. Pourtant, il est avéré que l’agriculture mondiale peut, à l’heure actuelle, nourrir dans de bonnes conditions <strong>12 milliards</strong> d'individus, soit près du double de la population mondiale ! Ces quelques chiffres aberrants font dire à <a href="http://www.actufiches.ch/content.php?name=Ziegler&vorname=Jean">Jean Ziegler</a>, rapporteur spécial auprès des Nations Unies sur le Droit à l'Alimentation, auteur de <a href="http://www.dailymotion.com/video/x3y1f_lempire-de-la-honte-jean-ziegler"><em>L'Empire de la honte</em></a>, et dont les interventions servent de fil conducteur au <a href="http://www.we-feed-the-world.fr/">documentaire</a>, que "chaque enfant qui, aujourd'hui, meurt de faim est, en réalité, assassiné".<br /><br />La faute à qui ? Au monde tel qu'il va. Et tel qu'il continuera vraisemblablement d'aller. <a href="http://www.humanite.fr/journal/2006-09-01/2006-09-01-835850">La faute</a>, selon Ziegler, aux "500 multinationales qui contrôlent 52 % du PIB mondial", "ne s'intéressent absolument pas au sort des pays dans lesquels elles sont implantées", "mènent une politique de maximalisation des profits et assoient leur pouvoir par la corruption des dirigeants". Et ce, dans un monde où "la normativité, qui était ancrée dans la souveraineté des Etats nationaux, se défait comme un bonhomme de neige au printemps" (toujours selon Ziegler, lors de son passage dans l'émission de France 2, <em>Des mots de minuit</em>).<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Petit tour du monde de l'absurde</span></strong><br /><br />Quelques illustrations de ce monde qui ne tourne pas rond ? A Vienne, en Autriche, on jette environ 2 millions de kilos de pain par an, pourtant parfaitement comestibles. La quantité de pain ainsi gaspillée chaque jour pourrait nourrir la deuxième ville du pays, Graz.<br /><br />En Roumanie, deuxième producteur agricole européen derrière la France, le leader mondial des ventes de semences, Pioneer, impose ses OGM, ses semences à utilisation unique, et détruit progressivement les modes de culture traditionnels. Un représentant du groupe nous livre un témoignage étonnant, précise-t-il, en son nom propre : il annonce, en effet, l'inéluctable hégémonie future des OGM, tout en la regrettant, souhaite que l'agriculture ancienne puisse résister, alors même qu'il participe activement à la liquider. Illustration, sans doute, du conflit interne à chaque homme, entre son intérêt et sa conscience...<br /><br />Cet homme, courgettes en main, fait remarquer que celles qui sont génétiquement modifiées sont, certes, bien plus agréables à regarder, plus grosses, plus séduisantes pour le consommateur... mais n'ont aucun goût ; en tout cas, bien moins que les courgettes classiques, plus petites, plus tordues, et moins affriolantes à la vue. Désabusé, il prédit que, demain, les enfants ne connaîtront plus le goût d'une pomme ou d'une tomate authentiques. Le goût n'est malheureusement pas un critère retenu par les multinationales de l'agro-alimentaire. Le critère unique, c'est le profit, et sa maximalisation. Et puis, fait-il finalement remarquer : veut-on de bons produits en faible quantité, ou de mauvais qui pourront nourrir tout le monde ?<br /><br />Passons, à présent, l'Atlantique. Depuis 1975, les paysans brésiliens ont défriché la forêt vierge et ses arbres gigantesques, qu'on avait coutume de qualifier de "poumons de la Terre", sur une surface équivalant à la France et au Portugal réunies, pour y cultiver du soja, au point que le Brésil en est devenu le premier producteur mondial. Or, le soja appauvrit la terre amazonienne. Un soja qui est ensuite exporté massivement vers l'Europe, où il sert à nourrir... les cheptels, et, en particulier, les poulets. Pendant ce temps-là, les paysans souffrent de malnutrition chronique (comme 25 % des Brésiliens), et vivent dans une telle misère qu'ils doivent puiser leur eau - à boire - dans des mares polluées, à leurs risques et périls.<br /><br />Situation tout aussi absurde au Sénégal, où les paysans voient affluer sur leurs marchés, au tiers du prix local, les légumes et fruits européens subventionnés, qui les condamnent à ne pas pouvoir vivre de leurs propres productions. Du coup, certains d'entre eux, sans espoir de survie chez eux, malgré leurs journées de travail de 18 heures, émigrent illégalement vers l'Europe, pour s'y faire exploiter (et servir, à l'occasion, de boucs émissaires). A ce drame, Ziegler apporte ce <a href="http://www.humanite.fr/journal/2006-09-01/2006-09-01-835850">début de réponse</a> : "Pour créer les conditions d’un développement autonome de l’Afrique, l’Europe devrait commencer par supprimer les 349 milliards de dollars de subvention à l’exportation de ses produits agricoles. Le poids de la dette est un garrot qui bloque tous les investissements productifs. L’Europe devrait forcer les grandes banques à accepter sa suppression."<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Les poulets et le PDG<br /></span></strong><br />Les films d'horreur mettent parfois du temps à faire peur ; il nous font patienter longuement avant de nous faire sombrer dans la franche épouvante. <em>We Feed The World</em> ne déroge pas à la règle. L'ensemble du film est inquiétant ; les deux dernières séquences, elles, glacent littéralement le sang.<br /><br />D'abord, nous nous retrouvons dans une usine autrichienne qui fabrique des poulets, comme on fabriquerait des jouets ou des voitures. Une usine à bouffe, où l'animal en tant que tel n'existe plus. Fini l'animal qui a sa vie propre, et qu'un jour on chassera et tuera pour le manger. L'animal est ici nié dans son être, et d'emblée réduit à de la bouffe.<br /><br />Tout commence dans des poulaillers géants, contenant jusqu'à 70 000 individus. Là, dans ces hangars sordides, poules et coqs se reproduisent. Les oeufs pondus sont placés dans des incubateurs. Puis dans de grandes caisses. Les poussins y éclosent, comprimés les uns contre les autres. Ensuite, comme n'importe quels objets dans une usine à la chaîne, ils suivent, sur des tapis roulants qui vont à toute vitesse, un parcours automatisé, durant lequel ils se font bringuebaler dans tous les sens. Ils atterrissent dans d'impressionnants hangars, où ils vont être gavés. A peine le temps de grandir qu'ils sont transportés à l'abattoir. Sans avoir jamais vu la lumière du jour. Sans avoir jamais gambadé en pleine nature. Sans avoir jamais "vécu". Passons sur l'abattage lui-même, nouveau parcours à la chaîne sur tapis roulant, avec électrocution via passage de la tête dans un bassin liquide, et décapitation, jusqu'à l'arrivée finale du cadavre sous cellophane. Prêt à déguster. Ces images soulèvent le cœur et donneront, à n'en pas douter, quelques scrupules aux futurs consommateurs que nous sommes, lorsque nous nous retrouverons face à face avec un poulet sous cellophane au supermarché.<br /><br />Là encore, il est surprenant d'entendre un acteur de ce système, qui travaille dans une de ces usines à poulets, tenir des propos très critiques à l'encontre de sa propre activité : "Le consommateur ne sait plus comment le système fonctionne. [...] Les gens deviennent indifférents et brutaux pour arriver à leurs fins. Pourquoi ? Car dans les hautes sphères, il n'y a plus personne qui a commencé en bas de l'échelle. [...] Tous ces gens qui étudient à l'école et quittent l'université avec une licence ou un doctorat n'ont plus aucun lien avec leurs racines. Ils voient l'agriculture comme la plupart des gens, à savoir comme on la présente dans les pubs, idéalisée. Mais ça n'a rien à voir avec la réalité. Le marché ne s'intéresse qu'au prix. Le goût n'est pas un critère." La sale besogne est laissée à quelques professionnels qui ont presque honte de ce qu'ils font, tandis que les consommateurs, et peut-être même les maîtres du système, ignorent tout des pratiques de terrain qui permettent la réalisation du profit et sa maximalisation tant recherchée et vénérée.<br /><br />Ultime scène d'horreur du documentaire de Erwin Wagenhofer : la visite au PDG de Nestlé, Peter Brabeck. Celui qui dirige la plus importante multinationale alimentaire mondiale - et qui n'a pas dû voir le film qui précède son entrée en scène - nous assure que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, que le monde n'a jamais été aussi riche, que chacun peut aujourd'hui avoir tout ce qu'il veut... Il nous assure que l'avenir appartient aux OGM, que le bio, ce n'est pas si bien que cela... Il se réjouit de ce que l'homme ait enfin réussi à vaincre la nature hostile, à la maîtriser, à la manipuler à sa guise, et nous promet que tout cela est sans danger ; preuve en est, les OGM n'ont, à ce jour, causé aucune maladie chez nos amis américains. Il s'étonne donc candidement de ce que certains affichent quelques états d'âme vis-à-vis des manières de faire des grandes entreprises transcontinentales qui dirigent le monde.</div><div align="justify"><br />Mais ce n'est pas tout. Voici venue l'heure du grand frisson... Peter Brabeck s'interroge très sérieusement sur le prétendu droit de tous les hommes à bénéficier de l'eau ! Ce cher monsieur, bronzé aux U.V. (comme le souligne malicieusement Ziegler), qualifie d'extrémistes les ONG qui considèrent que chaque homme de ce monde a droit à l'eau, et se prononce, pour sa part, en faveur de la privatisation de cette dernière, en laquelle il voit une denrée alimentaire comme une autre, qui a donc une valeur marchande, un prix, et que seuls ceux qui pourront se la payer auront le droit de consommer. Pour les autres... Faudra s'adapter, j'imagine, être flexible... moderne...<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">En résistance contre la privatisation du monde</span></strong><br /><br />Jean Ziegler, dans <a href="http://www.lecourrier.ch/index.php?name=News&file=article&sid=1886">un entretien</a> au quotidien suisse <em>Le Courrier</em> du 24 octobre 2002, avait déjà pointé "la visée historique de cette oligarchie transcontinentale", incarnée par le PDG de Nestlé : il s'agissait de "la privatisation du monde". En effet, nous disait-il, "pour les maîtres du monde, il ne saurait exister de «biens publics». Cette visée est contenue dans le Consensus de Washington, un ensemble d'accords informels liant les principales sociétés transcontinentales, les banques de Wall Street, la Federal Reserve, la Banque mondiale, le FMI, l'OMC. Le but de cette alliance est l'instauration d'une stateless global governance, d'un marché mondial unifié et totalement autorégulé. Leur méthode : l'élimination de l'Etat et de toute instance régulatrice."<br /><br />Alors que l'Europe affiche, disait-il en 2002, "une indigne soumission à l'empire états-unien", alors même qu'elle "a les moyens de résister", Ziegler situe le dernier rempart contre la privatisation du monde dans "la Charte des Nations Unies et la Déclaration des droits de l`homme". "Les valeurs qu'elles contiennent et véhiculent", poursuit-il, "constituent la norme ultime de toute politique. Les nouvelles formes d`organisation issues de la société civile se meuvent dans cette constellation de valeurs. L'espoir vient de ces réseaux qui associent des individus et des groupes de manière transversale sans hiérarchie, sans dogmatisme, sans programme commun. Ils sont absolument et totalement dans la résistance. Contre la privatisation du monde. Georges Bernanos a écrit : «Dieu n`a d`autres mains que les nôtres.» Nous vivons en démocratie, nous pouvons et devons renverser l'ordre meurtrier du monde."<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Réentendre la voix oubliée des sages</span></strong><br /><br />En voyant <em>We Feed The World</em>, j'ai pensé, par contraste, à deux êtres extraordinaires, dont les paroles précieuses nous manquent : l'ethnologue Claude Lévi-Strauss et le romancier Jean-Marie Gustave Le Clézio. Ces deux sages ont toujours été fascinés par des peuples (amérindiens entre autres) qui savaient vivre dans une "bonne entente avec la nature" (11e minute de <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/search/clézio/video/xme8l_levistrauss-le-clezio">cet entretien</a> entre les deux hommes), en harmonie avec elle - du fait de leurs croyances : "Quand il existe des croyances en un maître des animaux, qui veille jalousement sur les procédés de chasse, et dont on sait qu'il enverra des châtiments surnaturels à celui ou à ceux qui tueraient plus qu'il n'est strictement nécessaire, quand, pour cueillir la moindre plante médicinale, il est nécessaire de faire d'abord des offrandes à l'esprit de cette plante, tout cela oblige à entretenir avec la nature des rapports mesurés. Et certains peuples ont même cette croyance que le capital de vie qui est à la disposition des êtres fait une masse, et que, par conséquent, chaque fois qu'on en prend trop dans une espèce, on doit le payer aux dépens de la sienne propre..." (voir ce <a href="http://www.dailymotion.com/video/xn3sq_claude-levi-strauss-partie-2">bel entretien</a> entre Bernard Pivot et Lévi-Strauss à partir de la 27e minute).<br /><br />Des peuples qui développaient, continue Lévi-Strauss, "une façon sensée pour l'homme de vivre et de se conduire, et de se considérer, non pas, comme nous l'avons fait, [...] comme les seigneurs et les maîtres de la création, mais comme une partie de cette création, que nous devons respecter, puisque ce que nous détruisons ne sera jamais remplacé, et que nous devons transmettre telle que nous l'avons reçue à nos descendants. Ça, c'est une grande leçon, et presque la plus grande leçon que l'ethnologue peut tirer de son métier." Une leçon à inculquer d’urgence à Peter Brabeck.<br /><br />Le Clézio aussi nous parle de peuples qui ne partagent guère notre civilisation technique du rendement, et qui ont un sentiment de "la très grande fragilité" de la nature, qui savent par exemple que l'excès d'exploitation est néfaste, que si l'on remplace la forêt naturelle par des champs en monoculture, l'on obtient une détérioration du sol (<a href="http://www.dailymotion.com/relevance/search/cl%C3%A9zio/video/xpg8a_le-clezio-sonore">écouter cet entretien</a> vers 30min40). Il nous entretient de ces peuples qui vivent dans le respect des plantes, ne les cueillent qu'avec une extrême précaution, et si seulement elles ne sont pas trop jeunes, tout comme ils ne pêchent point de poissons qui n'auraient suffisamment vécu, ces peuples qui placent plantes et animaux à égalité avec les hommes. On est loin des poulets d'usine tenus toute la durée de leur courte vie à l'abri de la lumière du soleil, et traités non comme des être vivants, mais comme des objets utilitaires à l'homme. On est loin du massacre de la forêt amazonienne, remplacée par des champs de soja à perte de vue, destinés au gavage des poulets d'usine... On est loin de cette culture mortifère décrite par <em>We Feed The World</em>.<br /><br />La nostalgie d'un Lévi-Strauss ou d'un Le Clézio pour ces peuples que d'aucuns qualifiaient de "sauvages", de "barbares", ou de "primitifs", peut être salutaire. Car c'est bien de l'esprit écologique (certes laïcisé) qui les animait que viendra, s'il doit venir, le salut de notre civilisation.</div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-17243150.post-13951732429604059282007-05-11T17:12:00.000+00:002007-05-12T12:14:59.950+00:00Sarkozy, ou le triomphe des passions tristes<div align="justify"><strong>31 % au premier tour, 53 % au second. Nicolas Sarkozy a survolé les élections présidentielles de 2007. Pourtant, au soir de sa victoire, nombre de Français avaient, pour la première fois, honte d'être français. Outre la déception compréhensible de ceux qui ont perdu une bataille, quelque chose d'autre ne passait pas... Le sacre sarkozyste revêtait un caractère à la fois irréel et révoltant. Une haine sourde grondait. Une douleur aiguë et lancinante se faisait sentir, qui aurait bien du mal à passer. La cause de cette réaction, inédite à l'occasion de l'élection d'un président de la République, est à rechercher dans le comportement du vainqueur, dans sa stratégie de campagne, et son utilisation redoutablement dangereuse des passions tristes.<br /></strong><br /><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Sarkozy">Nicolas Sarkozy</a> est élu président de la République depuis maintenant cinq jours. Parmi les <a href="http://www.lemonde.fr/web/articleinteractif/0,41-0@2-823448,49-906400@51-822961,0.html">premières réactions</a>, on aura pu noter celle, réjouie, du Medef, qui promet de "contribuer avec enthousiasme à l'écriture de la nouvelle page qui s'ouvre pour la France", ou encore celle, plus inattendue, du leader d'extrême droite autrichien Jörg Haider, qui considère que le nouveau président français s'inspire de son "modèle" : "C'est une ironie de l'histoire que les Français élisent maintenant leur Jörg Haider, et une satisfaction que le "Napoléon de poche" Jacques Chirac appartienne désormais au passé." Quant à la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/politique/20070419.OBS2872/le_fil_des_evenements.html">elle estime</a> que l'élection de Nicolas Sarkozy ouvre "une période excitante pour la France". Condy ne s'y trompe pas, puisque 730 voitures ont brûlé dans le pays dès la nuit de son élection, et que de nombreuses manifestations hostiles ont pris le relai un peu partout sur le territoire depuis.<br /><br />Pendant ce temps-là, Nicolas Sarkozy a pu commencer à mettre en pratique sa conception très "à l'américaine" de la présidence, et son idée - si chère à son coeur - selon laquelle les riches ne doivent plus avoir honte d'exhiber les fruits de leur réussite bien méritée, en s'offrant <a href="http://www.capital.fr/actualite/Default.asp?indiscretion=1&numero=63423&Cat=IND">une petite croisière</a> bien sympathique à Malte, à bord du superbe yacht de son ami, le milliardaire <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Bollor%C3%A9">Vincent Bolloré</a>, un yacht répondant au doux nom de <a href="http://www.yachtchartersdeluxe.com/paloma.htm">Paloma</a>, long de 60 mètres, avec jacuzzi sur le pont supérieur, que vous pourrez vous aussi, si le coeur vous en dit, louer pour quelques 193 431 euros la semaine pour vos prochaines escapades de winner... lorsque vous aurez eu la satisfaction préalable de travailler plus pour gagner plus. T'as trop raison Nico, quel intérêt d'avoir du temps libre quand on n'a pas de quoi payer à sa famille de vraies vacances dignes de ce nom ?<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">La France en mille morceaux</span></strong><br /><br />Prenons donc exemple sur les plus méritants des Français, les <a href="http://www.habitants.fr/habitants_neuilly-sur-seine_92051.html">Neuilléens</a> : "Les gens qui habitent Neuilly sont ceux qui se sont battus pour prendre plus de responsabilités, pour travailler plus que les autres" (<em>Marianne</em>, 14 au 20 avril 2007). Quelle belle parole Nicolas ! Gloire aux travailleurs de Neuilly ! Et honte aux "autres" (bande de fainiasses...) ! Telle est bien la France de Nicolas Sarkozy : une France clivée, divisée, entre battants et fainéants, bons travailleurs corvéables à merci et assistés misérables sur lesquels on peste avec rage, honnêtes gens revanchards qui ne jurent que par le triptyque "Travail-Famille-Patrie" et dégénérés de soixante-huitards avec lesquels il faut en finir au plus vite, braves gens qui rasent les murs dans les cités et racailles à nettoyer d'urgence au Kärcher, Français-qui-se-lèvent-tôt-le-matin et Français-génétiquement-mal-barrés...<br /><br />Nicolas Sarkozy veut être le président de tous les Français, c'est en effet la moindre des choses... Mais il n'a cessé, durant sa campagne, de dresser des Français contre d'autres Français, il a attisé les haines, les jalousies, les ressentiments de tous contre tous. Nombre de ses électeurs ont voulu porter au sommet de l'Etat un Père Fouettard, un homme qui leur promettait de punir certaines catégories de la population trop favorisées ou trop câlinées (à leur goût) jusqu'à maintenant. Ce sera dur de rallier ceux qu'on a traités - à des fins électoralistes - comme des ennemis.<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Spinoza n'aurait pas voté Sarkozy</span></strong><br /><br />Nicolas Sarkozy a usé de la méthode la plus efficace qui soit pour accéder au pouvoir (et pour l'exercer ensuite). Il a joué sur nos "passions tristes" : "Inspirer des passions tristes est nécessaire à l'exercice du pouvoir", enseignait Gilles Deleuze dans un <a href="http://profsprecairesmidipy.free.fr/article.php3?id_article=88">cours sur Spinoza</a> prononcé à Vincennes le 24 janvier 1978. "Et Spinoza dit, dans le <em>Traité théologico-politique</em>, que c'est cela le lien profond entre le despote et le prêtre, ils ont besoin de la tristesse de leurs sujets. Là, vous comprenez bien qu'il ne prend pas tristesse dans un sens vague, il prend tristesse au sens rigoureux qu'il a su lui donner : la tristesse c'est l'affect en tant qu'il enveloppe la diminution de la puissance d'agir".<br /><br />Parmi ces passions tristes, la haine, l'envie, la jalousie, la colère, la vengeance furent particulièrement mises à profit par l'ancien ministre de l'Intérieur. Les boucs émissaires qu'il nous a trouvés ? Les "autres", c'est-à-dire : les assistés, les fonctionnaires (ces privilégiés...), les syndicalistes, les fraudeurs, les voyous, les racailles, "ceux qui profitent du système", "ceux qui demandent toujours et qui ne veulent jamais rien donner", et puis les égorgeurs de moutons, les soixante-huitards, les adeptes de la repentance, les élites de gauche - toujours du côté des délinquants et des assassins, jamais de celui des honnêtes gens, n'est-ce pas ? -, les juges <a href="http://www.humanite.fr/journal/2007-01-02/2007-01-02-843063">trop laxistes</a> de Bobigny, les policiers qui jouent au rugby avec les jeunes au lieu de les mettre en prison (revoyez <a href="http://www.dailymotion.com/video/x1n1p0_sarkozy-et-la-police-de-proximite">cette séquence</a> : quelle humiliation pour les policiers, quel sadisme de notre <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/search/gendarme%2Bfun%C3%A8s/video/x1t0cu_le-gendarme-de-funes">gendarme à Saint-Tropez</a> !), et même les politiques et les technocrates (voyez ce <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x1uiiq_meeting-sarkozy-a-bercy-290407-part">morceau nauséeux</a> du discours de Bercy), et j'en oublie sûrement.<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Le (dé)goût des "autres"<br /></span></strong><br />Nicolas Sarkozy s'est voulu le candidat de "la France qui paie toujours pour tous les autres", "la France qui paie les conséquences de fautes qui ont été commises par d'autres"... les fameux "autres" dont nous venons de dresser une petite liste non exhaustive, et sur la haine desquels Sarkozy a construit sa victoire, en remuant les passions tristes de ses supporters... Cette méthode très efficace à court terme est néanmoins désastreuse sur le long terme : elle crée un climat malsain entre les gens, et ruine le peu d'unité qui peut exister entre membres d'une même nation. Les passions tristes parvenues au pouvoir sont, en quelque sorte, légitimées, elles n'ont plus à se cacher, à se modérer, à s'amender pour se renverser en passions joyeuses, qui, elles, unifient sainement le corps social.<br /><br />On pourrait croire à une exception dans cet usage des passions tristes, lorsque Nicolas Sarkozy marque son <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x1n371_sarkozy-greift-deutschland-an">rejet de la repentance</a>, ce regard critique qu'un peuple porte sur son passé, et qu'<a href="http://www.u-m-p.org/site/index.php/s_informer/discours/reunion_publique_de_nicolas_sarkozy_a_marseille">il identifie</a> à une "détestation de la France et de son Histoire". Mais, en fait, non ; car la réhabilitation du pays se fait, chez lui, par la stigmatisation des repentants, la dénonciation d'autres coupables (irrépressible manie de se défausser en désignant dans le même mouvement un bouc émissaire), et passe finalement par une exaltation presque délirante de la fierté d'être Français. Sarkozy réinvente ainsi une histoire exclusivement glorieuse de la France, qui "n'a pas commis de crime contre l'humanité", "n'a jamais commis de génocide", "n'a pas inventé la solution finale" (petite douceur adressée à nos amis allemands...), mais "a inventé les droits de l'homme" ; et mieux encore, "la France est le pays du monde qui s'est le plus battu dans l'univers au service de la liberté des autres" ("dans l'univers" !). Oublié le régime collaborationniste de Vichy. Oubliés le <a href="http://www.historia.presse.fr/data/thematique/80/08003401.html">Code noir</a> et l'esclavagisme. Oubliée la colonisation. Entre la flagellation perpétuelle et l'oubli, il y a une marge évidemment, et une juste attitude à trouver, mais Nicolas Sarkozy ne fait pas dans la nuance ; il réécrit l'histoire au Kärcher, pour flatter la fibre la plus nationaliste d'un électorat en mal de grandeur mythifiée.<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Singer le grand loup blanc<br /></span></strong><br />Le nouveau chef de l'Etat français partage ce dégoût pour la repentance avec celui qui lui aura servi de principal modèle durant toute sa campagne présidentielle : Jean-Marie Le Pen.<br /><br />La campagne de Nicolas Sarkozy démarre, en effet, le 21 avril 2002. La démangeaison extrémiste est là en France, et Sarko la sent... comme un loup affamé flaire sa future proie aux quelques gouttes de sang qui perlent de ses blessures. Le Pen, en fin tacticien, en vieux loup de la politique, a depuis longtemps flairé les thèmes porteurs, ceux qui rencontrent le plus fort écho dans le peuple, le "petit peuple" si souvent méprisé et tellement courtisé à la fois. Il a compris que le moyen le plus simple de fédérer un grand nombre de sympathisants autour de soi, c'est de leur faire peur et de désigner des boucs émissaires, en promettant de "punir" ces derniers. Avec lui, le bouc émissaire était unique, c'était l'immigré, ou, dans un langage plus convenu, "la politique d'immigraton des gouvernements successifs de gauche comme de droite". Sarkozy a repris à son compte la tactique lepéniste, mais en démultipliant les boucs émissaires, en divisant le pays à outrance.<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Moi je dis les choses comme je pense</span></strong><br /><br />Le mimétisme avec Jean-Marie Le Pen se poursuit dans l'attitude de pourfendeur de tabous que Nicolas Sarkozy a, lui aussi, décidé de faire sienne. Le Pen disait : "Moi je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas." Sarkozy ne cesse d'user de cette formule : "Moi je dis les choses comme je pense", en ayant bien pris soin, au préalable, de <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x1g9vn_tf1-nsarkozy-au-journal-de-20h-1403">dire</a> que, dans ce pays, "on ne peut plus rien dire sur rien". Son discours laisse constamment entendre que nous vivons sous le règne de la pensée unique, d'une quasi censure (instaurée par qui ?), et que lui seul vient parler vrai au milieu d'un discours trop policé et convenu. Lui, au moins, il parle franchement. Il n'hésite pas. Il n'a pas peur. Il ose ! Et puis, il parle comme les gens, les "vrais gens", ceux qu'il a découverts durant sa campagne : "Pendant des mois j’ai vu ce que le peuple vivait, ce qu’il ressentait, ce qu’il souffrait". Il a vu les Français, ceux d'en-bas, les vrais, les authentiques. Et il a compris que parler comme eux, ça pouvait rapporter gros : "Vous savez pourquoi je suis tellement populaire ? Parce que je parle comme les gens" (déclaration d'avril 2004, reprise dans <em>Marianne</em>). Alors il parle de "racailles", car dans les banlieues, les gens ils parlent comme ça, les jeunes ils se parlent comme ça. Y a pas à être choqué ! Les Français veulent que leurs représentants politiques leur ressemblent, soient, le cas échéant, aussi vulgaires qu'eux. Pas de chichi ! Sarkozy exauce ce voeu.<br /><br />Les gens qui apprécient ces manières de faire se trompent, car évidemment l'authenticité est feinte, calculée, méprisante - et méprisable. Et puis, surtout, dire tout haut ce qu'on pense tout bas, cela n'est pas penser : "Bien penser, cela ne va pas de soi. [...] Si vous vous laissez aller, vous êtes pris par quelque chose qui n'est pas vous [...]. La nature mécanique nous guette toujours et nous tient toujours. [...] On pense faux comme on chante faux, par ne point se gouverner. [...] Bien penser est une chose que l'on se doit à soi-même, et qu'il faut vouloir. Ainsi l'homme n'est pas un spectacle permis à lui-même ; ni permis, ni possible". C'est toute la sagesse du philosophe Alain dans ses <em>Propos</em>, et notamment celui-ci, "Régler ses pensées", du 7 août 1929. Penser, c'est corriger ce qu'on pense, redresser constamment ses pensées, qui, sans cet effort, deviennent animales, et proprement étrangères à nous-mêmes - indignes de l'Homme.<br /><br />Sarkozy, qui <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/elysee_2007/20070328.OBS9397/sarkozy_discute_philosophieavec_michel_onfray.html">assimile</a> la liberté à la transgression, ne se prive pas pour transgresser les odieux carcans de la pensée unique. Il lance ainsi des débats scientifiques, en toute liberté, sur le déterminisme génétique par exemple, il donne son avis à lui, sans prendre la peine de s'en référer aux autorités compétentes. Et sur quoi fonde-t-il ses convictions ? Sur <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x1to4s_face-aux-chretiens-nsarkozy-260407">sa propre expérience</a> : "Moi j'ai jamais eu la pulsion d'aller violer un enfant de trois ans, j'en ai aucun mérite, et je ne pense pas que c'est mon éducation qui m'ait porté à ne pas avoir eu cette pulsion..." Ou encore : "Je ne me souviens pas moi, quand j'avais 14 ou 15 ans, d'avoir réfléchi à mon identité sexuelle, je suis hétérosexuel... Je ne me suis pas longuement interrogé pour savoir si j'aimais les hommes ou les femmes..." Ajoutant, au passage, que la campagne présidentielle est "un grand moment de sectarisme" (toujours cette foutue censure... à laquelle lui seul échappe). Alors, certes, Sarkozy ne prétend pas trancher les questions de manière définitive, l'infaillibilité papale ne fait pas encore partie de ses prérogatives. Mais il ose tout de même donner ses vérités scientifiques à lui. Un peu comme Le Pen lançait, lui aussi, des "débats", sur l'existence et l'inégalité des "races", contre l'avis de tous les scientifiques. Et lui aussi fondait ses convictions <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/xqyfo_strategie-du-fn">sur l'évidence</a> ("Il y a des Noirs, il y a des Jaunes..."), le bon sens populaire, n'omettant pas de dénoncer "l'inhibition sémantique" des frileux...<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">N'ayez pas peur ! J'arrive...</span></strong><br /><br />Avec Le Pen, on était aussi habitué à l'exploitation éhontée des faits divers les plus sordides, des crimes les plus atroces, que le brillant tribun s'évertuait à narrer dans le détail jusqu'à faire frémir son auditoire, lors de <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/xp42v_le-pen-diner-debat">dîners</a> dont il s'était fait une spécialité, et qui lui permettait de conclure, solennellement, à la nécessité du retour de la peine de mort. Sarkozy a su, lui aussi, <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x1vfyt_gerard-miller-analyse-sarkozy">instrumentaliser</a> les pires crimes de sang, sans une once de pudeur, pour justifier sa politique répressive (qu'il n'a pourtant pas su mettre en oeuvre durant ses nombreuses années passées place Beauvau), ou, du moins, pour se donner l'image du chef autoritaire et impitoyable qu'appelle de ses voeux le vengeur masqué qui sommeille en chacun d'entre nous, dès lors qu'il est confronté à l'horreur, à l'innommable barbarie qui fauche les vies innocentes.<br /><br />Morceaux choisis du <a href="http://www.u-m-p.org/site/index.php/s_informer/discours/nicolas_sarkozy_a_bercy">discours de Bercy</a> : "Je suis allé à la rencontre des Français [...] avec en moi le souvenir de cette famille à la Courneuve qui pleurait la mort d'un petit garçon de onze ans. C'était le jour de la fête des pères, deux bandes rivales s'affrontaient au pied de l'immeuble, il a pris une balle perdue. C'était le jour où j'ai parlé du Kärcher. Je ne regrette rien [c'est le même homme qui avait déclaré très cyniquement à l'époque : "Kärcher en septembre, 200 000 adhérents [à l'UMP] en novembre"...]. Je suis allé à la rencontre des Français avec dans ma mémoire la douleur des parents de cette jeune fille brûlée vive dans un bus auquel des voyous avaient mis le feu pour s'amuser. J'y suis allé avec dans la tête la voix de ce petit garçon que je tenais par la main devant le cercueil de son père gendarme et qui me tirait par la manche en me disant : "Sors mon papa de la boîte !" J'y suis allé avec devant les yeux l'image de la jeune Ghofrane battue à mort et atrocement torturée parce qu'elle refusait de donner son numéro de carte bleue à ses bourreaux. [...] Je suis allé à la rencontre des Français avec en moi le souvenir de ces familles immigrées, de ces pères, de ces mères, de ces enfants brûlés vifs dans l'incendie de cet hôtel sordide où on les avait entassés parce qu'on n'avait pas les moyens de les loger plus convenablement."<br /><br />Certains, manifestement majoritaires aujourd'hui, apprécient ce genre de discours ; d'autres, peut-être minoritaires, continuent de ressentir un profond dégoût face à une telle manipulation émotionnelle de l'opinion. Car après avoir suscité l'effroi silencieux de l'assistance, avec tant de malheur et d'horreur exposés, on ne tarde pas à désigner du doigt un coupable - dont il ne viendra à l'idée de personne de contester la culpabilité -, et l'on se présente - tel un messie vengeur - comme celui qui saura le "liquidier"...<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Pour une contre-révolution morale</span></strong><br /><br />L'ennemi à abattre, c'est l'esprit de Mai 68, ce fantôme persistant, qui, depuis près de quarante ans, plânerait sur la République, et lui empoisonnerait l'âme. Une République comme possédée par le démon de 68, et qui aurait besoin de toute urgence d'un grand "désenvoûtement" mené par notre nouvel exorciste, Sarkozy. Celui-ci emprunte son diagnostic au bon médecin Le Pen, qui imputait déjà à cette date "maléfique" de Mai 68 l'origine du laxisme moral français, par exemple dans <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/xgxne_la-peine-de-mort-20052006">ce discours</a> sur la peine de mort du 20 mai 2006 (à la 7e minute). Une bonne introduction au <a href="http://birenbaum.blog.20minutes.fr/archive/2007/04/30/show.html">discours terrible de Bercy</a> que tint Sarkozy à la veille du second tour, et dans lequel il se livra à <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x1utmi_sarkozy-fustige-mai-68">une charge</a> haineuse, d'une violence inouïe, à l'encontre d'un héritage rendu responsable d'à peu près tous nos maux.<br /><br />Sarkozy (ou plutôt Henri Guaino, l'auteur de ses discours récents) met parfois justement le doigt là où ça fait mal, sur les promesses non tenues de Mai 68 à l'égard des travailleurs, et joue sur les passions tristes de ces derniers : "Sarkozy joue du ressentiment des classes populaires qui se sont senties méprisées par l'idéologie soixante-huitarde", remarque le sociologue Jean-Pierre Le Goff, cité <a href="http://www.liberation.fr/actualite/politiques/elections2007/251582.FR.php?rss=true">dans <em>Libération</em></a> du 4 mai 2007. Sa dénonciation du communautarisme soixante-huitard est, en revanche, plus choquante, venant d'un homme qui n'a cessé, ces dernières années, de "communautariser" la France (lire, à ce propos, <a href="http://www.communautarisme.net/Du-communautarisme-au-republicanisme-incantatoire-que-penser-du-revirement-rhetorique-de-Nicolas-Sarkozy-_a815.html?PHPSESSID=fdd3e31f004bde0a72435879e0e62204">cette bonne synthèse</a> de l'Observatoire du communautarisme intitulée "Du communautarisme au républicanisme incantatoire : que penser du revirement rhétorique de Nicolas Sarkozy ?"). Carrément culottée enfin, la filiation que Sarkozy établit entre Mai 68 et les <a href="http://www.marianne2007.info/Exclusivite-Marianne2007-Info-En-plus,-Noel-Forgeard-aura-une-super-retraite-d-EADS-!_a1123.html">8,5 millions d'euros</a> de prime de départ et de stocks options de Noël Forgeard : "Voyez comment le culte de l'argent roi, du profit à court terme, de la spéculation, comment les dérives du capitalisme financier ont été portés par les valeurs de mai 68. Voyez comment la contestation de tous les repères éthiques, de toutes les valeurs morales [...] a préparé le terrain au capitalisme sans scrupule et sans éthique des parachutes en or, des retraites chapeaux et des patrons voyous..."<br /><br /><a href="http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement2/251078.FR.php">Dans <em>Libération</em></a> du 2 mai 2007, l'historien Henry Rousso, ancien directeur de l'Institut d'histoire du temps présent, rapprochait l'attitude de Sarkozy de celle des contre-révolutionnaires du XIXe siècle, consistant à "voir dans un événement historique révolutionnaire qu'on qualifie de maléfique les causes d'un supposé déclin français". Et de lui rétorquer, sans ménagement : "C'est un argument fantasmagorique, qui ne tient pas sur le plan historique. [...] Faire de 68 la cause unique de toutes les valeurs dominantes aujourd'hui est une absurdité." Selon l'historien, Sarkozy veut définir une culture de droite "en érigeant un ennemi imaginaire. Il reproche à Ségolène Royal et à la gauche de le diaboliser, mais c'est ce qu'il fait : il érige Mai 68 en une sorte de figure du diable... absolument indéfinissable."<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Un drôle de moralisateur<br /></span></strong><br />L'objectif essentiel que se fixe Nicolas Sarkozy, c'est de mettre en oeuvre "la grande réforme intellectuelle et morale dont la France a une nouvelle fois besoin". De la morale avant toute chose ! "Le mot "morale" ne me fait pas peur. La morale, après mai 68, on ne pouvait plus en parler", lançait Sarkozy à Bercy, lui qui n'a décidément peur de rien. Eh bien parlons-en de morale !<br /><br />Nicolas Sarkozy veut réhausser "le niveau moral de la politique". Mais est-ce que c'est moral, lorsque l'on est ministre de l'Intérieur et favori de la future élection présidentielle, de pratiquer <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20070123.OBS8350/comment_sarko_metla_presse_sous_pression.html">l'intimidation</a> sur des journalistes ? De faire virer un journaliste du <em>Figaro-Magazine</em>, <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x1qj28_ex-directeur-figmag-denonce-sarkozy">Joseph Macé-Scaron</a> ? De faire virer le directeur de la rédaction de <em>Paris-Match</em>, Alain Genestar ? De <a href="http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=1200">censurer</a> la biographie de sa femme Cécilia, <em>Entre le coeur et la raison</em> ? D'<a href="http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2007/04/13/1411-nicolas-sarkozy-et-le-mepris-de-la-separation-des-pouvoirs">ignorer</a> la séparation des pouvoirs, et de mépriser l'indépendance de la justice ? Est-ce moral de critiquer des Etats-Unis <a href="http://www.liberation.fr/actualite/politiques/205032.FR.php">l'arrogance</a> de la France lors de son refus de la guerre en Irak ? Est-ce bien moral d'aller à la pêche aux électeurs frontistes en dénonçant, <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x164jq_sarkozy-baignoire-etranger-mouton">sur TF1</a>, devant des millions de téléspectateurs, les musulmans qui égorgeraient le mouton dans leur appartement, pour ensuite regretter ces propos, <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x1qxv0_sarkozy-et-le-mouton-egorge">en petit comité</a>, devant une association de jeunes de Nanterre ? Est-ce acceptable de se dire <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20070111.OBS6523/sarkozy_defend_son_bilan_les_resultats_sont_la.html">fier</a> de son bilan de ministre de l'Intérieur, sur lequel on prétend être jugé, alors que <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/3_questions_a/20070110.OBS6407/les_violences_non_crapuleuses_ne_font_quaugmenter_depui.html">Alain Bauer</a>, président de l'observatoire national de la délinquance, <a href="http://www.dailymotion.com/visited/search/sarkozy%2B/video/x72d4_le-vrai-sarkozy">affirme</a> que "l'indicateur de la violence a continué imperturbablement à monter depuis 1994", et que <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/interviews/20070110.OBS6403/un_bilan_globalement_negatif.html">Sébastian Roché</a>, secrétaire général de la société européenne de criminologie, parle d'un "bilan globalement négatif" ? Est-ce moral, pour l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine (de 1983 à 2002), de n'avoir <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/elysee_2007/20070329.OBS9548/pour_besancenot_sarkozyest_un_hors_la_loi.html">pas respecté</a> la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_relative_%C3%A0_la_solidarit%C3%A9_et_au_renouvellement_urbains">loi SRU</a> (Solidarité et renouvellement urbain) ? Et puis, dire tout et son contraire, est-ce moral ? Et mentir ? (voir cet "<a href="http://www.e-torpedo.net/article.php3?id_article=1759&titre=Elections-Presidentielles-2007,1759">article-somme</a>")<br /><br />Et que dire des allégations du fameux numéro de <em>Marianne</em> de l'avant-premier-tour ? "A entendre les chiraquiens, même ceux qui se sont ralliés à son panache, c'est lui, Sarkozy, qui, ministre du Budget de Balladur, lança la justice sur la piste du scandale des HLM de Paris [...]. Objectif ? Abattre Chirac ! C'est lui encore, prétendent-ils, qui aurait fait révéler, au Canard enchaîné, l'affaire de l'appartement d'Hervé Gaymard, en qui il voyait un adversaire." Ou encore, dans un autre registre : " Se faire, fût-ce en partie, offrir un luxueux appartement aménagé par le promoteur qu'on a systématiquement favorisé en tant que maire, et dans l'espace dont on a, toujours comme maire, financé l'aménagement, est-ce un exemple d'attitude hautement morale ? [...] Publier un livre consacré à l'ancien ministre Georges Mandel qui se révèle, pour partie au moins, être un plagiat coupé-collé de la thèse universitaire de Bertrand Favreau, certaines erreurs comprises, est-ce la quintessence du moralisme intégral ?" Etc. Etc. Il y aurait toute une page de l'hebdomadaire à citer...<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Kärchériser Bercy ?</span></strong><br /><br />Si Sarkozy n'est pas un parangon de vertu, <a href="http://lecridupeuple.over-blog.com/article-6304000.html">ses amis politiques</a> ne brillent pas tous non plus par leur probité : Patrick Balkany, Alain Carignon, Gérard Longuet, Alain Juppé, Bernard Tapie ou Charles Pasqua sont des spécimens de choix, qui ont tous eu très sérieusement maille à partir avec la justice. <a href="http://www.liberation.fr/actualite/politiques/elections2007/249395.FR.php">Eric Besson</a>, inconnu du grand public avant la campagne, sera devenu, au terme de celle-ci, l'incarnation même de la traîtrise. Même si la concurrence était rude cette année : entre Tapie, Séguéla, Sevran et Hanin, le choix pouvait demander réflexion...<br /><br />Tout ce beau monde a donc rejoint la France de TF1... pardon, la <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/politique/elysee_2007/20070430.OBS4803/les_people_autour_de_sarkozy.html">France sarkozyste</a>, qui, elle, a réussi à échapper à la décadence morale de notre temps, n'a jamais cédé au "relativisme intellectuel et moral", n'a jamais perdu de vue la "différence entre le beau et le laid", avec des figures de proue comme Steevy du <em>Loft</em>, Miss Dominique de <em>La Nouvelle Star</em>, Doc Gynéco de <em>Nice People</em> (<a href="http://www.liberation.fr/transversales/portraits/230222.FR.php">condamné</a> aussi pour fraude fiscale), Richard Virenque et Marielle Goitschel de <em>Je suis une célébrité, sortez-moi de là !</em>, le big boss Arthur, vice-président d'Endemol France, cette merveilleuse société qui nous gratifie des plus belles émissions de la télévision française, qui participent activement à élever le niveau de conscience des futurs électeurs : <em>Loft Story</em>, <em>Nice People</em>, <em>La Ferme Célébrités</em>, <em>1ere Compagnie</em>, <em>Star Academy</em>, <em>Opération Séduction</em>, <em>120 minutes de bonheur</em>... sans oublier les sensationnels Véronique Genest de <em>Julie Lescaut</em>, Roger Hanin de <em>Navarro</em>, Bernard Tapie de <em>Commissaire Valence</em>, Henri Leconte et Johnny, nos exilés suisses, et puis Carlos, Thierry Roland, Philippe Candeloro, Rika Zaraï, Michou, Gilbert Montagné (c'est le raffinement de la beaufitude...), on se croirait presque sur le plateau des <em>Enfants de la télé</em>... avec Enrico bien sûr et Christian Clavier (l'autre mauvais sosie de Louis de Funès, lui aussi en beaucoup moins drôle)... et puis Charlotte Rampling, qui fait un peu tache au milieu de toutes ces lumières... et je gardais le meilleur pour la fin : Charles Villeneuve, le déjà mythique présentateur du <em>Droit de savoir</em>, cette émission de TF1 absolument neutre politiquement, qui, entre les deux tours de la présidentielle, le 1er mai, jour de la fête du Travail, aura eu l'ingénieuse idée de programmer <a href="http://www.leblogtvnews.com/article-6344133-6.html">un numéro</a> consacré... aux faux chômeurs ! RMIstes fraudeurs ! et malades imaginaires ! Quelle coïncidence de retrouver là les boucs émissaires privilégiés de Nicolas Sarkozy ! Et j'oubliais, dans l'assistance du Palais Omnisports de Paris-Bercy, celui qui détient 42,9 % de la chaîne TF1, Martin Bouygues. La grande famille de "la France d'après" réunie au grand complet !<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Un conflit de valeurs</span></strong><br /><br />Nicolas Sarkozy a gagné une élection qu'il a placée sous le signe des valeurs - et qui ne se réduisent certes pas à celles qu'incarnent les grands personnnages évoqués à l'instant... Il a voulu qu'on parle "sans complexe" de l'identité nationale. Et cette discussion a créé un sacré malaise, qui se ressent en ce tout début de mandature. Car Nicolas Sarkozy a "joué", là encore, sur ce thème. Il a fait mine de défendre un héritage moral français, alors qu'il n'en défendait en réalité qu'une partie, l'air de rien. En gros, la défense de l'identité nationale s'est réduite, avec lui, à une réponse ferme et sans détour à la "menace" islamiste. "On n'égorge pas le mouton dans son appartement" est la <a href="http://www.dailymotion.com/relevance/video/x164jq_sarkozy-baignoire-etranger-mouton">formule choc</a> qui résume toute cette campagne "morale" de Nicolas Sarkozy. Bien sûr, on peut l'enrichir un peu, comme cela a été fait <a href="http://www.dailymotion.com/video/x1u0h9_face-aux-chretiens-nsarkozy-260407">sur Radio-Notre-Dame</a> le 26 avril 2007 : "La polygamie, c'est pas en France, l'excision, c'est pas en France, le voile obligatoire, c'est pas en France, la loi des grands frères qui choisissent les relations de leurs soeurs, c'est pas en France, le père qui oblige la fille à se marier avec quelqu'un, c'est pas en France... Je leur dis tranquillement et simplement, que nul ne doit être condamné à vivre dans un pays qu'il n'aime pas." Si l'on met de côté le ton un brin méprisant utilisé par l'ancien candidat de l'UMP, on peut et on doit même être d'accord sur le fond. Le problème est ailleurs.<br /><br />D'abord, en prétendant parler d'identité nationale, Sarkozy (incorrigible) montre encore du doigt un bouc émissaire : cette fois, c'est le musulman. Selon le sociologue <a href="http://www.youtube.com/watch?v=5k-IMWSSfRQ">Emmanuel Todd</a>, cette stratégie classique consistant à désigner des boucs émissaires permet aux responsables politiques incapables de régler les problèmes économiques fondamentaux qui se posent au pays de faire diversion. C'est un aveu (à peine déguisé) d'impuissance. Ensuite, et c'est là que se situe peut-être la plus grosse imposture, Nicolas Sarkozy nous indique, par l'idée même de son ministère de l'immigration et de l'identité nationale, qu'il résume la question de l'identité française à celle de l'assimilation des immigrés ; il réduit cette question, au fond, à l'égalité hommes-femmes et au rejet de certaines coutumes venues d'ailleurs. Emmanuel Todd pointe cette imposture : car la France, c'est aussi "le pays de l'égalité", "du respect de la population", "attaché à des valeurs universalistes", alors que Sarkozy "ne croit pas en l'égalité", "promet d'être dur aux faibles". C'est encore lui "qui est allé faire des génuflexions devant Bush", "qui a trahi la tradition gaulliste". En conséquence de quoi Todd prétend que Sarkozy est "en réel conflit avec l'identité nationale", "ne sait pas ce qu'est la France", et finalement "ne considère pas que Sarkozy aime la France".<br /><br />On pourrait encore ajouter que la France est un pays profondément attaché à sa laïcité, et que le nouveau président de la République n'a pas montré de très sérieux gages en cette matière cruciale. En témoignent les inquiétudes exprimées par le philosophe Henri Pena-Ruiz, dans <a href="http://www.communautarisme.net/Laicite-questions-a-M-Sarkozy_a908.html">une tribune</a> du 15 février 2007 adressée à celui qui était encore ministre de l'Intérieur. Et puis, pour ceux qui auraient déjà oublié les convictions de leur nouveau président en matière religieuse, rafraîchissons-leur la mémoire, avec ces <a href="http://www.humanite.fr/journal/2004-10-30/2004-10-30-448964">quelques réflexions</a> tirées du livre de Nicolas Sarkozy, <em>La République, les religions, l'espérance</em>, paru en 2004 : "Je crois au besoin de religieux pour la majorité des femmes et des hommes de notre siècle. [...] On ne peut pas éduquer les jeunes en s'appuyant exclusivement sur des valeurs temporelles, matérielles, voire même républicaines. [...] La dimension morale est plus solide, plus enracinée lorsqu'elle procède d'une démarche spirituelle, religieuse, plutôt que lorsqu'elle cherche sa source dans le débat politique ou dans le modèle républicain." Dit autrement : iI est impossible d'éduquer un enfant de façon purement laïque, sans l'assistance nécessaire de la religion. Une vie athée est impensable. On comprend mieux les frictions qui animèrent son entretien avec l'athéiste <a href="http://michelonfray.blogs.nouvelobs.com/archive/2007/04/03/le-cerveau-d-un-homme-de-droite.html">Michel Onfray</a>...<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">Puisqu'il faut croire...</span></strong><br /><br />Tenant d'une politique économique que d'aucuns qualifient d'ultra-libérale, et qui devrait précariser les moins nantis - si l'on en croit <a href="http://www.lautrecampagne.org/sarkozy.php">l'analyse</a> du collectif de militants et de chercheurs "L'Autre campagne" et <a href="http://www.lautrecampagne.org/refutations.php">son film <em>Réfutations</em></a> -, Nicolas Sarkozy a pourtant réussi le tour de force de les ramener à lui, "tous ces sans grade, tous ces anonymes, tous ces gens ordinaires auxquels on ne fait pas attention, que l'on ne veut pas écouter, que l'on ne veut pas entendre", et ce par l'adoption d'une posture autoritaire, de chef, contempteur de la décadence intellectuelle et morale, annonçant la liquidation et la mort de la pensée 68, et le retour aux bonnes vieilles valeurs traditionnelles et religieuses (on se demande, au passage, qui peut bien être ce "on" dans la bouche de Sarko... c'est quand même un homme qui a été ministre de l'Intérieur depuis 2002 et qui était ministre du Budget dès 1993 qui parle... et qui nous avoue donc que, jusqu'ici, il n'a pas fait attention aux gens ordinaires... c'est bien cela qu'il faut comprendre ?). Tour de passe-passe coutumier de toutes les droites dures, et des néoconservateurs américains en particulier. Libéralisme dur dans une main, valeurs morales réactionnaires et autoritarisme liberticide dans l'autre ; la deuxième main vient remédier - très superficiellement - aux maux infligés par la première : d'un côté, on mine la cohésion sociale, on crée du malaise et du désordre, de l'autre, on vient apaiser les âmes désespérées et on mate les perdants - potentiellement réfractaires - du système. Un cocktail classique qui a fait ses preuves, qui endort le pauvre terrorisé et stimule le riche jamais rassasié.<br /><br />Le climat anxiogène installé par Sarkozy durant sa longue campagne (démarrée il y a cinq ans déjà) perdure dans ces premiers jours de son "ère". La gauche et <em>Libération</em> nous promettent de la casse, des "<a href="http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/249806.FR.php">fractures</a>" ; le Front national, <a href="http://www.dailymotion.com/video/x1uzft_apero-avec-soral">via Alain Soral</a>, nous assure, de son côté, que le programme du nouveau président reprend à 90% le sien propre (dans son pan "économico-social"). Soral, qui n'imagine pas une seconde que Sarkozy le mettra réellement en oeuvre, promet néanmoins, au cas improbable où il le ferait, d'aller "lui baiser les pieds". Fractures promises, convergences "extrémistes"... Pas de quoi rassurer tout le monde. La balle est maintenant dans le camp de Nicolas Sarkozy : saura-t-il devenir le président de tous les Français ? saura-t-il sortir de l'image caricaturale qui lui colle à la peau ? et apaiser l'incroyable défiance d'un nombre considérable de Français, dont rend compte un clip circulant sur Dailymotion, déjà vu plus de deux millions de fois, et redoutablement flippant : <a href="http://www.dailymotion.com/visited/search/sarkozy/video/x72d4_le-vrai-sarkozy"><em>Le vrai Sarkozy</em></a> ? Puisque Nicolas se veut l'apôtre de l'espérance, nous le suivrons sur ce point : nous espérerons en lui, à défaut de croire.</div>Taiké Eiléhttp://www.blogger.com/profile/04078363348743442448noreply@blogger.com2